Trois questions au général Didier Tisseyre, nouveau COMCYBER

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

« A mon entrée dans le monde militaire, il y a plus de trente ans, j’ai débuté dans la sécurité des systèmes d’information (SSI), et plus particulièrement dans le domaine du chiffre, qui constituait en quelque sorte les prémices de ce que l’on nomme aujourd’hui cyberdéfense. Il s’agissait alors d’assurer la confidentialité, l’intégrité, mais également la disponibilité de l’information. Aujourd’hui la cyberdéfense recouvre bien plus que la SSI et est passée d’une approche plutôt statique (la protection) à une approche dynamique résolument opérationnelle, déclinée en actions défensives et offensives adaptées au cyberespace, domaine de conflictualité. Ma carrière a ensuite été tournée vers le soutien de l’opérationnel, avec notamment la conception et l’exploitation de systèmes d’information et de communication (SIC), la formation, la simulation technico-opérationnelle, la recherche opérationnelle et le développement capacitaire. »

Qu’est-ce qui vous plaît dans le domaine cyber ?

« La mission du COMCYBER étant avant tout opérationnelle, il est nécessaire de centraliser et de rassembler les énergies autour de cet objectif. Il faut agréger les compétences de tous et les combiner aux outils technologiques disponibles pour pouvoir s’occuper du présent, mais aussi se projeter vers l’avenir, afin de préparer les prochaines opérations dans les meilleures conditions. Ces différents aspects rendent le domaine cyber passionnant, car il est dynamique, transverse, innovant et couvre l’ensemble des capacités des armées. »

Le domaine est encore en construction. Quelle est votre feuille de route pour les mois à venir ?

« Ma priorité est de maintenir le niveau de notre capacité opérationnelle dans le cyberespace au plus haut, en consolidant ce qui a déjà été fait, c’est-à-dire en l’adaptant constamment pour répondre à l’évolution du domaine. Cela se concrétise par une attention particulière portée au recrutement, à la formation et à la fidélisation des cybercombattants, car l’humain est la clé de voute dans ce domaine. Relever le défi des ressources humaines passe également par le soutien apporté par les réservistes qui font preuve d’un engagement remarquable. Par notre principe de réserve d’emploi, ils apportent des compétences et des expertises complémentaires indispensables. La mise en œuvre d’une feuille de route capacitaire est également nécessaire, pour se doter des meilleures technologies, doctrines, organisation, infrastructures et entrainements, afin de soutenir toujours plus efficacement le personnel dans ses missions. L’ensemble des acteurs cyber, qu’ils soient du ministère des Armées ou partenaires, doit répondre à ce défi d’adaptation continue posé par le cyberespace. Le premier bâtiment conçu et dédié à la cyberdéfense à Rennes représente la concrétisation de cette nécessité d’interaction entre les métiers et les compétences cyber pour répondre, de manière collective, aux enjeux de la cyberdéfense. Au vu des évolutions qualitatives et quantitatives des risques et des menaces, nous devons maintenant passer à l’échelle, en intégrant les nouvelles ressources données par la Loi de programmation militaire. »