Le Détachement des systèmes d'information et de communication (DETSIC) du mandat LYNX est une cellule décisive veillant au déploiement et au maintien des capacités informatique et téléphonique de l'élément de soutien national (ESN). Si la plupart des personnels qui le composent a déjà effectué une opération extérieure ou une mission de courte durée (MCD), certains vivent néanmoins sur le camp de Rukla, en Lituanie, leur première mission opérationnelle.
Parmi eux, les caporaux Karen et Manuel, tous deux issus du 40ème Régiment de transmissions de Thionville. Ils forment l'équipe du helpdesk, les « petites mains » que nombre d'utilisateurs contactent, lorsqu'ils rencontrent un problème avec leur ordinateur. Près d'un mois après leur arrivée sur le théâtre, ils nous parlent de leur mission et de leurs premières expériences.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent les missions du helpdesk ?
Caporal Manuel : « Il faut distinguer trois phases : tout d'abord, la mise en place du matériel informatique dont les différents utilisateurs auront besoin, afin de le rendre opérationnel le plus rapidement possible, pour un maximum d'utilisateurs. Ensuite, tout au long du mandat, la phase d'intervention au profit des usagers qui consiste à leur apporter une aide au quotidien pour faciliter leur travail. Enfin, la phase de démontage: nous récupérons l'ensemble du matériel informatique déployé pour "blanchir" les stations, c'est à dire supprimer ce qui y a été installé. Nous reconfigurons les ordinateurs en mode sortie usine. Ils seront ainsi prêts à être déployés dans le cadre d'une nouvelle utilisation, sur un nouveau théâtre ».
En quoi cela change-t-il votre métier au quotidien, en métropole ?
Caporal Karen :« La vie en régiment et en compagnie ne nous donnent pas toujours l'occasion de pouvoir travailler notre spécialité. C'est différent ici. Nous pouvons perfectionner tout ce que nous avons appris au cours de notre formation. »
Caporal Manuel :« En plus de mettre en œuvre concrètement ce que nous avons appris, nous pouvons voir la réalité concrète du terrain et enrichir nos connaissances. C'est vraiment gratifiant ».
Vous êtes déployés depuis près d'un mois. Quelles sont vos premières impressions ?
Caporal Manuel - : « C'est comme je me l'étais imaginé! C'est intéressant parce que nous sommes en contact avec d'autres armées; on voit une autre manière de faire. Le travail effectué ici a renforcé mes bases. Les sous-officiers qui nous encadrent n'hésitent pas à venir nous aider et enrichissent ainsi nos connaissances. C'est surtout cela que j'étais venu chercher. Je ne suis pas déçu. Je ne m'attendais pas en revanche à pouvoir autant échanger avec les autres corps d'armes. Ce matin par exemple on m'a présenté le HK-416F, une arme que je ne connaissais pas encore, tout comme le VBCI (véhicule blindé de combat d'infanterie) que j'ai pu également découvrir. Je perfectionne ma culture interarmes ».
Caporal Karen : « Ça change aussi des missions Sentinelle. Patrouiller dans ce cadre est formateur, mais d'un point de vue de ma spécialité, cette mission est vraiment enrichissante. J'ai eu par exemple la possibilité cette semaine de faire une formation sur l'antenne BGAN (Broadband Global Area Network), moyen de connexion satellitaire que je ne connaissais pas et que j'ai appris à déployer. »
Comment vivez-vous ce premier déploiement ?
Caporal Karen - :« Je vis très bien cette première expérience. C'était au départ un peu plus compliqué pour ma famille, notamment pour ma mère, mais je l'ai rassurée. Je reste concentrée sur ma mission et continue à apprendre chaque jour ! »
Caporal Manuel - :« C'est pour moi une première expérience à double titre: ma compagne était en effet enceinte quand j'ai appris que je partirai pour ma première mission. Même si cette projection risquait de m'éloigner d'elle pour la naissance à venir, j'ai décidé de l'honorer car je me suis beaucoup battu pour arriver là où je suis aujourd'hui. Cette mission est la concrétisation du travail que j'ai accompli jusque-là. Ma compagne a finalement accouché le lendemain de mon arrivée en Lituanie. Grâce à notre chef de détachement, j'ai pu rester en contact et vivre cet événement à distance. Je n'en serai que plus heureux de rentrer après cette très belle mission et de pouvoir enfin découvrir notre enfant ! »
Décidée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet de Varsovie en 2016, la Posture de présence avancée renforcée de l’OTAN (enhanced Forward Presence ou eFP) permet aux Alliés de déployer, en nombre limité, des forces militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer encore la posture de défense de l’Alliance par un dispositif dissuasif, à caractère purement défensif, selon une planification validée collectivement. Dans ce cadre, la France engage en Lituanie en 2020 un dispositif articulé autour de 300 militaires français et d’un S-GTIA composé de 5 chars Leclerc, de 14 VBCI et de 5 VAB. Cette mission LYNX est intégrée au sein d’un bataillon commandé par l’Allemagne.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA