Les 23 et 24 octobre 2012, le centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan et la revue Inflexions ont organisé le colloque « Faire face aux blessures invisibles : une approche psychosociale des traumatismes de guerre ». Le ministre de la Défense a clôturé ces deux journées de débats, en affirmant sa volonté de renforcer la coordination entre tous les acteurs, militaires, médicaux, associatifs... pour que ces blessures psychiques soient mieux prises en compte.
« Faire face aux blessures invisibles », tel était le thème du colloque qui s'est tenu les 23 et 24 octobre 2012, à l’Hôtel National des Invalides à Paris. Organisé par le centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan et la revue Inflexions, ces deux journées de réflexion ont été l'occasion pour les militaires, médecins, chercheurs, et représentants du monde associatif de traiter de ces blessures psychiques à travers une approche psycho-sociale.
Les débats se sont articulés autour de quatre tables rondes : « la blessure invisible, une réalité », « renforcer la résilience », « quel rôle pour le commandement ? », « les chemins du retour ? ». Ce colloque a été clôturé par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Le théâtre afghan, en particulier, a multiplié les situations où les militaires sont confrontés à des situations parfois traumatisantes au plan psychique. Ces traumatismes sont de véritables blessures à l’origine d’un état de stress aigu. Celui-ci peut évoluer vers un état de souffrance psychique chronique dont l’état de stress post traumatique (ESPT) est l’expression la plus spécifique. Cet état de stress post-traumatique résulte d’une confrontation personnelle avec la réalité de la mort, dans la surprise, l’impuissance et l’effroi. « Pas plus que le soleil, la mort ne peut se regarder en face » écrit le psychiatre militaire François Le Bigot. Ces troubles peuvent toucher tout le monde, y compris le militaire surentraîné et préparé à ce type de situation. Le problème avec le stress post-traumatique, est qu’il se révèle le plus souvent après une phase de latence qui peut durer de quelques jours ou semaines à quelques années. Véritables blessures, ces troubles psychiques post-traumatiques peuvent être très invalidants pour la vie professionnelle, familiale ou sociale.
Pour répondre efficacement à ces traumatismes, les armées sensibilisent les militaires avant le départ. Le bureau médico-psychologique de la direction centrale du service de santé des armées coordonne l'ensemble des réseaux des psychologues des armées. Sur le théâtre d'opération tout un maillage humain est mis en place pour aider le soldat en souffrance psychique. En fin de mission, le “sas” à Chypre, offre aux combattants ayant effectué un long séjour en Afghanistan un temps pour décompresser. Une information leur est alors délivrée pour les sensibiliser aux problèmes psychologiques actuels ou susceptibles de survenir en retour de mission. De plus, des visites systématiques d’aptitude, que les militaires passent chaque année au sein de leur unité, constituent un temps important, pour identifier ceux qui se trouveraient en difficulté psychologique. Le Service de santé des armées (SSA) a mis en œuvre un plan d'action permettant d’améliorer la prise en charge.
Actuellement il est difficile de dénombrer le nombre d'anciens soldats, qui sont atteints par ces troubles. Le Service de Santé des Armées recense environ 550 cas suivis en psychiatrie. Lors de son allocution de clôture, Jean-Yves Le Drian a déclaré que « le ministère de la Défense fait face à ces blessures. Le cadre législatif et réglementaire existe. Le code des pensions d'invalidité reconnait les séquelles psychiatriques dues au combat intense. Le décret du 10 janvier 1992 qualifie même de blessures, les atteintes psychiatriques ».
Le ministre a poursuivi en estimant que « le volume et l'intensité des combats auxquelles ont été soumis nos soldats en Afghanistan, va accroitre le nombre de blessés psychiques. Cela impose une nouvelle stratégie. Si pour les militaires sous l'uniforme la situation reste sous contrôle, il n'en va pas de même pour les anciens militaires. Il est de ma responsabilité de veiller à ce qu'aucun militaire et ancien militaire ne soit laissé pour compte, seul face à ses traumatismes psychiques ». Le ministre s’est aussi fixé une priorité : mieux coordonner les acteurs qui travaillent de longue date sur ce sujet, pour une meilleure prise en compte de toutes les situations douloureuses qui se présentent. « J'ai ainsi demandé au Secrétaire général pour l'administration de me proposer un modèle de coordination, avec tous les acteurs, qui sans relâche, avec engagement et professionnalisme, concourent déjà aux traitements et aux suivis des blessures psychologiques ».
Sources : Ministère des Armées