Accueil | Actualités | Articles | Un colloque riche d'enseignements Actualités ... Articles | Un colloque riche d'enseignements

Un colloque riche d'enseignements

Mise à jour  : 01/12/2011 - Auteur : Samantha Lille - Direction : DICOD

Tirer les enseignements des différentes opérations dans lesquelles la France a été engagée, tel était l’objectif du colloque « Regards sur une année d’engagements opérationnels » organisé à l’Ecole militaire à Paris, le 22 novembre. Des autorités politiques et militaires mais également des acteurs de l’industrie de Défense se sont ainsi succédé pour apporter leurs témoignages.

Placé sous le haut patronage du président de la République,Nicolas Sarkozy, et sous la présidence du ministre de la Défense et des Anciens combattants, Gérard Longuet, le colloque "Regards sur une année d'engagements opérationnels" était centré sur les principales opérations menées en 2011. De l’Afghanistan (Pamir), à la Côte d'Ivoire (Licorne), sans oublier l’intervention au-dessus de la Libye (Harmattan), les forces françaises ont démontré tout au long de l’année leur capacité à agir sur plusieurs théâtres. En dehors de ces trois principales zones de conflit pourraient s’ajouter la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes, ou le Liban. Au total, jusqu’à 13 000 hommes ont été engagés simultanément. Une véritable "endurance opérationnelle" alors que le ministère effectue la plus importante réforme des armées depuis la professionnalisation : entre 2008 et 2015, 54 000 emplois de la Défense seront supprimés.

« Cette rencontre va permettre d’établir un retour d’expérience partagé. » C’est devant un auditoire composé de parlementaires, diplomates, industriels, journalistes,think tank et des représentants des trois armées, que le ministre a ouvert les travaux de cette rencontre inédite articulée autour de quatre thématiques.

Premier temps fort de ce 22 novembre avec la table ronde d’ouverture qui avait pour objectif de mettre en avant les réponses diplomatiques et militaires à la volonté politique. Le ministre a ainsi souligné la solidité et la pertinence des institutions francaises qui permettent, avec la répartition des responsabilités sous l’autorité du Chef de l’État, du ministre d’État chargé des Affaires étrangères et du ministre de la Défense, de répondre efficacement aux crises.

 « Il n’y a pas de modèle idéal d’opération, chacune est différente » a rappelé l’amiral Guillaud, chef d'état-major des armées. Ces opérations se préparent et cette mise en œuvre passe tout d’abord par une recherche de légitimité juridique internationale. « Aujourd’hui, pas une des opérations de l’Otan ne se fait sans l’aval du conseil de sécurité de l’Onu » a souligné Alain Le Roy, ancien secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l'Onu. Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique du président de la République insistera lui, sur le rôle central de la politique française : « Cette année a permis à la France non seulement d’occuper pleinement son rang, mais aussi de faire progresser une certaine conception très française de l’ordre international.(…) nous avons fait vivre par deux fois, en Libye et en Côte d’Ivoire, le concept de la responsabilité de protéger, depuis son adoption en 2005 par le Conseil des Nations Unies. » 

S'adapter au tempo de chaque opération

Après avoir appris comment se décide un engagement, l’auditoire a pu entrer dans les coulisses du commandement militaire. Selon le général Castres, sous-chef d’état-major opérations de l’état-major des armées,  « cette année a été exceptionnellement dense. En dehors de Licorne, Pamir et Harmattan, nous avons du faire face à une dizaine de crises inopinées qui nous ont conduit à activer quatre cellules de crise de niveau stratégique à l’Etat-major des armées. »

Pour répondre à ces situations d’urgence, la chaîne de commandement a du faire preuve de réactivité et d’unicité. « Pour exemple, moins de 24 heures après l’adoption de la résolution 1973, une patrouille d’avions de chasse français a pu arrêter une colonne de chars aux portes de Benghazi. » a souligné le général Castres. Cette rapidité d’exécution, les forces s’y préparent. Cependant, il faut parfois s’adapter comme l’explique l’amiral Coindreau, commandant la force aéromaritime française de réaction rapide. « Pour la première fois le BPC embarquait 18 aéronefs de l’armée de terre. Il a fallu bâtir une préparation ad hoc pour le couple BPC / groupe aéromobile. En dix jours, la capacité opérationnelle complète de l’ensemble a été atteinte. »

« Les films n’en parlent pas, mais pourtant il est primordial ». C’est par ces mots que le journaliste Pierre Servent a abordé une dimension importante des engagements : le soutien. Le général Rouzaud, commandant interarmées du soutien a tenu à rappeler que le soutien n’avait pas failli malgré la montée en puissance simultanée des bases de défense.

Performance et disponibilité des matériels étaient aussi au rendez-vous. Les théâtres ont permis de valider la pertinence de choix technologiques faits depuis plusieurs années. Laurent Collet Billon, délégué général pour l'armement, a souligné la capacité à  concevoir et produire des équipements qui répondent dans le temps long aux enjeux capacitaires et à les adapter en boucle courte aux exigences spécifiques des théâtres d'opération. « Nous avons eu recours aux urgences opérations mais en nombre suffisamment limité pour conclure que les systèmes déployés étaient suffisamment prêts et flexibles pour épouser les spécificités des théâtres ». Dans cette recherche de la performance, les industriels étaient également au premier plan. « Nous avons du à la fois nous inscrire dans la durée et montrer une grande flexibilité » a redit Antoine Bouvier, président directeur général de MBDA, « mais nous avons eu aussi la confirmation que notre vision capacitaire et les grandes lignes de recherche et développement étaient bonnes. »

 « Tout cela n’est possible que parce qu’il y a des hommes »

Des succès opérationnels qui illustrent la qualité des soldats français. Lors de cette dernière table ronde, dix hommes issus des trois armées sont venus raconter leur vécu, apporter leur vision des conflits auxquels ils ont participé à partir d’un avion de chasse, d’une frégate anti-aérienne ou d’un véhicule blindé. A l’image du lieutenant-colonel Caffaro,du 21e régiment d’infanterie de marine, blessé le 18 septembre 2010 en Afghanistan par un obus de mortier, qui témoigne: « Il est essentiel pour nous de savoir que l’institution fera tout pour nous sauver ». Après avoir combattu pour sa survie, l’officier mène un nouveau combat, celui de la reconstruction. L’homme regagnera son régiment cinq mois après avoir été blessé :« sa victoire à lui ». Même théâtre, autre témoignage. Le sergent chef Yann Baratte, contrôleur aérien avancé du commando parachutiste de l'air 20, raconte une prise à partie dans la vallée d’Alasay : « Nous avons assuré la coordination d'une seule frappe aérienne, au bon endroit. Après 8h de combat, la meilleure des récompenses, c’était le silence ».

Ces engagements ont aussi un coût humain. 26 militaires sont morts en opérations depuis un an, une centaine ont été blessés sur le seul théâtre afghan.

Gérard Longuet a conclu : « Il y avait un besoin d’échange et surtout un besoin de comprendre ce que signifie votre engagement. A cet instant, je tiens à vous exprimer, au nom du Gouvernement et à titre personnel, la très grande fierté pour la République de disposer d'une si belle armée. » Une journée qui a ainsi permis de rendre hommage à tous les militaires des forces françaises.


Sources : Ministère des Armées