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Transport aérien militaire : les prochaines étapes pour l'Armée de l'Air

Mise à jour  : 18/05/2017 - Auteur : © Capitaine Marianne Jeune - Direction : DICOD

En 2021, le premier escadron franco-allemand verra le jour sur la base aérienne d’Évreux. Il opérera sur les nouveaux C130J Super Hercules. Retour sur un mariage de raison en plein épanouissement.

S’il est un domaine dans lequel l’Europe de la Défense est prolifique, c’est bien celui du transport aérien militaire (TAM). La richesse des échanges, de la coopération et de la mutualisation des moyens ne cesse de croître depuis une décennie. Plusieurs réalisations en sont la preuve, à commencer par la création emblématique en 2010 de l’EATC (European Air Tranport Command - commandement européen du transport aérien), qui réunit aujourd’hui sept pays. Depuis 2015, la coopération franco-allemande est également en plein essor autour de l’A400M Atlas, avec notamment la formation mutualisée des équipages et des mécaniciens. «Tandis que la Luftwaffe accueille nos mécaniciens et nos jeunes pilotes dans ses structures de formation, l’Armée de l’Air reçoit dès cet été, sur la base aérienne d’Orléans-Bricy, des pilotes allemands pour un premier niveau de formation tactique sur A400M», explique le général Laurent Marboeuf, commandant la brigade aérienne d’appui et de projection (BAAP) au commandement des forces aériennes (CFA). Par ailleurs, l’ETAP-C (European Tactical Airlift Program – Course), dont l’édition 2017 se déroule du 9 au 19 mai à Orléans, est un stage qui concourt au développement de l'interopérabilité des flottes des pays européens et le partage d'expériences en matière de transport tactique. Il aboutit à la délivrance d’une qualification d’Element Leader (chef de patrouille) pour quelques équipages sélectionnés par les nations. Cette interopérabilité essentielle dans les engagements opérationnels communs, tels celui en cours en BSS (bande sahélo-saharienne), théâtre sur lequel des équipages européens mais aussi américains œuvrent aux côtés des Français en soutien des forces françaises engagées dans l'opération Barkhane.

Court terme : réception des premiers C130J et création de la 62e escadre

En 2017, le transport aérien militaire français va connaître une nouvelle étape de sa profonde transformation. Au 1er septembre, l’Armée de l’Air crée une troisième escadre de transport, la 62e escadre, sur la base aérienne d’Orléans, avec en son sein un nouvel escadron de soutien technique aéronautique (ESTA). La 62e escadre réunira les escadrons de transport «Poitou» et «Franche Comté» dans une organisation modernisée. C’est dans cette structure que le premier C130J livré à la France arrivera en toute fin d’année. Il portera l’insigne du «Franche-Comté». «Les services seront différenciés pour ces deux appareils mis en œuvre par l’escadre, car les C130H et les C130J présentent des particularités bien distinctes», précise le général Marboeuf. Le deuxième C130J sera livré en 2018 et les deux suivants en 2019. Ces deux derniers auront la capacité de ravitailler en vol d’autres aéronefs comme les hélicoptères Caracal ou les avions de combat. «Cette décision d’acquérir des C130J marque la volonté des armées de combler une faiblesse capacitaire temporaire consécutive de la déflation de la flotte C160 - dont la fin de vie est prévue pour 2023 - et des retards de développement de l’A400M», souligne le patron de la BAAP.

2021 : création d’une unité binationale sur C130J

C’est en 2021 qu’une unité franco-allemande sera créée sur la base aérienne 105 d’Évreux, réunissant des équipages ainsi que du personnel de maintenance et d’environnement impliqués dans la mise en œuvre de huit avions de transport tactique (ATT) C130J : quatre français et quatre allemands. «Vraisemblablement sous la forme d’une escadre, cette unité est dimensionnée pour accueillir, à terme, jusqu’à douze aéronefs, précise le général Marbœuf. Elle accueillera également un centre d’entraînement moderne et complet acquis en commun.» Et de poursuivre : «Le C130J est une flotte mature déjà exploitée par d’autres armées de l’air étrangères. Nos pilotes en échanges bilatéraux sur cet appareil reviennent également avec une connaissance précieuse. Aussi sommes- nous résolument optimistes pour espérer atteindre la pleine capacité de l’appareil à l’horizon 2024.»

Ce nouvel escadron sera parfaitement binational tant dans le partage du coût que dans son organisation et qu’en matière de soutien technique et logistique. Qu’ils soient français ou allemands, les appareils seront opérés par des équipages mixtes et selon des procédures identiques. Son centre de formation offrira un entraînement commun aux pilotes, loadmasters et mécaniciens sol dans différents simulateurs. En termes de recrutement, le futur fief du C130J bénéficiera d’un véritable brassage culturel du transport aérien tactique, puisque les équipages et les mécaniciens viendront aussi bien des flottes C130H que des flottes C160 ou Casa. «Il en va de la continuité des savoir-faire et des expériences acquis en opération dans le large spectre des modes d’actions tactiques», souligne le général.

Consolider le transport aérien tactique, outil de combat

Quant à la flotte C130H, elle fera l’objet d’une modernisation qui débutera cette année, pour renforcer son aptitude aux opérations spéciales. Dédiée aux unités des forces spéciales, la flotte sera également intégralement transférée à Évreux à l’horizon 2025.

«L’intention, portée par le projet TAM23 du plan stratégique de l’Armée de l’Air, est qu’à terme la base aérienne d’Orléans soit dédiée au segment lourd avec la flotte A400M et que les segments médian - C130H modernisé et C130J - et léger – avec le Casa 235 - soient mis en œuvre depuis Évreux.» Des investissements y seront consentis d’ici là pour notamment consolider le ravitaillement et le transit aérien, adapter les servitudes aéronautiques, construire des surfaces couvertes de maintenance supplémentaires ou améliorer la piste d’entraînement au poser sur terrains courts. «Ainsi, l’Armée de l’Air mettra deux bases aériennes de projection à disposition de la Défense, confie le patron de la BAAP. L’enjeu est bien de créer un véritable outil de combat global, cohérent, et éminemment opérationnel !»


Sources : Ministère des Armées
Droits : © Armée de l'air