L’IRSEM est l’institut de recherche stratégique du ministère des Armées dont la singularité est d’être à l’intersection des mondes de la Défense et de l’Université. C’est aussi la diversité de son équipe de recherche, associant universitaires et militaires, qui fait de l’Institut un endroit unique que nous vous proposons de découvrir à travers les portraits de nos chercheurs…
J’ai un profil très atypique, car je suis à la fois un historien habilité à diriger les recherches (Paris 4 Sorbonne) qui a publié une dizaine de livres et un chercheur passionné par l’étude des guerres contemporaines et par la géopolitique de régions complexes telles que le Moyen-Orient, le Caucase et l’Afrique du Nord. Je suis aussi un juriste et un expert qui a longtemps travaillé comme analyste et directeur de programmes de recherches, de même qu’un fonctionnaire du ministère des Armées qui a exercé des responsabilités variées, notamment dans le domaine du policy-making.
Depuis que j’ai rejoint le ministère des Armées juste après la fin de la guerre froide, j’ai orienté ma carrière vers l’international, servant plusieurs années à la DAS (actuelle DGRISS), au ministère de la Défense britannique à Londres et au Collège de défense de l’OTAN à Rome. Je me suis également occupé de thématiques liées au lien transatlantique et à la défense européenne ce qui m’a conduit à multiplier les missions de terrain dans l’ensemble de mes zones d’expertise, y compris en Amérique du Nord et en Europe. Ancien auditeur de la 67e session nationale « politique de défense » de l’IHEDN, je me sens parfaitement à l’aise à l’IRSEM, à la croisée des mondes académiques et institutionnels.
Je scrute de très près tout ce qui concerne l’évolution de la conflictualité et de la géopolitique au Moyen-Orient, tout particulièrement entre l’Iran, Israël, l’Egypte, la Turquie et les pays du Golfe. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai lancé l’atelier Wargaming stratégique de l’IRSEM pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de réaliser par eux-mêmes la réalité des rapports de forces au Moyen-Orient et la complexité des agendas de chacun des acteurs régionaux, de manière à pouvoir tester des scénarios prospectifs. Je suis très heureux que cet atelier connaisse un réel engouement.
De fait, j’écris beaucoup sur l’Iran et Israël et leur place dans la région, que ce soit dans des notes à vocation interne ou pour des articles publiés récemment par Politique Internationale, Politique étrangère, Questions internationales [1], Hérodote, Sciences Humaines, l’Annuaire français des relations internationales, la Revue Défense Nationale, Défense (IHEDN) et prochainement dans La Revue des deux mondes.
Les férus d’histoire militaire peuvent également lire la version actualisée de ma Guerre Iran-Irak (1980-1988) publiée l’année dernière chez Perrin (Tempus), dont la version anglaise publiée par les presses universitaires de Harvard a été récompensée par la Society for Military History.
Je suis également l’auteur des wargames suivants : Bloody Dawn, The Iran-Iraq War et Fitna – The Global War in the Middle East. Je m’intéresse aussi à l’évolution de la stratégie aérienne et à l’histoire de l’aviation, comme en témoigne le livre que je suis en train de terminer pour Perrin et dont vous entendrez sans doute parler en début 2019.
Parce que depuis toujours, je suis passionné par les relations internationales, la géopolitique et l’histoire, et que j’ai voulu comprendre la face cachée des crises internationales et des conflits, notamment les processus de décision. Et une fois que j’ai maîtrisé ces sujets, j’ai voulu faire œuvre de pédagogie de manière à expliquer aux autres ce que j’avais moi-même cru comprendre. Le métier de reporter de guerre m’aurait beaucoup plu également, d’autant que j’aime la photo et les photos-reportages.
À ce stade de ma carrière, je me considère surtout comme un passeur d’idées, d’expériences et de clés pour permettre aux plus jeunes comme à tous ceux qui viennent m’écouter de comprendre les ressorts des évènements que j’essaie de décrypter pour eux. C’est pourquoi je prends plaisir à diriger mon équipe de chercheurs, à diriger des thèses, à multiplier les conférences et les interviews dans les médias, à conseiller les étudiants, mais aussi à enseigner à Sciences Po, à HEC, dans les écoles d’officiers de même qu’au Centre des Hautes études militaires (CHEM) et au Collège de Défense de l’OTAN. Au bout du compte, j’essaie de rester attentif à mon équipe et de montrer l’exemple de ce que peut-être un chercheur de terrain productif…
[1] Pierre Razoux, « L'Arabie saoudite et Israël : une alliance discrète autour d'intérêts communs » et « Les forces armées royales saoudiennes », Questions internationales, n°89 (24/01/2018)
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