Les drones sont présents dans les opérations de l’armée de Terre depuis de nombreuses années. Leur arrivée dans les unités conventionnelles permet aux chefs tactiques sur le terrain de bénéficier d’une capacité de renseignement par l’image adaptée à chaque niveau d’emploi, du groupe de combat jusqu’au corps d’armée.
Ils sont aujourd'hui des systèmes incontournables du combat aéroterrestre moderne. Pourtant les drones sont de vieux alliés des soldats. Depuis plus de soixante ans ils occupent les champs de bataille des principales opérations extérieures. De nos jours, ils fournissent, sur le terrain, un appui renseignement indispensable du chef tactique.
Dans l’enceinte du 61e régiment d’artillerie (61e RA) de Chaumont (Haute-Marne), pour la première fois et sous l’impulsion du commandement du renseignement, le forum des drones a réuni le 14 janvier, les principaux acteurs concernés par leur emploi. Après une brève présentation, les intervenants entrent dans le vif du sujet. Retour d’expérience après leur déploiement au Sahel, mise en place des parcours professionnels, arrivée des nouveaux matériels, réglementation, tous les sujets sont passés en revue. « Nous sommes entrés dans une phase clé, explique le commandant Guillaume de l’état-major de l’armée de Terre. Le renouvellement des drones tactiques et mini drones est lancé avec l’arrivée des Patroller, des SMDR (système de mini drone de reconnaissance) et on assiste à la mise en place des segments nano et micro drones Black Hornet 3 et NX 70 (drone de poche "DROP"). L’arrivée de ces derniers va nous permettre d’étendre nos capacités, du groupe de combat jusqu’au niveau section. »
Si l’emploi des drones pour de nombreuses unités interarmes est un atout tactique reconnu (génie pour l’ouverture d’itinéraire, train pour l’escorte de convoi ou infanterie pour aborder des objectifs), il nécessite une importante coordination dans le dispositif déployé. « Il va falloir concevoir une politique d’emploi globale, affirme le colonel Marc Bonnet, chef de corps du 61e RA. Beaucoup de systèmes seront déployés au même moment et presque au même endroit. Hormis les problèmes de coordination 3e dimension, nous devons gérer le flux d’images et de renseignements pour assurer une exploitation et une diffusion au bon niveau de décision. » Du côté des spécialistes, les attentes sont toutes aussi importantes. Le SMDR remplacera prochainement les DRAC (drone de renseignement au contact) des batteries d’appui spécialisées (actuellement déployées au sein de l’opération Barkhane) des régiments d’artillerie et équipera les futures patrouilles légères de renseignement par imagerie du 61e RA. Le Patroller, successeur du SDTI (système de drone tactique intérimaire), va quant à lui permettre au 61e RA d’accéder aux dernières technologies en matière d’imagerie, d’endurance et de rayon d’action. Toutes les conditions sont réunies pour apporter, après un temps de réaction très court, un appui décisif d’aide à la décision pour le commandement du groupement tactique.
Quels que soit la taille et le poids du drone (18 grammes pour le Black Hornet 3 et 18 mètres d’envergure pour le Patroller) l’armée de Terre fait face à un nouveau défi : former tous les télépilotes et pour certains dans un délai très court avant leur départ en opération. « Le centre de formation des drones sera l’élément fédérateur de cette nouvelle communauté, explique le colonel Bonnet. D’ici à trois ans, il y aura plus de 1 200 drones dans l’armée de Terre. Les besoins en formation sont gigantesques. Nous devons accueillir toutes les unités projetées avec leurs systèmes (à court terme des référents instruction drone seront affectés dans les régiments) et parallèlement préparer l’arrivée des drones tactiques. Pilotes, maintenanciers, interprètes images, c’est une chaîne complète à préparer. En effet la volonté du CEMAT est que nous soyons opérationnels pour répondre aux besoins des prochaines projections. »
Le forum touche à sa fin. Chacun repart dans son unité, convaincu de faire partie aujourd’hui d’un ensemble cohérent capable d’apporter un appui opérationnel à tous les niveaux d’emploi. Le général Jean-Denis Berthon, chef de division capacités Scorpion au commandement des forces terrestres va même plus loin : « Nous ne sommes qu’au début de l’aventure. Demain les drones seront peut-être capables de lire le terrain, de détecter des zones de pose d’IED ou d’apporter du matériel au plus près des combattants. Ils ne vont pas résoudre tous les problèmes de la guerre, mais il sera très difficile de s’en passer. »
Sources : TIM
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