La nation représente toujours le principal objet de référence comme la principale unité d’analyse de la pensée stratégique moderne. Aujourd’hui pourtant, des facteurs budgétaires, mais aussi sociétaux et internationaux exercent une pression multiple sur cet échelon.
L’environnement international contemporain permet-il encore, alors, des stratégies nationales ? En explorant cette notion de stratégie nationale, on s’interroge en réalité sur la capacité d’un État individuel à concevoir, formuler et mettre en œuvre une approche originale, par lui-même et au service des intérêts nationaux qu’il s’est définis. Sur sa capacité, surtout, à produire en interne une grille de lecture, une analyse des grands enjeux internationaux en fonction de sa propre identité, et non en réduisant ces enjeux à la question de savoir s’il convient de s’aligner sur d’autres ou pas.
Dans un contexte global marqué par l’interdépendance, on observe depuis peu que même l’autonomie stratégique d’une puissance comme les États-Unis subit des altérations. Qu’en est-il alors des Européens ? Ce processus est-il uniforme d’un pays à l’autre ? Quelle fenêtre d’opportunité les nations peuvent-elles encore exploiter ? Les mécanismes d’intégration modifient-ils les manières d’appréhender la stratégie ? Ces interrogations trouvent une résonance particulière dans le contexte de réactualisation du Livre blanc.
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