LYNX 7 – Pooling and Sharing : la logistique en multinational

Branche multinationale de l’état-major, le S4 de l’eFP Battle Group est dirigé par un allemand dont l’adjoint est un néerlandais. Des officiers français et norvégiens le secondent dans les phases de planification et d’exécution des mouvements, de matériels et de troupes.

Pour le major Patrick, officier néerlandais, le S4 se résume à deux grandes missions, consistant « au soutien de la vie courante sur le camp militaire de Rukla, et lors des exercices dans lesquels nos troupes sont engagées. » La coordination entre les différentes nations de l’eFP est déterminante, il faut « comprendre les procédures propres à chaque nation. Au sein de notre équipe nous recensons quatre nations différentes. Si globalement nous avons les mêmes manières de travailler, nous devons cependant prendre en compte les régulations allemandes, notre nation-cadre. Il y a certaines fonctions propres à l’armée allemande que nous n’avons pas aux Pays-Bas par exemple, il y a donc d’autres dialogues et processus à adopter mais une fois que c’est fait c’est intéressant de travailler les uns avec les autres. Cela permet de se rendre mutuellement service, les français ont été amenés à chercher du fret au profit des soldats néerlandais au port de Klaipeda : sans cette bonne entente entre nous, une telle mission n’aurait pu avoir lieu.  J’aime le fait que l’on travaille en bonne intelligence et que l’on puisse apprendre les uns des autres » souligne le major Patrick.

Etablissant le lien entre les compagnies de combat du Battle Group et l’état-major, le lieutenant Per est « ravi de découvrir au quotidien comment chaque pays travaille ensemble pour se soutenir mutuellement. Nous avons tous nos habitudes de travail et une culture différente, et pourtant nous passons outre ces différences. » Le jeune officier norvégien précise que « la logistique est d’une importance vitale pour toute opération militaire. Sans elle, les opérations ne pourraient être ni entreprises, ni conduites dans la durée. »

Le détachement logistique luxembourgeois de l’eFP illustre également la pertinence de la mutualisation et du partage du soutien logistique, le pooling and sharing. Pour le premier-sergent Jeff, dont l’escouade de transport a été mise à disposition de l’ensemble des nations de l’eFP « c’est important pour le Luxembourg de montrer sa présence et son soutien à l’OTAN. Même si nous sommes un petit pays, nous avons des capacités que nous mettons au profit des autres. Travailler au sein d’un milieu multinational, apporter un soutien logistique à d’autres nations, c’est très gratifiant. »

« Finalement nous avons un but commun et c’est là le principal », résume le capitaine Dominique, l’officier français inséré au S4 de l’eFP. « Quand on peut mettre nos moyens au service les uns des autres c’est un véritable plus. C’est comme ça qu’on parvient à intervenir avec plus de rapidité. Nous avons ainsi transporté des chars Léopard allemands ou des blindés norvégiens et les néerlandais ont acheminé un de nos chars Leclerc sur le camp de Pabradé. C’est aussi une illustration de notre interopérabilité. » La mutualisation des moyens permet ainsi de réduire les coûts, d’harmoniser les procédures et d’accroître en permanence l’efficacité du soutien logistique.

Décidée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet de Varsovie en 2016, la Posture de présence avancée renforcée de l’OTAN (enhanced Forward Presence ou eFP) permet aux Alliés de déployer, en nombre limité, des forces militaires dans les pays baltes et en Pologne. Cet engagement non permanent vise à renforcer encore la posture de défense de l’Alliance par un dispositif dissuasif, à caractère purement défensif, selon une planification validée collectivement. Dans ce cadre, la France engage en Lituanie en 2020 un dispositif articulé autour de 300 militaires français et d’un S-GTIA composé de 5 chars Leclerc, de 14 VBCI et de 5 VAB. Cette mission Lynx est intégrée au sein d’un bataillon commandé par l’Allemagne.