La signature électrique sous-marine constitue une indiscrétion majeure au vu des mines navales modernes. Le projet de technologies de défense DISCRELEC a pour but de développer des systèmes innovants permettant de réduire la signature électrique sous-marine des navires. Soutenu par l’Agence de l’innovation de défense, l’unité de management Opérations d’armement navales de la Direction générale de l’armement (DGA) et conduit par DGA Techniques navales, le projet DISCRELEC est porté par Naval Group et le CNRS.
Faire face à une menace croissante : les mines navales
Les mines navales représentent une menace croissante pour nos navires, en particulier les mines à multi-influences. Ces systèmes, outre les sensibilités « classiques » (acoustique, magnétique, dépressionnaire), incluent la composante électrique statique (UEP, « Underwater Electric Potential ») et alternative, (ELFE « Extremely Low Frequency Electromagnetic field »). Le projet de technologies de défense (PTD) DISCRELEC a pour finalité de réduire les différentes indiscrétions électriques observées aujourd’hui sur les bâtiments de surface.
Faire face à la corrosion pour réduire la signature électrique
La signature électrique sous-marine est engendrée par des courants électriques circulant dans l’eau de mer entre différents éléments de la coque. Ces courants sont principalement dus au systèmes de protection contre la corrosion des parties métalliques de la coque. Ces derniers sont constitués d’anodes qui génèrent un courant protecteur, soit par couplage galvanique (anodes galvaniques), soit par un générateur de courant (Protection Cathodique par Courants Imposés ou PCCI).
Une solution pour réduire cette signature électrique est l’optimisation de cette protection cathodique par courants interposés (PCCI). Une des idées proposées par le projet DISCRELEC est d’augmenter le nombre d’anodes1 actives et de « piloter » leur emploi afin de réduire la signature tout en maintenant la protection cathodique à niveau suffisant. Le fait de pouvoir piloter et contrôler la PCCI permettrait, sur un théâtre d’opérations, de disposer de plusieurs modes d’utilisation en fonction de la situation rencontrée: une PCCI nominale (anticorrosion au besoin, avec une signature maitrisée), une PCCI furtive (signature électrique minimum, sans exigences sur l’anticorrosion, pour traverser une zone à risque par exemple), ou encore une PCCI camouflage (signature amplifiée pour ne pas donner la signature réelle).
DISCRELEC s’articule autour de 2 sous-projets :
1/ Un accord-cadre avec le Centre national de la recherche (CNRS) (Laboratoires G2ELab et LEPMI – CNRS / Grenoble INP / Univ. Grenoble Alpes) ayant pour objectif de développer les travaux de recherche en électromagnétisme sous-marin : caractérisation électrochimique des matériaux du domaine naval, développement de code informatique pour calculer un comportement de structure sous protection cathodique et pour étudier la signature électrique à partir de mesures en mer.
2/ Un marché notifié par la DGA en aout 20219 à Naval Group pour 42 mois visant à développer 3 systèmes dédiés à bord des navires :
1 - Le mot anode fait référence, avec la cathode, aux électrodes que l’on retrouve dans un système générateur ou consommateur de courant.
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