La mission opérationnelle LYNX, contribution française à l’enhanced Forward Presence Battle Group Lithuania (eFP BG LTU), est composée d’environ 300 militaires. Déployée sur le camp de Rukla au mois de juillet dernier, elle peut désormais tendre ses efforts vers son désengagement progressif, après le retour du Sous groupement tactique interarmes (SGTIA) de l’exercice IRON WOLF et de sa campagne de tirs, le 22 novembre 2020.
Le chef d’escadron Loïc est l’homme clé de cette manœuvre logistique décisive. Officier traitant à la direction des études et de la prospective du commandement de la logistique des forces, il commande dans le cadre de la mission LYNX, l’Élément de soutien national (ESN).
Mon commandant, quelles sont vos responsabilités et quel rôle tient l’ESN au sein de LYNX ?
Je commande l’élément avec toutes les prérogatives qui sont attachées à ce rôle. En particulier, je planifie et conduis le soutien de la force au quotidien, comme son désengagement jusqu’à la fin d’année. J’ai en outre le rôle d’autorité militaire de premier niveau, c’est-à-dire de chef de corps et je suis l’adjoint du représentant français (senior national representative / SNR) de LYNX.
Composé d’une centaine de militaires, l’ESN regroupe plusieurs fonctions : chancellerie, effectifs, commissariat, détachement logistique, détachement des systèmes d’information et de communication, munitionnaire ou encore gestionnaire des matériels.
Il assure l’appui et le soutien du SGTIA et des insérés dans tous ces domaines.
Quelles relations entretenez-vous avec la nation-hôte et vos partenaires de l’eFP ?
Quand bien même le soutien est une prérogative nationale, les relations existent et sont très cordiales. Je peux mentionner l’effort réalisé par la nation-hôte pour satisfaire l’intégralité de nos demandes en zones de stockage et de parking dans le cadre du désengagement, tout comme des contacts chaleureux avec mes homologues de la logistique des bataillons allemand, néerlandais, tchèque ou norvégien. Il nous arrive parfois de coopérer plus étroitement dans des petits domaines : renfort en capacité de transport (bus), de levage (grue) ou d’évacuation (porte-engins blindés) par exemple.
Dans le cadre de l’exercice IRON WOLF, le suivi logistique a été assuré par l’état-major du bataillon, sous commandement allemand.
En quoi LYNX diffère-t-elle de vos précédentes missions à l’étranger ?
Elle en diffère essentiellement par l’étendue des responsabilités exercées : auparavant chef tactique (chef de peloton, commandant d’unité) ou traitant, j’exerce ici un commandement de premier niveau et, en réalité, beaucoup de fonctions habituellement occupées par plusieurs personnes. En outre, c’est la première fois que j’opère inséré dans un bataillon OTAN, dans un cadre multinational aussi élargi.
Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés ?
Le principal défi ne réside pas dans le soutien au quotidien de la force, qui est assez simple. Il réside dans le désengagement, en une quinzaine de jours, d’une force de près de 300 soldats, 120 véhicules et autant de conteneurs. C’est une mission complexe, tant les exigences sont élevées et le processus de désengagement est contraint.
Quel souvenir en garderez-vous ?
Il s’agit d’une mission passionnante pour un logisticien, tant le panel de fonctions est complet. L’effort acheminement retour en France est très net et représente un défi que n’importe quel « mover » rêve de relever ! Je garderai donc le souvenir d’une expérience particulièrement précieuse dans ma spécialité.
Décidée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet de Varsovie en 2016, la Posture de présence avancée renforcée de l’OTAN (enhanced Forward Presence ou eFP) permet aux Alliés de déployer, en nombre limité, des forces militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer encore la posture de défense de l’Alliance par un dispositif dissuasif, à caractère purement défensif, selon une planification validée collectivement. Dans ce cadre, la France engage en Lituanie en 2020 un dispositif articulé autour de 300 militaires français et d’un S-GTIA composé de 5 chars Leclerc, de 14 VBCI et de 5 VAB. Cette mission LYNX est intégrée au sein d’un bataillon commandé par l’Allemagne.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA