Sous la houlette du commandant de l’Élément de soutien national (ESN), les opérations de désengagement des matériels ont débuté fin novembre et constituent désormais l’effort majeur de la mission LYNX. Des séquences spécifiques devant être conduites dans un ordre précis et selon un cadencement rigoureux s’enchaînent. À terme, ce sont 118 véhicules et 123 conteneurs qui devront être traités dans le cadre d’un processus proche du Reception, Staging, Onward Movement, Integration (RSOMI) otanien afin de pouvoir regagner la métropole.
La première rame a quitté dans la matinée la place d’armes de la brigade lituanienne Iron Wolf qui jouxte le camp de Rukla, escortée par la police militaire allemande. Véhicules blindés légers (VBL), petits véhicules protégés (PVP), P4 et cargos tout-terrain GBC 180 y sont soigneusement alignés depuis quelques jours, après avoir suivi les étapes des différents ateliers d’une chaîne technique (lavage, contrôle des niveaux, contrôles divers, désinfection) dont le cadencement général est donné par le chef du détachement logistique, en coordination étroite avec l’adjoint maintenance de théâtre et le détachement de transit interarmées de surface (DéTIS).
En ce petit matin de décembre, ce n’est donc que la première d’une longue série de rames qui prend la direction de la gare de Gaizunai pour un chargement sur plateforme voie ferrée. Bientôt, chars Leclerc, véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) ou containers lui emboîteront le pas.
Arrivée sur sa zone de chargement, la colonne de véhicules a été prise en compte par le major André, l’un des principaux acteurs du DéTIS. Le geste précis, l’assurance que lui procure son expérience en plus, le major coordonne immédiatement les mouvements, son plan de chargement à la main.
Il a rapidement contacté par radio Ilona, la coordinatrice locale de LitRail, la compagnie nationale ferroviaire. C’est en effet sur des wagons lituaniens que seront arrimés véhicules et containers avant, deux jours plus tard, d’être débarqués puis rechargés sur wagons français, en gare de Mockava, à quelques kilomètres de la frontière polonaise. Héritage de l’ère soviétique, l’écartement des rails lituaniens n’est en effet pas encore harmonisé avec celui du reste du réseau ferroviaire européen…
Ces opérations illustrent parfaitement l’importance de la manœuvre logistique. Elles s’exécutent de surcroît dans un contexte de coopération entre le contingent français et les acteurs civils et militaires de la nation hôte.
Décidée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet de Varsovie en 2016, la Posture de présence avancée renforcée de l’OTAN (enhanced Forward Presence ou eFP) permet aux Alliés de déployer, en nombre limité, des forces militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer encore la posture de défense de l’Alliance par un dispositif dissuasif, à caractère purement défensif, selon une planification validée collectivement. Dans ce cadre, la France engage en Lituanie en 2020 un dispositif articulé autour de 300 militaires français et d’un S-GTIA composé de 5 chars Leclerc, de 14 VBCI et de 5 VAB. Cette mission LYNX est intégrée au sein d’un bataillon commandé par l’Allemagne.
Sources : État-major des armées
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