À besoin opérationnel partagé, programme commun. La France et le Royaume-Uni conçoivent un missile destiné à neutraliser en mer les embarcations rapides et légères depuis un hélicoptère. Baptisé ANL (anti-navire léger), cet armement, complémentaire du missile anti-navire lourd Exocet, est totalement autonome mais permet à son utilisateur de changer de cible durant son vol si cela devenait nécessaire. Projet intégré aux accords de Lancaster House signés en 2010, il est présenté au salon Euronaval.
Piraterie, narcotrafic, terrorisme ou crise localisée… les embarcations utilisées sont bien souvent de petites tailles, très rapides et très maniables rendant ainsi toute intervention délicate en particulier près des côtes. Pour répondre à cette problématique, la DGA et son homologue britannique la DE&S, se sont alliés depuis 2009 pour concevoir un armement spécialement adapté à ce type bien particulier d’interventions. C’est l’ANL : le missile anti-navire léger. « Ce missile est destiné à équiper les hélicoptères de la marine nationale. Des études sont actuellement menées pour affiner le choix de l’hélicoptère : Panther, NH90 ou encore HIL… Le choix devrait être fait d’ici 2015/2016 », explique Nicolas Duchesne, manager missile anti-navire léger à la DGA.
« Tir et oubli »… avec l’homme dans la boucle
Le missile est équipé d’un autodirecteur infrarouge qui permet la fonction « tir et oubli ». Grâce à ce type de guidage, il peut atteindre sa cible sans qu’un opérateur n’ait à le guider. Autre caractéristique, sa capacité « homme dans la boucle ». Sa liaison de données bidirectionnelles permet une transmission des informations en temps réel du missile vers l’hélicoptère et réciproquement. « L’opérateur en charge du tir reçoit sur son écran de contrôle le retour image de ce que voit le missile. Il peut ainsi, pendant le vol, désigner une nouvelle cible ou choisir de frapper sur zone particulière du navire, comme le gouvernail par exemple, afin de le neutraliser sans le détruire totalement. Il peut également annuler le tir si nécessaire, le missile tombera alors à l’eau », détaille Nicolas Duchesne. Cette double capacité permet à la fois de simplifier l’utilisation du missile par l’opérateur tout en lui permettant d’adapter ses prises de décisions en temps réel, pour une réponse mesurée et graduelle limitant ainsi les dommages collatéraux.
Disponible d’ici 5 ans
« Le projet a débuté en 2009, et après une phase d’études et de dialogue, le contrat a été notifié en mars 2014 à l’industriel MBDA par les ministres de la Défense français et britannique », précise Nicolas Duchesne. Le contrat est piloté par une équipe franco-britannique gouvernementale basée à Bristol. Les premières pièces sont déjà en usinage pour la fabrication des prototypes des sous-ensembles du missile. Le dialogue collaboratif avec l’industriel se poursuit tout au long du projet. « Lorsque nous aurons un missile avec une définition mature, la DGA réalisera les tirs de qualification au centre DGA Essais de missiles entre 2017 et début 2018 », indique Nicolas Duchesne. Au-delà de ses fonctions opérationnelles et stratégiques, l’ANL constitue une première étape dans la consolidation de l’industrie des missiles en Europe, vers plus d’efficacité et de compétitivité.