Libye : Opération Unified Protector, entre tactique et logistique

Pour que les bâtiments de combat puissent se maintenir en 1ère ligne sans interruption, les bâtiments de soutien acheminent en permanence le flux logistique dans la zone opérationnelle.

Ce jour-là, l’officier à la manœuvre du Tonnerre entame sa présentation pour se positionner à 45 mètres par le travers du pétrolier. « La difficulté c’est de s’approcher suffisamment près en maîtrisant la différence de vitesse pour garantir la sécurité de la manœuvre » confie l’enseigne de vaisseau de 1ère classe Dominique L., en conservant toute son attention sur l’écart qui se réduit entre les deux bâtiments.
Cette manœuvre habituelle mais toujours très délicate s’effectue sous l’œil attentif du « pacha » qui est à même de reprendre la main à tout moment.

L’appellation générique RAM (ravitaillement à la mer) couvre l’ensemble des méthodes visant à transférer combustibles, rechanges, vivres et munitions à partir des ravitailleurs.
La plus courante est le ravitaillement en combustibles (gazole de navigation et carburant aviation) qui se fait, comme dans une station service, en passant une « manche » (tuyau) suspendue à un câble d’acier tensionné entre les deux bâtiments. Le ravitailleur n’a plus qu’à pomper dans ses soutes pour remplir celles de son « client ».
Sur le même principe de câble-support, le ravitaillement en « charge lourdes » consiste à transférer par un système de va-et-vient des palettes de vivres, de munitions, de rechanges ou de courrier.
En appoint, le VERTREP (Vertical Replenishment, réapprovisionnement vertical) met en œuvre un hélicoptère qui transfère des palettes dans un filet suspendu à une élingue sous la carlingue entre les ponts d’envols respectifs. 5m3 de ravitaillement sont ainsi transférés entre les deux bâtiments ce jour-là.

Enfin, il est parfois nécessaire d’effectuer des mouvements de personnel. Dans ce cas, les embarcations des bâtiments sont normalement utilisées. A défaut, ce sont les hélicoptères qui s’en chargent.

Alors que le Tonnerre regagne sa zone d’opération après un ravitaillement qui aura duré 5 heures, il envoie en tête de mat son pavillon de tradition pour saluer une dernière fois le pétrolier Meuse. Ce dernier met le cap vers le porte-avions Charles de Gaulle et son équipage se prépare déjà pour un nouveau RAM.