Le commando parachutiste de l’air (CPA) n°20 se voit attribuer de nouvelles prérogatives opérationnelles : l’appui aérien devient l’une de ses spécialités. Pour assurer ses nouvelles missions, le commando doit s’adapter, évoluer et former. Du 1er au 5 mars 2021, un « CASEX » (Close Air Support Exercise) s’est déroulé sur le champ de tir de Captieux, dans les Landes.
Le Joint Terminal Attack Controller, contrôleur aérien avancé, appelé JTAC, est le spécialiste de l’appui aérien. Intégré au cœur des missions des armées françaises, il est le chef d’orchestre de la coordination entre les moyens au sol et les moyens aériens. Multitâche, le JTAC doit s’appuyer sur des connaissances aussi solides que variées et avoir une vision globale du dispositif d’une mission.
Dans le cadre du plan #AIRFUSCO25 de la Brigade des forces spéciales air (BFSA), dépendant du Commandement des forces aériennes (CFA), le CPA 20 hérite des missions d’appui aérien jusque-là assurées par le CPA 30, qui a récemment intégré les rangs des forces spéciales air. La montée en puissance des unités de la force protection air (FPA) permet d'élargir les capacités d'Air Surface Integration (ASI). Cette montée en gamme engage notamment le CPA 20 à être en mesure, à terme, d'opérer en autonomie hors d'une base aérienne projetée (BAP) ou d’une base opérationnelle avancée (BOA), dans le cadre de son contrat opérationnel de patrouille extérieure.
Aujourd’hui, plusieurs candidats sont encore en formation, ou aspirent à l’être, pour rejoindre la cellule « 3D » du commando. « Notre rôle, aujourd’hui, est d’entretenir la culture et le savoir-faire de la 3e dimension au sein du CPA 20 », explique le caporal-chef Thomas, qualifié depuis l’été 2020. Le sergent Alexandre est, quant à lui, arrivé en décembre 2020. Pendant l’exercice « CASEX », le sergent et sa TACP – Tactical Air Control Party – une équipe composée d’un JTAC et des opérateurs chargés de l’assister (transmetteur, opérateur d’imagerie numérisée, etc.) et de le protéger (tireur d’élite, opérateur laser, « médic », etc.) ont été « qualifiés » en vue d’un déploiement sur l’opération Barkhane au printemps.
L’exercice de préparation au combat, qui réunissait les JTAC, ainsi que des groupes d’opérateurs du CPA 20, spécialistes de la protection défense (Prodef) et de la patrouille extérieure (Patex) – savoir-faire uniques et transversaux des fusiliers-commandos de l’air – a permis de dérouler des missions complètes, mettant en scène des convois motorisés vers différents objectifs : neutralisation d’une menace, protection d’un personnel de spécialité renseignement pour une mission de recueil d’information, entre autres. L’objectif : recréer des scénarios de terrain, auxquels les opérateurs pourront être confrontés sur les théâtres d’opérations extérieures. L’exercice a aussi permis à des JTAC « isolés » (affectés dans une unité qui n’est pas amenée à être engagée dans des missions à caractère d’appui aérien) de valider des acquis de maintien des compétences.
« La mission du JTAC ici, c’est de faire le lien entre la 2e et la 3e dimension, c’est-à-dire entre les moyens au sol et les moyens aériens, et de les guider sur leurs objectifs de surveillance, de progression ou d’appui feu, par exemple », note le caporal-chef Thomas. L’efficacité de l’analyse de la situation et de la prise de décisions du JTAC est déterminante dans la réussite d’une mission. Mais, comment maîtriser sur le bout des doigts tant de dimensions et d’inputs différents ? « L’acculturation se fait petit à petit, il faut faire preuve d’une vraie sensibilité à l’environnement dans lequel on évolue et d’une certaine facilité, couplée à un travail conséquent, à s’imprégner des procédures, des termes techniques, des scénarios et des enjeux », détaille le caporal-chef.
« J’ai intégré le CPA 20 il y a quatre ans, dès l’obtention de mon baccalauréat. Ensuite, j’ai suivi les différents stages pour décrocher mon brevet de commando parachutiste de l’air. Au cours de ces stages, j’ai accusé plusieurs blessures, qui ont sérieusement remis en question mes aptitudes physiques, freinant mon intégration au sein du commando, raconte-t-il. C’est à ce moment-là que mes compétences en anglais, qui sont la base du métier de JTAC, ainsi que mon aisance à intégrer les différentes dimensions d’une mission, ont été mises à profit. » Après avoir été identifié, il a intégré le cursus de formation JTAC, qu’il a validé haut la main, devenant le plus jeune militaire français à décrocher la qualification. « La formation est très exigeante, elle nous prépare à faire face à tous les scénarios possibles de missions complexes. Elle nous apprend à gérer les situations les plus compliquées. Entraînement difficile, guerre facile. »
La formation JTAC, dispensée au centre de formation à l’appui aérien (CFAA) situé sur la base aérienne 133 de Nancy, se déroule en trois phases éliminatoires. Avant d’intégrer la formation, le stagiaire se mesure au pre-screening, un test d’évaluation des compétences à partir d’une bande audio, une restitution de lexique technique, ainsi qu’un test de connaissances en topographie. La première phase éliminatoire, le « stage académique », s’applique à approfondir la théorie et la « phraséo » (lexique) technique du guidage, ainsi qu’une restitution des acquis sur simulateur. Enfin, les candidats se mesurent au BTC – le basic training course, au cours duquel ils vont guider en « réel », au cours de missions d’entrainement de plus en plus complexes – ainsi qu’à l’ATC – le advanced training course, qui constituera le run de qualification du futur JTAC, son évaluation finale. Les candidats ayant obtenu plus de 80% de réussite à chaque étape obtiendront leur qualification, et pourront être projetés sur les théâtres d’opération.
Sources : armee de l Air et de l Espace
Droits : armee de l Air et de l Espace