Le 17 août, le contre-amiral Olivier Lebas a passé le commandement de la force navale au contre-amiral pakistanais Naveed Ahmed Rizvi au cours d’une cérémonie officielle à Bahreïn, marquant ainsi la fin du dixième commandement français de la CTF 150.
La CTF 150, force maritime créée à la suite des attentats du 11 septembre 2001 pour lutter contre le terrorisme et les différents trafics qui contribuent à son financement en océan Indien, est déployée dans une zone stratégique particulièrement instable qui s’étend de la mer Rouge au golfe Arabo-Persique et au Sud au-delà des Seychelles. Plus de deux fois plus grande que la mer Méditerranée, l’aire d’opérations comprend trois détroits stratégiques que sont le canal de Suez, Bab-El-Mandeb et Ormuz et concentre 64% des flux commerciaux, 55% des réserves de pétrole et 30% de celles de gaz. Elle est également traversée par de nombreuses crises et conflits au Yémen et en Somalie qui ont favorisé l’implantation de réseaux terroristes tels qu’Al-Qaeda en Péninsule Arabique ou les milices Shebbab en Somalie. Par ailleurs, la région est également connue pour les nombreux trafics qui viennent alimenter ces organisations : drogue, armes, charbon, contrebande.
Le mandat français qui a duré quatre mois s’est articulé autour de deux phases. La première dans le Sud, baptisée « Southern Surge », visait à lutter contre le narcotrafic. De mi-avril à mi-juin, appuyées par 35 sorties d’avions de patrouille maritime représentant 210 heures de vol (un Falcon 50 de la 24F déployé à Mayotte, un Challenger danois déployé aux Seychelles ainsi qu’un P3C Orion néo-zélandais), les frégates Surcouf, Nivôse, HMS Monmouth et HMAS Arunta ont conduit 25 enquêtes de pavillon aboutissant à 8 saisies de drogue. Au total, ce n’est pas moins de 1271 kg d’héroïne, 455 kg de haschich et 11,3 kg de cocaïne qui ont été saisis et détruits, représentant une valeur marchande de près de 457 millions de d'euros.
La seconde phase de la mission avait pour objectif de renforcer la présence militaire à proximité du détroit de Bab-El-Mandeb, après plusieurs incidents survenus récemment qui ont accentué la perception du niveau d’insécurité dans ce détroit stratégique par la communauté maritime internationale. Pour cette opération « Khamsin », du nom d’un vent local soufflant en cette période de l’année, le commandement français a pu compter sur le soutien des marines alliées et a multiplié les patrouilles à proximité immédiate et dans le détroit.
Pour la première fois la France commandait la CTF 150 depuis la terre, à Bahreïn avec un état-major franco-britannique (2/3-1/3) de 24 officiers et officiers-mariniers avec un caractère multinational renforcé par la présence d’officiers australien, belge et italien. Traduisant une volonté commune du Chef d’état-major de la Marine et du First Sea Lord, comme le souligne le contre-amiral Olivier Lebas, « cet état-major visait à faire vivre en opérations le traité de Lancaster House. Il a contribué à approfondir la coopération entre nos deux marines dans le cadre du CJEF1 ».
Le mandat français a enfin été l’occasion de renforcer la coopération avec les Etats de la région à travers les visites que le contre-amiral Lebas a rendues aux autorités politiques et militaires de 8 États riverains de l’océan Indien. Les différentes escales des bâtiments de la force au Kenya, en Tanzanie ou aux Seychelles ont également été mises à profit pour conduire des actions de formation au bénéfice des marines locales et d’organiser des exercices conjoints, notamment dans le domaine de la lutte contre le narcotrafic.
Mise en place à la suite des attentats du 11 septembre 2001, la CTF150, placée sous commandement des Combined Maritime Forces (CMF), rassemble une coalition de 18 nations qui fournissent des moyens navals et aériens pour assurer la permanence de la mission. Elle est l’une des trois Task Forces des CMF, sous commandement américain, avec la CTF 151, engagée dans la lutte contre la piraterie, et la CTF 152, assurant la sécurité maritime du golfe arabo-persique. Aujourd’hui, trente et une nations sont engagées dans la coalition.
1 Combined Joint Expeditionary Force
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense