Du 1er au 18 octobre 2019, l’exercice franco-britannique Griffin Strike 2019, s’est tenu au large de l’Ecosse. Quatorze bâtiments de surface, trois sous-marins, une quinzaine d’aéronefs ainsi qu’une centaine de troupes terrestres de la Marine nationale, de l’armée de Terre, de la Royal Navy et de la Royal Air Force ont pris part à cet exercice majeur de coopération bilatérale. Après quinze jours d’exercice, la composante maritime (Maritime Command Component - MCC) de la Force expéditionnaire conjointe interarmées (Combined Joint Expeditionnary Force - CJEF) a prouvé sa capacité à opérer dans tous les domaines de lutte en interopérabilité, ouvrant ainsi la voie à la certification, en 2020, de la pleine capacité opérationnelle de la CJEF.
Le 1er octobre dernier, à Portsmouth, une soixantaine de marins britanniques embarquaient à bord du porte-hélicoptère amphibie (PHA) Tonnerre, aux côtés de quarante de leurs homologues français. Tous sont venus constituer la MCC de la CJEF pour l’exercice. Près de dix ans après la signature des accords de Lancaster House qui unissaient la France et le Royaume-Uni dans le domaine de la coopération militaire, cet exercice, dans la lignée de Flandres (2011), Corsican Lion (2012), Joint Warrior 13.2/Capable Eagle (2013), Rochambeau (2014), Griffin Strike (2016), marque une étape décisive dans le processus interarmées.
Pendant plus de quinze jours, les marins français et britanniques formant le MCC ont dû apporter des solutions concrètes aux autorités dans tous les domaines de lutte, selon un scénario réaliste et complexe. Conformément au script, des tensions entre deux pays voisins avaient pour conséquence l’émergence de mouvements séparatistes terroristes, mettant en cause la sécurité de toute une région et conduisant au vote d’une résolution du conseil de sécurité de l’ONU. Forte de ce mandat, il a été décidé que la force franco-britannique intervienne. Ainsi, une Task Force (TF315), disposant de capacités françaises et britanniques complémentaires (guerre des mines, lutte anti-sous-marine et au-dessus de la surface, projection de puissance) s’est mise en ordre de bataille. En affirmant immédiatement sa détermination et sa puissance et en répondant avec fermeté aux attaques, la TF315 a permis la sécurisation des espaces maritimes et la dissuasion de l’adversaire. Prenant la forme de nombreux exercices quotidiens (SURFEX: lutte antisurface, CASEX: lutte anti-sous-marine, ADEX: lutte anti-aérienne, GUNEX: tir, exercice de guerre des mines…), les bâtiments et unités constituant la TF315 ont pu mesurer leur capacité à assurer leur mission en coopération.
Commandé par un officier général britannique, le Rear-admiral Burns, secondé par un officier supérieur français, le capitaine de vaisseau Eric Janicot, la MCC de la CJEF a démontré, à tous les échelons, sa capacité à travailler de manière conjointe. Au sein de l’état-major, le matériel, le Battle rythme ou encore les modes d’actions, ont été mis en commun. A la mer, les moyens français (le PHA Tonnerre, la frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet, leurs hélicoptères Alouette 3 et Lynx, le chasseur de mine Céphée, le sous-marin nucléaire d’attaque Améthyste, et le 9e bataillon d’infanterie de marine) ont travaillé de concert avec les moyens britanniques (les HMS Albion, Sutherland, Penzance, Ramsey, Cattistock, Chiddingfold, les hélicoptères Merlin et Chinook, les RFA Argus, Lyme Bay, Tidesurge, le sous-marin Talent et une dizaine d’aéronefs de la Royal Air Force). Les 2 000 militaires franco-britanniques engagés dans Griffin Strike 2019 ont fait face à un scénario en constante évolution, leur imposant de prendre en compte un large spectre de menaces dans un temps contraint, mettant ainsi à l’épreuve l’ensemble de la force.
Si Britanniques et Français opèrent déjà conjointement en opération, l’enjeu de Griffin Strike 2019 résidait dans la capacité de l’ensemble des acteurs de l’exercice à travailler en interopérabilité, tout en offrant des réponses communes adéquates aux échelons stratégiques de la composante maritime. Les défis, à la fois humain et technique, revêtaient cette année une dimension encore supérieure. La totale complémentarité des moyens et des hommes a permis d’atteindre dans l’exercice un niveau inédit. Cette capacité à conduire des actions décisives depuis la mer, grâce à la combinaison de moyens français et britanniques, permettra à la CJEF de disposer d’un outil adapté aux menaces, dans le contexte stratégique actuel.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense