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LYNX 7 : Un officier européen !

Mise à jour  : 16/09/2020

Le capitaine Céline est chef de section au 28e Groupe géographique (28e GG) d’Oberhoffen-sur-Moder en Alsace. Engagée pendant un mois en Lituanie, elle a réalisé avec son détachement des dossiers topographiques sur les camps militaires locaux au profit du sous groupement tactique interarmes (SGTIA) de la mission opérationnelle LYNX. 

Œuvrant en étroite coopération avec l’état-major multinational de l’enhanced Forward Presence Battle Group (eFP BG), le capitaine Céline est en contact avec les militaires français, allemands, néerlandais ou encore norvégiens. Après avoir suivi une formation militaire en Allemagne, elle découvre un état-major opérationnel de l’OTAN sous commandement allemand en Lituanie. Le capitaine Céline évoque son parcours atypique et les particularités de sa mission.  

Capitaine, pouvez-vous me parler de votre parcours dans l’armée de Terre ?  

J’ai intégré l’armée en 2011 après avoir préparé le concours de l’école supérieure militaire de Saint-Cyr au lycée militaire d’Autun. J’ai suivi un parcours d’élève officier en formation initiale en Allemagne (EOFIA). Il y a des voies plus classiques pour accéder à Saint-Cyr mais j’en ai choisi une plus originale ! J’ai commencé mes études à Munster dans le nord de l’Allemagne où se trouve l’école d’application de la cavalerie. J’y ai effectué six mois de formation militaire avec des officiers allemands et j’ai appris le maniement des armes avec le Luger P8 (pistolet semi-automatique), le G36 (fusil d’assaut) et la MG3 (mitrailleuse lourde). Je me suis aussi approprié le jargon militaire allemand grâce à mes camarades d’outre-Rhin. Ensuite, je suis allé à Dresde à l’école d’élève officier où j’ai étudié le droit militaire, la politique allemande, la tactique et enfin l’Histoire militaire. J’ai ensuite poursuivi une scolarité de quatre ans à Hambourg à la Universität der Bundeswehr où j’ai étudié l’histoire, sanctionné par un master 2. En 2017, j’ai choisi de rejoindre la division d’application artillerie à Draguignan. A l’issue, j’ai suivi une formation à Saumur, au Centre d'enseignement et d'entrainement du renseignement de l'armée de terre (CEERAT) pendant quatre mois. Enfin, j’ai intégré le 28e GG appartement au Commandement du renseignement à Strasbourg.  

Pouvez-vous me parler de vos fonctions au 28e GG et de votre unité, unique dans l’armée de Terre ?  

J’assure les mêmes fonctions que n’importe quel chef de section, même si bien sûr on fait un peu de formation « géo » pour maîtriser le sujet et travailler efficacement. J’exerce surtout une fonction de commandement et je n’entre pas systématiquement dans les problématiques techniques. J’ai eu le plaisir pendant deux ans d’être chef de section de la 2e batterie géographique avec 36 militaires à commander. A présent je commande une section d’appui de 18 personnes. Nous assurons des missions « Sentinelle » comme des missions géographiques de complètement cartographique de camp, des missions courtes durées (MCD) pro-terre et aujourd’hui j’ai la chance d’être projetée dans le cadre de la mission Lynx en Lituanie, dans les Pays Baltes. Mon unité n’a pas d’équivalent, contrairement à beaucoup d’armes qui ont des régiments jumeaux. C’est un petit régiment à spécificité unique dans la géographie avec 350 militaires et civils. On trouve un peu partout dans l’armée française des cellules de géographie mais nous sommes le seul régiment en tant que tel.  

Quelle est votre mission en Lituanie ?  

La mission que nous effectuons en Lituanie a une composante uniquement topographique. La partie cartographique a été demandée en amont à notre groupement et réalisée par nos experts géographes au profit du SGTIA LYNX. Concernant la partie topographique, il est obligatoire d’être sur le terrain. Nous prenons des mesures sur les différents camps militaires etpréparons les exercices qui arriveront en octobre et novembre prochain en faisant de l’appui à l’artillerie mais également à l’infanterie pour les véhicules et matériels de combat déployés ici. 

Qu’est-ce que cette mission vous a apporté, que ce soit professionnellement ou personnellement ? 

Je suis ravie de travailler à nouveau dans un milieu multinational. J’aime beaucoup les langues. Je suis à l’aise en allemand mais aussi en anglais et en espagnol et j’aime beaucoup travailler avec les autres nations. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai choisi le parcours EOFIA. Le fait d’évoluer dans un milieu multinational et non binational me permet de voir qu’il n’y a pas qu’une seule mentalité. Les militaires de l’eFP BG viennent de pays, de cultures variées et leurs armées ont des besoins différents. On ne s’en rend pas bien compte avant d’être sorti de son nid et d’avoir mis les pieds ailleurs que dans l’armée française. Plus on rencontre de nations et de soldats alliés plus on ouvre son esprit à ces choses-là et cela change la perception que l’on peut avoir de sa propre armée. Il y a énormément de possibilités de coopération et cela me tient très à cœur. J’aimerais beaucoup au cours de ma carrière travailler dans un milieu otanien, européen ou encore en ambassade.

     

Décidée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet de Varsovie en 2016, la Posture de présence avancée renforcée de l’OTAN (enhanced Forward Presence ou eFP) permet aux Alliés de déployer, en nombre limité, des forces militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer encore la posture de défense de l’Alliance par un dispositif dissuasif, à caractère purement défensif, selon une planification validée collectivement. Dans ce cadre, la France engage en Lituanie en 2020 un dispositif articulé autour de 300 militaires français et d’un S-GTIA composé de 5 chars Leclerc, de 14 VBCI et de 5 VAB. Cette mission Lynx est intégrée au sein d’un bataillon commandé par l’Allemagne.


Sources : État-major des armées
Droits : EMA