La recherche académique construit un socle étendu de savoirs et de savoir-faire, souvent porteur de ruptures technologiques, essentiel à l’innovation et en particulier à l’innovation de défense. Le soutien financier apporté aux projets de recherche des écoles constitue un outil important de mise en œuvre de la politique ministérielle d’innovation. Dans ce cadre, l’Agence de l’innovation de défense (AID) organise un appel à projets annuel pour contribuer au financement de projets de recherche d’intérêt défense, réalisés par les laboratoires des 4 écoles d’ingénieur sous tutelle de la Direction générale de l’armement (DGA).
Le ministère des Armées apporte son soutien à la recherche dans les écoles sous tutelle depuis 2001. Conformément aux orientations du Document d’orientation de l’innovation de défense (DOID) 2019, un plan stratégique pour l’implication des grandes écoles dans l’innovation de défense a été élaboré avec les 4 écoles d’ingénieurs sous tutelle DGA : l’Ecole polytechnique, ISAE-SUPAERO (Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace), l’ENSTA ParisTech (Ecole Nationale Supérieure de Techniques Avancées) et l’ENSTA Bretagne. Ce plan, axé dans une première étape sur ces 4 écoles, a vocation à s’étendre également aux écoles d’officiers des Armées (Ecole navale, Ecole de l’air, Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan). Complété par une feuille de route, il s’articule autour du développement de la recherche et de la culture de l’innovation de défense, de l’accélération de l’innovation et l’entreprenariat, ainsi que le renforcement du travail en réseau entre les écoles et le ministère des Armées.
L’appel à projets annuel est organisé, pour contribuer au financement de projets de recherche d’intérêt défense réalisés par les laboratoires des écoles. L’intérêt défense des projets permet de contribuer à un positionnement des laboratoires des écoles sur des domaines scientifiques novateurs, peu ou pas explorés par le civil, et qui aident ainsi les écoles à développer des domaines d’excellence spécifiques au sein de la communauté de recherche nationale et internationale.
En moyenne, 25 projets sont soutenus chaque année pour une durée de 2 ou 3 ans. Plusieurs études sont des projets « multi-écoles », auxquels collaborent les laboratoires de 2, 3 ou 4 écoles sur une même thématique, dans l’optique de favoriser les coopérations scientifiques entre les établissements. Les projets sont sélectionnés par une commission en fonction de critères d’intérêt défense, de qualité scientifique, de qualité de l’équipe projet et de coût.
Deux exemples de projets soutenus dans le cadre de cet appel à projets :
En 2019, le projet « Validation de drones et essaims de drones autonomes », intégrant les 4 écoles sous tutelle DGA, a été lancé. Ce projet s’appuie sur la sûreté de fonctionnement des systèmes robotisés. Il s’intéresse en particulier à des algorithmes de contrôle et de planification de missions plus évolués, provenant du monde de l’intelligence Artificielle (apprentissage, détection d’obstacles) et capables de coordonner les activités simultanées d’un ensemble de drones. Les techniques développées dans ce projet sont applicables aux drones terrestres, maritimes ou aériens. Les essaims de drones pourraient par exemple être utilisés pour l’observation de forces adverses, la surveillance de zones, le leurrage...
Ulysse, le catamaran électrique autonome qui construit une carte bathymétrique des fonds marins, © ENSTA Bretagne
Le stress opérationnel peut, en situation extrême, amener des pilotes civils ou militaires à ignorer des alarmes sonores critiques, aussi l’idée de développer un cockpit neuro-adaptatif, i.e. capable de s'adapter à l'état mental des opérateurs a été proposée. Le projet MAIA (Modélisation de l’Attention pour une Interaction Adaptative) s'inscrit dans cet objectif, entre neuroergonomie et Intelligence Artificielle. L’interface cerveau-machine développée parvient à décoder et à prédire la capacité des pilotes à entendre les alarmes auditives. Ce système, testé en conditions réelles de vol à bord d’avions expérimentaux de l'ISAE-SUPAERO, a donné lieu à une publication qui a reçu le prix "IEEE Brain Initiative".
Vue du cockpit de l’avion expérimental, sur l’écran visualisation de l’activité cérébrale du pilote, © ISAE-SUPAERO
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