Le capitaine Christophe est le chef du sous groupement tactique interarmes (SGTIA), intégré à l’enhanced Forward Presence Battle Group (eFP BG) en Lituanie. Avec ses 5 chars Leclerc et ses 14 VBCI (véhicule blindé du combat d’infanterie), il dispose d’une composante robuste prête à conduire des entraînements de haute intensité avec des objectifs interalliés partagés.
Engagé à plusieurs reprises en opérations extérieures (Kosovo, République de Côte d’Ivoire, Liban et République Centrafricaine), le capitaine Christophe est présent depuis début juillet en Lituanie dans le cadre de la mission Lynx 7. « Obtenir un niveau de coordination élevé avec les alliées de l’OTAN afin de confirmer notre interopérabilité » représente pour le capitaine les objectifs majeurs qui « permettront également d’augmenter la valeur commune du Bataillon multinational ».
Mon capitaine, pouvez-vous me parler de votre fonction au sein du Battle Group ?
Je dirige le SGTIA français à dominante infanterie au sein du groupement tactique multinational depuis juillet 2020. C’est une fonction exigeante car les effets à obtenir sont multiples.
Tout d’abord, il s’agit pour moi d’acclimater mes hommes à cet environnement multinational. Ce premier point est essentiel pour une bonne coordination avec les alliés, avec lesquels nous sommes en interaction permanente. Cette confiance est primordiale pour obtenir un bataillon soudé et atteindre le niveau d’interopérabilité souhaité. Le deuxième est de rechercher toujours plus d’efficacité. Nous devons constamment nous remettre en question pour réaliser un travail d’intégration optimal et ainsi permettre aux jeunes d’acquérir de l’expérience.
Enfin, cela nécessite de connaître les procédures et les règles propres aux nations alliées. Nous avons atteint aujourd’hui un niveau de coordination et de coopération élevé grâce aux éléments français intégrés au sein de l’État-major multinational qui interagissent au plus haut niveau des prises de décisions.
Quels sont les défis à relever en tant que chef du SGTIA Français au sein d’un Bataillon Multinational ?
Les défis à relever sont nombreux, puisque désormais mon SGTIA est pleinement intégré dans la structure multinationale opérationnelle. Le premier est de s’entrainer dans un environnement interallié tout en prenant en compte les différences d’équipements et de cultures opérationnelles. Chaque exercice passe par une phase de réflexion logistique et tactique qui est similaire à la nôtre. Le but est d’identifier les différences d’opérabilité qui peuvent exister, pour ensuite lisser cet ensemble et être plus efficace. Il s’agit avant tout de mettre nos différences de côté pour réussir notre intégration et mettre en œuvre une synergie commune.
Le deuxième concerne l’environnement de combat. Il s’agit d’un territoire extrêmement boisé et sablonneux avec des particularités qui nécessitent une adaptation des mouvements de mes chars, de mes blindés et de mes éléments de reconnaissance. On ne s’entraîne pas au combat, ici en Lituanie, comme dans une zone ouverte. Nous devons nécessairement adapter le style de nos manœuvres aux particularités du terrain. Néanmoins, nous avons la chance d’avoir accès à de nombreuses installations, sur des sites différents et de très bons niveaux. Cela nous permet de nous aguerrir dans le cadre de conflit de haute intensité dans les meilleures conditions, du niveau groupe de combat du fantassin débarqué à celui de l’engagement d’un peloton Leclerc.
Enfin, les premiers exercices sur le terrain ont débuté. Les chars Leclerc et les tireurs d’élite et de précisions ont occupé les terrains de manœuvre pendant plusieurs jours. Ces phases techniques sont primordiales pour que les soldats se refamiliarisent avec leur équipement, avant de l’engager aux côtés de nos alliés du Battle Group dans les exercices majeurs à venir. Je suis confiant, nous sommes désormais prêts, tous ensemble, à accomplir notre mission .
Décidée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet de Varsovie en 2016, la Posture de présence avancée renforcée de l’OTAN (enhanced Forward Presence ou eFP) permet aux Alliés de déployer, en nombre limité, des forces militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer encore la posture de défense de l’Alliance par un dispositif dissuasif, à caractère purement défensif, selon une planification validée collectivement. Dans ce cadre, la France engage en Lituanie en 2020 un dispositif articulé autour de 300 militaires français et d’un S-GTIA composé de 5 chars Leclerc, de 14 VBCI et de 5 VAB. Cette mission Lynx est intégrée au sein d’un bataillon commandé par l’Allemagne.
Sources : État-major des armées
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