Le médecin en chef Benoit et l’infirmier Quentin ont été projetés fin mars avec le Groupement commando de la Force Barkhane. Malgré leurs nombreuses expériences opérationnelles, rejoindre ce type d’unité reste particulier. L’infirmier explique : « C’est une petite unité. Il faut réussir à intégrer un groupe qui a un esprit de corps très fort, trouver sa place et se faire accepter. ».
Avant chaque mission, les médecins et infirmiers militaires effectuent différents types de préparations opérationnelles. Pendant le stage de Médicalisation en milieu hostile (MEDICHOS), les équipes médicales revoient les techniques de prise en charge des blessés dans des situations tactiques hostiles (embuscades, prises à partie, etc.). Pendant plusieurs semaines, ils apprennent les spécificités du combat commando : tirs, déplacement, aérocordage. En plus de leur spécialité, « Doc » et « mini Doc », comme ils sont surnommés, vont devoir s’intégrer au sein d’un groupe de commandos au format réduit.
Très rapidement après leur déploiement sur le théâtre, ils sont sollicités lors d’un événement majeur : courant avril, une attaque de rebelles contre des forces partenaires entraîne un afflux de blessés. Le médecin, son infirmier, ainsi qu’une consœur du détachement, gèrent les blessés en organisant les secours selon les procédures du Mass casualties (MASCAL) : ils sont triés, priorisés, soignés et mis en condition pour l’évacuation médicale vers les hôpitaux militaires français et partenaires.
En juin, au cours de l’opération SOLSTICE, le Groupement évolue de nouveau en étroite coordination avec des forces armées partenaires Lors d’un accrochage, deux militaires partenaires sont grièvement blessés. Après leur extraction par les équipiers et le personnel qualifié « Sauvetage au combat de niveau 2 » (SC2), le binôme les prend en charge et organise leur évacuation par des moyens français. Alors que les commandos reprennent la fouille du bois, ils se font prendre à partie. Un des leurs est touché et se met à couvert en rampant. Le SC2 à proximité procure les premiers soins. Quentin les rejoint et confirme que l’ensemble des gestes a été bien effectué. Ils transportent le blessé jusqu’à une zone sécurisée en attendant l’hélicoptère. « La MEDEVAC a été remarquable de rapidité, les pilotes de NH90 ont été très réactifs et ont fait l’effort de poser juste à côté du lieu où nous étions afin de faciliter l’extraction. » précise l’infirmier.
Le lendemain, lors d’une autre mission de fouille dans une forêt, un commando est blessé par balles. Malgré cela, il court seul sur une distance de près de 50 mètres et se prodigue les premiers soins. Le médecin en chef Benoit le rejoint, aidé du chef du groupe. Il effectue le bilan initial, le perfuse, injecte de la morphine puis rend compte au médecin régulateur de la Force Barkhane.
Alors que les premiers gestes sont effectués sur le blessé, l’hélicoptère est déjà déclenché. Il faut désormais brancarder le blessé vers la zone de posé, en traversant une forêt dense. À leur arrivée, , l’hélicoptère est en place prêt à s’envoler vers le Module de chirurgie de sauvetage (MCS) de Ménaka. Opéré et stabilisé, le blessé est transféré à Gao où un avion médicalisé atterrira pour le ramener vers la France. Il se passera moins de 24 heures entre sa blessure et son arrivée à l’hôpital Percy.
Pour le médecin en chef Benoit, ces éléments confirment que leur entraînement a payé. « Pendant les stages, on a l’impression de rabâcher des choses que l’on connaît déjà mais cela permet le jour J que tout se déroule parfaitement à tous les niveaux. » Et de souligner la spécificité de l’Armée française : « En France, la prise en charge des blessés repose sur un concept original et efficace qui place l’équipe médicale au plus près de la victime : c’est la médicalisation de l’extrême-avant. Les Anglo-Saxons privilégient la rapidité de l’évacuation médicalisée vers des structures hospitalières. »
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération BARKHANE a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 5 100 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Sources : Ministère des Armées
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