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Les animaux sur le front français de la Grande Guerre

Mise à jour  : 11/08/2016 - Auteur : F. CANTIN - Direction : DICoD

Ils s’appelaient Vaillant ou Rintintin. Ils ont combattu sur les fronts de la Grande Guerre. Qu’ils soient à poils ou à plumes, les animaux ont rempli des missions de guerre, en soutien des combattants, souvent sous le feu ennemi. Tout au long du conflit, ils sont devenus des compagnons d’infortune.

Le 2 août 1914, si la mobilisation permet de multiplier par quatre le format de l’armée française, près de 14 millions d’animaux sont enrôlés. Malgré le développement du chemin de fer et de l’automobile, le cheval reste indispensable. Plus de 8 millions auraient participé à la guerre. Si l’arme de la cavalerie est l’arme offensive par excellence, elle se révèle peu efficace face aux canons et aux mitrailleuses. Sur le champ de bataille, la mission du cheval évolue. Animal fort, agile, rapide et maniable, il est missionné à la logistique ou affecté aux compagnies de mitrailleuses de l’infanterie et aux batteries d’artilleries. Une batterie de 4 canons nécessite environ 200 chevaux. Il transporte matériel, armement et approvisionnement vers le front, faisant fi des chemins accidentés, de la boue et des intempéries. Il tracte également les ambulances, les trains et les véhicules. Face au besoin grandissant, les chevaux de fermes sont réquisitionnés. En 1917, le cheval est décimé par l’artillerie, les gaz et les maladies. Près de 300 chevaux tombent chaque jour. Il est de plus en plus difficile de les remplacer. « Il faut aller les acheter au Canada, aux Etats-Unis ou en Argentine. On les amène par bateaux lors d’interminables traversée de l’Atlantique », explique Eric Baraty, professeur à l’université de Lyon 3 et historien. Cette baisse d’effectif a un impact négatif sur la tactique militaire. D’autres équidés participent à l’effort de guerre. Environ 275 000 ânes et mulets, dernier maillon de la chaîne de transport, sont utilisés par les armées à partir de 1916. Majoritairement originaires d’Algérie, animaux robustes - pouvant transporter le poids de 4 hommes - et agiles, ils deviennent un élément indispensable à l’artillerie de montagne.

L’armée française utilise près de 60 000 pigeons voyageurs comme moyen de communication pour faire face aux bombardements qui coupent régulièrement la communication entre unités. Si des centres d’instruction colombophiles militaires fournissent la majorité des pigeons, d’autres sont réquisitionnés dans les colombiers des grandes villes. En 1917, 250 colombiers-remorques seront opérationnels contre 48, en 1916. La fumée, les bombardements, le brouillard n’empêchent pas le vol du pigeon qui doit livrer son message. Leurs devises : « franchir ou mourir ». Le pigeon Vaillant, matricule 787.15, a porté le dernier message à Verdun lors du siège du fort de Vaux, en 1916 : « 4-06-16 - 11h30 Nous tenons toujours mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites nous donner suite communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon. Raynal. »

Les chiens ne sont pas en reste. En août 1914, le 19ème bataillon de chasseur part au front avec ses 6 chiens de liaison. Neuf mille sont réquisitionnés chez les particuliers et dans les refuges. Un chenil militaire est créé au 12e bataillon de chasseurs alpins puis au sein de la VIIe armée. En 1915, le ministre de la Guerre reconnait l’emploi du chien dans l’armée. Deux ans plus tard, le « Service des chiens de guerre » est créé. L’animal présente de nombreux avantages : une ouïe fine, un odorat développé et une fidélité à toute épreuve. Il est capable d’effectuer diverses missions : aide sanitaire et ambulancier, liaison, attelage et attaque, recherche, patrouilleurs et sentinelles… Comme le chat, il est utilisé comme dératiseur dans les tranchées mais également comme détecteur de gaz. En novembre 1918, près de 5 500 ont été tués ou portés disparus.

Partageant le quotidien des soldats dans les combats, la boue des tranchées, le froid et la faim, les animaux deviennent rapidement des compagnons d’infortune. Ils apportent réconfort et soutien moral aux soldats : c’est la naissance des mascottes. D’autres animaux, comme les puces et les totos (poux), s’invitent également à cette guerre, sans avoir été réquisitionnés…

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Sources : Ministère des Armées