Le ministère de la Défense s’est très tôt engagé dans l’action sociale. C’est dans les années 1940, dans la France occupée, que sont organisées les premières colonies de vacances pour les enfants de militaires et de prisonniers. Retour sur plusieurs décennies de souvenirs d’enfance.
Été 1960 : 250 fils de militaires investissent le fort de Mont-Dauphin, dans les Hautes-Alpes, pour trois semaines de vacances. Ils ont entre 12 et 15 anset sont encadrés par des militaires. Le matériel provient de la caserne de Briançon (lits, couvertures…) et un bus de l’armée est mis à disposition du directeur de la colonie, Guy Mellet. « Quand nous arrivions au fort, nous devions installer tout le matériel récupéré à Briançon. Et nous ramenions le tout trois semaines après, raconte M. Mellet, en poste de 1960 à 1966. Une année, nous avons même aménagé une ancienne écurie en réfectoire. » Les adolescents profitent de la forteresse de Vauban, à mille mètres d’altitude, et de ses environs. « On organisait des randonnées, des baignades, et même des jeux olympiques, se souvient le directeur. Il y avait aussi une grande kermesse, des jeux de pistes et des soirées cinéma. Des activités plus simples que celles proposées aujourd’hui, mais les enfants s’amusaient autant. » Le directeur de la colo et les animateurs étaient des militaires : en hiver, le moniteur de ski provenait des chasseurs alpins.
Centres de vacances de jeunes
L’Action sociale des armées et les districts sociaux, qui géraient les colonies, fournissaient du matériel et des renforts en personnel. Cette organisation a perduré jusqu’au début des années 2000, lorsque les antennes régionales Igesa (ARI) ont été créées. « Ces structures ont homogénéisé l’offre, précise Benoît Deleuze, ancien chef de district et ancien directeur de l’ARI Auvergne-Rhônes-Alpes. « Avant, chaque district planifiaitles séjours à sa manière. » Les colos sont devenues des centres de vacances de jeunes (CVJ), qui s’appuient sur un projet pédagogique et offrent des activités originales (plongée sous-marine, rafting…) et d’autres plus classiques (équitation, football…).
Préparer l’enfant à son rôle futur
Un article paru dans la revue L’Armée nouvelle du 4 octobre 1942, jaunie par le temps, relate l’ambiance des colonies organisées par le Service social de l’armée à la montagne. « On constitue des groupes que dirigent des cheftaines »pour que l’ordre soit respecté et « préparer l’enfant à son rôle futur ». Dans ces groupes, les garçons optaient pour des noms de chefs (Bayard, Foch…), les filles préféraient les animaux (écureuil, mésange…). « Il y a le jour de l’ordre, celui de la charité, celui de la propreté. »L’officier chargé de la colo organisait déjà des feux de camp, des excursions, des jeux de groupes, un concours de décoration de chambre… Et la journée commençait par « la cérémonie des couleurs ». « Les parents sont assurés que rien n’a été négligé pour la distraction aussi bien que pour le confort de leurs enfants. » À la rentrée, les enfants arboraient avec fierté leur cheville ou genou bandé, le “bobo” de la colonie de vacances.
Séjours à thème
Cinquante ans plus tard, Mont- Dauphin accueille toujours des colonies. Il n’y a plus de va-et-vient à la caserne pour le matériel, car le site est équipé. Les enfants (6-11 ans) ont le choix entre deux séjours à thème : raid aventure eaux vives (rafting, cano‘…) et séjour du Roy (chasse au trésor). Et le soir, il y a les incontournables veillées. Finalement, les souvenirs des enfants des années 2000 ressemblent à ceux de leurs aînés. « J’ai pu approcher des marmottes, les caresser et leur donner à manger », raconte Tom, 10 ans, qui a passé deux semaines à Mont- Dauphin l’été dernier. Et surtout, « c’est cool parce qu’on vit avecles copains ety’a pas besoin de nous gronder parce que tout le monde est sage ». Tous les ans, on voudrait que ça r’commence…
Sources : Mélanie Coste
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