Arrivé avec les précurseurs en Lituanie au mois de juillet 2020, le lieutenant-colonel Yannick est le représentant national français au sein de l’enhanced Forward Presence Battle Group Lithuania (eFP BG LTU). À ce titre, il est la plus haute autorité militaire française du théâtre et commande le contingent LYNX. Désigné pour représenter le chef d'état-major des armées, il a eu pour mission de s'assurer de la conformité de l'emploi des forces françaises avec les directives nationales. Il est, par ailleurs, inséré au sein de l’état-major de l’eFP BG LTU, en qualité de chef du bureau S3, en charge de la conduite des opérations.
Mon colonel, quels auront été les principaux challenges, en qualité de commandant du contingent français au cours de ces six mois ?
Mon action devait tout d’abord s’inscrire dans la durée et “coiffer” les mandats 7 et 8 de la mission LYNX avec un effort particulier en phase d’entrée de théâtre comme en phase de retour vers la métropole des hommes et des matériels. En ce sens, le déploiement de la Force et son désengagement auront été, sans aucun doute, les challenges les plus importants et impressionnants.
Très rapidement, il a ensuite été impératif de repenser toutes nos actions à l’aune de la crise COVID qui, comme partout en Europe, est venue frapper à nouveau la Lituanie. La gestion du contingent français et des activités opérationnelles du battle group en a été singulièrement complexifiée, le COVID exerçant une contrainte permanente. Enfin, si l’intégration du sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) au sein du battle group et sa parfaite interopérabilité en exercice ont été passionnantes, elles auront toutefois été longues à mettre en œuvre, des procédures et des moyens de communication différents ayant nécessité des ajustements parfois chronophages.
Quels en auront été les temps forts ?
La cérémonie du 14 juillet aura marqué nos esprits car elle permettait d’effectuer la première montée des couleurs françaises depuis deux ans sur le camp de Rukla. Elle a rapidement été suivie de la visite de madame l’ambassadrice le 23 juillet. La visite du chef des armées, le 29 septembre, restera toutefois le moment marquant du mandat LYNX 2020. J’ai pu constater combien cette visite présidentielle a de surcroît été vécue comme un grand honneur par la population et les autorités lituaniennes.
D’un point de vue opérationnel, les deux temps forts que je retiens sont le challenge IRON SPEAR (du 10 au 15 octobre) qui s’est déroulé en Lettonie et a permis à nos Leclerc de démontrer leur puissance et leur technologie, ainsi que l’exercice IRON WOLF (du 7 au 17 novembre) qui, quant à lui, a permis de démontrer le professionnalisme de notre SGTIA, son interopérabilité et sa capacité à manœuvrer dans un environnement complexe.
Je retiendrai, en dernier lieu, la cérémonie de départ de la mission LYNX organisée le 8 décembre sur la place d’armes du camp de Rukla. Une page a été tournée à cette occasion.
Quelle expérience en retirez-vous à titre personnel ?
Les fonctions de représentant national français et de commandant du contingent m’étaient totalement inconnues jusqu’alors. Elles ont été prenantes mais particulièrement enrichissantes, car elles m’ont conduit à devoir suivre en permanence tous les domaines d’engagement de la Force : logistique, maintenance, budget, discipline, sécurité, protocole, etc.
Cette mission sonnait également pour moi le rappel des fondamentaux, en étant désigné tard dans ma carrière au niveau d’un battle group, après des années passées à un niveau de représentation et de planification en états-majors multinationaux de niveau stratégique ou opératif. Chef S3 de l’eFP BG LTU durant six mois, je serai revenu à un niveau tactique avec la préparation de nombreux exercices de toutes sortes : ALERTEX, Command Post Exercises (CPX), Live Fire Exercises (LFX), Field Trainig Exercises (FTX)...
Décidée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet de Varsovie en 2016, la Posture de présence avancée renforcée de l’OTAN (enhanced Forward Presence ou eFP) permet aux Alliés de déployer, en nombre limité, des forces militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer encore la posture de défense de l’Alliance par un dispositif dissuasif, à caractère purement défensif, selon une planification validée collectivement. Dans ce cadre, la France engage en Lituanie en 2020 un dispositif articulé autour de 300 militaires français et d’un S-GTIA composé de 5 chars Leclerc, de 14 VBCI et de 5 VAB. Cette mission LYNX est intégrée au sein d’un bataillon commandé par l’Allemagne.
Sources : État-major des armées
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