Du 27 mai au 8 juin, un avion-radar E-3F a participé à l’opération Chammal depuis la base aérienne d’Al Udeid au Qatar. Durant cet engagement, l’aéronef français a mené deux missions d’envergure, contribuant à lutter contre Daech. Le lieutenant-colonel Sébastien, commandant l’escadron de détection et de contrôle aéroporté 36 « Berry » nous présente ses missions.
Quel est le rôle de l’Awacs au sein des opérations aériennes de la Coalition ?
L’E-3FAwacs est un système aérien de commandement et de conduite des opérations. Son rôle consiste tout d’abord à établir une Recognized Air Picture de la situation aérienne, une sorte d’instantané du champ de la bataille aérienne. Nous devons recueillir, identifier et analyser tout ce qui vole dans une zone donnée.
Nous captons, nous analysons et nous redistribuons la Picture aux appareils intégrés à notre réseau. Notre compréhension de la situation doit donc être parfaitement claire. Il faut savoir où se trouvent les avions « amis », les ennemis et les potentielles menaces. Pour cela, l’Awacs dispose d’équipements de pointe.
Tout d’abord, il abrite un radar de type primaire dans son rotodôme (grand disque surplombant le fuselage). Ce dernier agit comme un abat-jour détectant tout ce qui vole dans un large rayon. L’Awacs dispose ensuite d’un système de mission fusionnant l’ensemble des informations recueillies par les capteurs. Il est aussi doté d’un système d’écoute électromagnétique et de liaisons de données tactiques, comme la L16. Il met aussi en œuvre des moyens radios UHF, VHF, HF et satellitaires, ainsi qu’un système de tchat permettant d’échanger en temps réel avec le Centre interallié des opérations aériennes (Combined Air Operations Center –CAOC).
L’Awacs est un démultiplicateur de forces, dont le rôle est crucial. Cet appareil offre des capacités de commandement et de contrôle déployables. Il représente pour les Forces françaises un outil d’appréciation autonome de la situation. Grâce à son endurance, il réalise des missions de 10 heures, dont la durée peut augmenter grâce à sa capacité à être ravitaillé en vol.
Quelle est la composition de ce dispositif ?
Les 60 aviateurs déployés pour cette mission proviennent de la 36e Escadre de commandement et de conduite aéroportés (E2CA) de la base aérienne 702 d’Avord. Nous comptons tout d’abord du personnel navigant œuvrant en cabine, ainsi qu’un équipage composé de contrôleurs aériens de surveillance et de défense aérienne, de mécaniciens radars et informaticiens, ainsi que de spécialistes en système de communications et en liaisons de données tactiques.
À cela, il convient d’ajouter une vingtaine de mécaniciens-avions, ainsi que des informaticiens mettant en œuvre le système de préparation de mission. Enfin, un infirmier veille sur le détachement, notamment sur l’état de fatigue, car les vols sont longs et la chaleur éprouvante pour les organismes.
En tant que Mission Crew Commander, quel est votre rôle à la tête de ce dispositif ?
Le Mission Crew Commander (MCC) est en quelque sorte un chef d’orchestre coordonnant l’action des autres membres d’équipage. Il permet à chacun de comprendre l’évolution de la mission. Il dispose d’une vision globale et peut corriger ou orienter les efforts. En tant que chef, il est responsable des décisions et doit être capable de prendre du recul et d’anticiper les actions à mener. Par ailleurs, la mission du MCC débute bien avant le déploiement. Il est responsable de la préparation en amont de son équipage. Il veille donc à ce que chacun maîtrise la documentation relative à l’opération CHAMMAL. Cette dernière est très spécifique et abondante, si bien que cette phase de préparation demande environ un mois de travail, avant même d’être déployé.
Lancée depuis le 19 septembre 2014, l’opération CHAMMAL représente le volet français de l’opération internationale INHERENT RESOLVE (OIR) rassemblant 80 pays et organisations. En coordination avec le gouvernement irakien et les alliés de la France présents dans la zone, l’opération CHAMMAL apporte un soutien militaire aux forces locales engagées dans la lutte contre Daech sur leur territoire. La Coalition internationale adapte en permanence son dispositif au Levant et la France poursuit son effort dans la région car le combat contre le terrorisme continue. L’opération CHAMMAL se concentre désormais sur son pilier « appui » et compte 600 soldats insérés au sein des états-majors d’OIR ou sur les déploiements aériens et maritimes. |
Sources : EMA COM