Accueil | Opérations | Rubriques complémentaires | Portraits de militaires en opérations | Dans la peau du chef d’une section de maintenance en Afghanistan Opérations ... Portraits de militaires en opérations | Dans la peau du chef d’une section de maintenance en Afghanistan

Dans la peau du chef d’une section de maintenance en Afghanistan

Mise à jour  : 31/01/2011

TEMOIGNAGE. Le lieutenant Anthony est le chef d’une section de maintenance du matériel engagé en Afghanistan. Il livre le récit d’une journée au rythme des interventions.

« Le soleil se lève sur le camp militaire de Warehouse, en périphérie de Kaboul. Premier acte de ce lundi matin, comme dans toutes les formations militaires, au quartier en France comme en opérations à l’étranger, le rassemblement. Les militaires de ma section arrivent sur la place d’armes et se placent aux côtés de leurs camarades du sous-groupement de maintenance adapté au théâtre (SGMAT), la compagnie à laquelle nous appartenons. Après avoir écouté le commandant d’unité, je rassemble mes hommes devant moi et je leur donne les ordres du jour. Je rappelle également les principales missions à venir pour la semaine.

Ce matin, une partie de ma section part en mission : direction Camp Phoenix, dans la banlieue de Kaboul, pour intervenir au profit des cadres du détachement Epidote. De son côté, l’équipe de l’adjudant Samuel va remettre à niveau un véhicule de l’avant blindé (VAB) pour maintenir la capacité opérationnelle du groupement tactique interarmes (GTIA) engagé en Kapisa, le battle group Allobroges. Leurs délais sont très contraints : 48 heures, pas une de plus. Ils travailleront jour et nuit s’il le faut pour sortir ce VAB.

Pendant ce temps, l’adjudant Jean-Marc et le maréchal des logis Jonathan préparent les VAB VENUS (équipés de liaisons satellite permanentes), fraîchement arrivés en Afghanistan, pour le GTIA stationné en Kapisa. Je suis fier de mes hommes, ils n’ont vraiment pas chômé : ils auront pris moins de trois semaines pour reconfigurer les quatre VAB. Nous savons tous que la priorité, c’est l’opérationnel. Et on savait à quel point les unités en Kapisa attendent ces nouveaux véhicules. Alors que je discute avec eux, un appel : le maréchal des logis Jonathan, qui est aussi le technicien responsable du soutien du système de surveillance, doit intervenir en urgence sur une caméra située à l’extérieur du camp.

Je vois aussi le maréchal des logis Jacques-Antoine : son équipe a plié, en une matinée, les trois parachutes qui servent à l’atterrissage d’un drone SDTI (système de drone tactique intérimaire). Eux aussi ont fourni de gros efforts. Autre exemple de motivation : l’équipe de l’adjudant Michel a travaillé toute la nuit sur deux mortiers de 120mm qui partiront dans le prochain convoi vers Nijrab pour le GTIA Allobroges. Comme on peut s’y attendre, ils sont un peu fatigués mais le travail ne s’arrête pas pour autant : j’aperçois un peu plus loin le maréchal des logis chef Jean. Malgré sa courte nuit, il est déjà en train de charger des caisses sur le convoi du peloton de transport militaire…

Arrivé au bureau, je retrouve l’officier-adjoint du SGMAT et les officiers logistiques des deux GTIA : nous allons préparer les prochains convois logistiques vers les bases opérationnelles avancées. Dès demain, un convoi part ravitailler le GTIA Richelieu basé en Surobi, sur la base opérationnelle avancée de Tora. Je dois également plancher sur le convoyage des trois parachutes des drones, mais le téléphone sonne : l’officier logistique de Richelieu m’appelle pour demander en urgence un technicien en armement gros calibre. Sachant que je peux compter sur mes éléments, je sollicite l’adjudant-chef Patrick qui part immédiatement.

Je profite de cette réunion pour m’entretenir en aparté avec l’officier-adjoint. Je veux lui rendre compte que je souhaite recevoir, à leur retour, trois de mes techniciens qui rentreront à Warehouse par ce convoi après dix jours de mission. Je souhaite recueillir leur compte-rendu du déroulement de leur mission, mais pas seulement. La partie technique est évidemment importante mais je veux aussi discuter avec eux et voir s’ils vont bien. Un chef de section doit-être à l’écoute de ses hommes, particulièrement en OPEX (opération extérieure) : il est important de connaître l’état d’esprit de ceux qu’on commande.

Le soleil qui disparaît peu à peu à l’horizon m’indique que la fin d’après midi est déjà là. La nuit arrive très vite sur Kaboul et il me reste encore à rendre un rapport de la disponibilité technique opérationnelle des matériels de la force. Je dois également récupérer auprès de l’officier adjoint les horaires de rassemblement et de départ pour le convoi du lendemain. Mais avant cela, je veux passer voir mes hommes.

L’adjudant Christophe qui dépanne un VAB PC (poste de commandement) me fait un constat du travail achevé et du temps que cela prendra pour tout finir. L’adjudant Romain vérifie deux VAB ATLAS, qui servent au commandement et à la coordination des appuis feu, et me rend compte qu’ils pourront être perçus par leurs utilisateurs avant leur prochaine opération. En me rendant à la réunion de commandement, un petit coup d’œil me permet de voir que l’adjudant Samuel poursuit la tâche délicate de vérification comptable des brouilleurs répartis sur le théâtre.

En fin de soirée, j’ai pris en compte les éléments sur le convoi du lendemain, notamment la situation tactique et les menaces probables. Je prépare les ordres, classe les urgences. Une unité passera demain avec cinq VAB pour la vérification de leur armement et de leur transmission. Une fois encore, la nécessité impérative sur ce théâtre reste que tous les moyens soient opérationnels.

La journée se termine. Avec le sentiment d’avoir pleinement rempli mes objectifs, je pars faire un peu de sport pour m’entretenir. Demain, sera un autre jour avec d’autres activités, d’autres urgences à traiter, en conservant en permanence à l’esprit le souci de servir au plus vite et au plus près les unités combattantes des GTIA ».


Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense et des anciens combattants