L’entreprise Arthus-Bertrand est l’un des plus grands spécialistes des médailles et décorations. Durant 2 siècles, elle s’est développée tout en conservant les techniques de fabrication traditionnelles. C’est le principal fournisseur de l’armée française.
1803 : la Légion d’honneur est créée. L’armée réclame des décorations ; la maison Arthus-Bertrand va les leur fournir. 5 générations plus tard, dans le monde entier, les militaires portent les décorations réalisées par l’entreprise.
Et si la maison Arthus-Bertrand s’est imposée dans le domaine des médailles et décorations, c’est grâce aux savoir-faire qu’elle développe tout en conservant les techniques de fabrication traditionnelles.
1reétape pour tout nouvel insigne ou médaille : la conception d’une maquette sur papier. Place ensuite au sculpteur. Chez Arthus Bertrand, c’est Simon Claudel, diplômé des beaux-arts : « Lorsque le motif est complexe, je le reproduis en grand format sur du plâtre. Cela permet une grande précision. S’il est assez simple, il sera fait par informatique ».
Le modèle est terminé. Il est reproduit en plus petit sur un moule en acier, et du zamak (un alliage essentiellement composé de zinc) y est injecté. Lorsque la pièce brute sort de la fonderie, le gros du travail est fait. Il reste les finitions à réaliser : l’épingle ou le pin’s à sertir au dos de la pièce, et les opérations d’émaillage et de coloration. La couleur appropriée est déposée à l’aide d’une seringue, puis la pièce est chauffée pour fixer l’émail, et polie, avant de passer dans différents bains (nickel, dorure, argenture…) pour lui donner sa couleur. Dernière étape avant l’emballage : la numérotation ou la gravure nominative, au laser. C’est la technique utilisée pour la plupart des insignes.
Pour les médailles et décorations en métal précieux, c’est la technique de l’estampage qui est privilégiée. Les légions d’honneur, les ordres nationaux du mérite, les médailles militaires sont frappées par une presse d’estampage, d’après une matrice. Cette technique permet d’obtenir des pièces de qualité en métaux précieux, comme l’argent, qui ne peut pas être injecté. Inconvénient : l’opération est plus longue que la technique du métal injecté, puisqu’une fois la première opération terminée, il faut encore réaliser le détourage, les ajours et autre soudures.
Dans les deux cas, les pratiques utilisées pour la fabrication sont toujours principalement artisanales. « C’est un métier à part où la tradition a une grande place » souligne Jean-Christophe Wolf, chef de marché « armées » de l’entreprise. « Certaines des machines avec lesquelles nous travaillons datent de plusieurs dizaines d’années. Des éléments ont été rajoutés pour les moderniser et respecter les normes de sécurité. Mais certaines choses ne peuvent pas être remplacées par la modernité, et notamment de nombreuses opérations doivent encore être effectuées manuellement». Des techniques transmises de génération en génération depuis plus de deux siècles.
Droits : Armée de Terre 2012