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SKYROS : Les petites mains de l’ombre - Partie 2

Mise à jour  : 12/03/2021 - Auteur : Lieutenant Catherine Wanner - Direction : DICOD

Pour que la mission Skyros se déroule sans accroc, de nombreux Aviateurs œuvrent dans l’ombre des équipages. Rarement mis sur le devant de la scène, ils sont pourtant des maillons indispensables à la réalisation d’un tel déploiement, à travers cinq pays différents : Djibouti, Inde, Émirats arabes unis, Égypte et Grèce. Dans ce deuxième article, zoom sur cinq nouvelles spécialités !

                                 

Caporal-chef Ghislain, le défi de la logistique aérienne 

« Je ne suis pas pilote mais, pourtant, j’ai eu la chance de voir beaucoup de pays au gré de mon travail », estime, tout sourire, le caporal-chef Ghislain. Affecté depuis cinq ans à l’escadron de transit et d'accueil aérien (ETAA) de la base aérienne (BA) 123 d’Orléans, il exerce le métier d’agent de transit aérien. Déployé au sein du détachement de transit interarmées (DéTIA) durant la mission Skyros, il peut ajouter l’Inde, les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Grèce à la longue liste des pays dont il a eu la chance de fouler le sol. Durant ces trois semaines de mission, il était chargé de la confection du fret militaire (groupage des marchandises, palettisation, conditionnement), de son transport (chargement et déchargement) et de son suivi administratif. « Dans un A400M, une palette doit atteindre une hauteur maximale de 2 mètres 40, explique le caporal-chef. On doit veiller à bien répartir la charge en disposant les poids les plus lourds vers le sol afin de conserver un centre de gravité. Ensuite, on place un filet qui va maintenir et arrimer toute la charge avant de la hisser dans la soute à l’aide d’engins de manutention. » Préparer une palette est certes un acte physique, mais c’est également un acte administratif. Rédaction de manifestes, établissement de la documentation douanière, enregistrement des données pour assurer la traçabilité des marchandises sont autant de tâches qui lui incombaient. « Nous devons également informer le commandant de bord des spécificités du fret qu’il embarque dans son avion et lui remettre la NOTOC (Notification TO Captain), un document d’informations relatif aux matières dangereuses comme le carburant. » Le caporal-chef assurait également la gestion des passagers et de leurs bagages ainsi que l’accueil des vecteurs (A400M Atlas et A330 Phénix) sur les plateformes. « Il s’agit d’assurer le guidage des avions jusqu’à leur point de stationnement et leur mise en sécurité. »  Bien sûr, afin de réaliser toutes ces tâches, le caporal-chef ne travaillait pas seul. Durant Skyros, il était épaulé par dix agents de transit aérien des ETAA d’Istres, d’Orléans, de Villacoublay et d’Évreux. Un brassage de cultures très enrichissant. « À Orléans par exemple, on est habitué à travailler sur avion cargo (A400M) et à concevoir des palettes avec de gros volumes de fret tandis qu’à Istres, ils sont davantage spécialistes du traitement et de l’accueil de passagers, et à Villacoublay, de VIP (personnalités de marque) notamment. Chacun de nous va apporter ses connaissances et finalement l’on apprend beaucoup les uns des autres. C’est une des grandes plus-values de cette mission Skyros pour nous, agents de transit aérien », conclut-il.

                       

                                             

Mme le commissaire Caroline, soutenir les Aviateurs déployés

Garante des finances, le capitaine Caroline, commissaire de la mission Skyros, d’ancrage santé et affectée au groupement de soutien de la base de défense (GSBDD) de Gap, était au cœur du soutien logistique du détachement. Avec son adjoint finance, le sergent-chef Leslie, elles étaient notamment chargées des prestations liées au soutien-vie du dispositif : transport, hébergement, restauration, service de laverie, etc. Dès le mois de novembre, elles étaient à pied d’œuvre. « Il faut faire preuve de souplesse notamment vis-à-vis du manning (de l’effectif) qui a beaucoup évolué : j’ai dû refaire les demandes de réservation de chambres plusieurs fois, plaisante-t-elle. Avec la crise de la Covid-19, il a fallu s’adapter et prendre en compte certaines mesures dans l’établissement du budget. Par exemple, lors de l’étape en Grèce où l’on avait besoin de bus pour effectuer les allers-retours entre l’hôtel et la base aérienne de Tanagra, on ne pouvait être, pour des raisons sanitaires, que 20 personnes dans un autocar de 50. Il faut toujours être sur le qui-vive et en mesure de réajuster. » Ce sont également elles qui ont collecté l’ensemble des passeports des participants afin de réaliser les différentes demandes de visas. Le commissaire Caroline a découvert le milieu de l’armée de l’Air et de l’Espace lors de ce déploiement et se dit très satisfaite de cette expérience.

                    

                             

Adjudant Damien, garantir la disponibilité des aéronefs 

Durant la mission Skyros, l’adjudant Damien, qui compte 19 opérations extérieures en 17 ans de carrière au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace – dont dix passées sur Mirage F1 et sept sur Rafale – a chapeauté une petite équipe de six mécaniciens avionique. Leur rôle ? Mettre en œuvre et assurer la maintenance des équipements électriques et électroniques des quatre Rafale déployés (Spectra – système de protection et d'évitement de conduite de tir –, radar, optronique secteur frontal, radio, éclairages, commandes de vol électriques, etc.). Particularité d’un tel déploiement : la rapidité avec laquelle s’enchaînent les escales. En effet, les Aviateurs ne sont restés que trois à quatre jours sur chaque site, ce qui demandait de la part des mécaniciens une capacité d’anticipation et d’adaptation sans faille afin de garantir la disponibilité des aéronefs. « Alors que le détachement français s’apprêtait à quitter la base aérienne de Jodhpur, en Inde, un Rafale a subi une panne de génération électrique la veille du départ. Savoir travailler vite et bien est alors primordial pour remettre sur pied l’appareil. » Le lendemain matin, le Rafale, plus en forme que jamais, était aligné en bout de piste, prêt à mettre le cap sur les Émirats arabes unis. Les mécaniciens qui avaient travaillé jusque tard pour le dépanner ne l’ont pas quitté des yeux. Il s’envolera finalement sans encombre avec ses trois acolytes chasseurs, suivis de près par l’A330 Phénix. Une fois tout le détachement parti, il était l’heure pour l’adjudant Damien et une dizaine de mécaniciens Rafale (pistard, avionique, vecteur, armurier) d’embarquer dans l’A400M Atlas en charge de l’aérotransport de l’échelon lourd. Réactivité, endurance, rigueur : tels sont les maîtres-mots pour les mécaniciens dont le travail constitue un des facteurs clés de la réussite d’une telle mission.

                                        

                              

Adjudant Gaël, l’expertise des pompiers de l’air au profit de la désinfection des aéronefs

L’adjudant Gaël, le sergent Baptiste et le caporal-chef Émeric, de la section d’intervention NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) de l’escadron de sécurité incendie et de sauvetage (SI NRBC) de la base aérienne 120 de Cazaux ont formé durant la mission Skyros un EDA (élément de décontamination air). « On met à disposition notre savoir-faire acquis dans la décontamination biologique et on l’adapte pour lutter contre la Covid-19, explique l’adjudant. Nous sommes chargés de désinfecter les aéronefs après chaque vol ayant accueilli du personnel extérieur au détachement français, mais également à la fin de chaque escale, juste avant de quitter un territoire. » La procédure obéit à un protocole strict. La première étape comprend le bionettoyage et la désinfection de surface ; la deuxième étape, l’assèchement de l’air ambiant à l’aide de la climatisation de l’appareil ; la troisième étape, la brumisation d’une solution virucide. 6h30 de travail sont nécessaires pour un A400M Atlas, 8h15 pour un A330 Phénix. Sans l’action de son équipe, l’embarquement de personnel extérieur au dispositif Skyros n’aurait pas été possible, privant, de facto, nos partenaires de vols à bord des aéronefs de l’armée de l’Air et de l’Espace, réduisant la qualité de certains échanges.

                
Lieutenant Yves, veiller sur les aéronefs                      

Quatorze Aviateurs, équipiers maîtres-chiens et fusiliers de l’air des escadrons de protection des bases aériennes 110 de Creil, 133 de Nancy et 113 de Saint-Dizier ont participé à la mission Skyros. Leur rôle ? Veiller sur les quatre Rafale, les deux A400M Atlas et l’A330 Phénix. « Lorsque des aéronefs de l’armée de l’Air et de l’Espace sont déployés sur des plateformes aéroportuaires étrangères, ceux-ci doivent être surveillés en permanence. En journée, lorsque des mécaniciens, des techniciens du DéTIA (détachement de transit interarmées) ou des équipages travaillent sur les machines, notre présence n’est pas nécessaire. Elle le devient dès qu’ils quittent le tarmac. » À l’heure où la plupart des Aviateurs partaient se coucher, le lieutenant Yves et ses hommes poursuivaient, eux, leur journée… de nuit. 

 

 


Sources : armee de l Air et de l Espace
Droits : armee de l Air et de l Espace