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Le saviez-vous ? Le sosie de Montgomery

Mise à jour  : 31/07/2019 - Auteur : Carine Bobbera - Direction : DICOD

Le saviez-vous ? Derrière beaucoup de coutumes, usages, traditions et expressions militaires se cachent bien souvent des anecdotes insolites, amusantes ou historiques. Alors pour étoffer votre culture générale et briller le matin devant vos collègues à la machine à café, plongez-vous dans notre rubrique du mercredi. Aujourd’hui, vous allez découvrir l’histoire digne d’un film hollywoodien : l’opération Copperhead, qui consista à utiliser le sosie de Montgomery, général en chef des troupes alliées, pour tromper les Allemands sur un potentiel débarquement en Normandie.

Printemps 1944. La tension est à son maximum : le débarquement des Alliés est imminent. Mais personne ne connaît encore ni sa date ni son lieu. Quelques mois avant le jour J, de nombreuses opérations de diversion sont ainsi organisées pour détourner l’attention des Allemands des côtes normandes. Ces opérations ont été regroupées sous le nom de code « Fortitude ». Parmi elles : Copperhead, qui consista à employer le sosie de Montgomery, général en chef des troupes alliées.

A l’origine : une photo de journal…

Quelques mois avant le D-Day, en feuilletant le News Chronicle, le lieutenant-colonel J.V.B. Jervis-Reid, commandant en second du Comité des Ressources Spéciales, découvre la photo d’un acteur australien, qui ressemble à s’y méprendre à « Monty ». L’homme en question s’appelle Meyrick Edward Clifton James. Natif d’Australie, il sert dans l’armée britannique comme officier-payeur. Cette photo lui donne une idée : pourquoi ne pas utiliser ce comédien pour tromper les services secrets allemands ?

Le lieutenant-colonel Jervis-Reid contacte le colonel du Service cinématographique de l’armée, l’acteur David Niven, et lui demande de convoquer James à Londres sous n’importe quel prétexte. Le colonel Niven, assisté de son ordonnance, le comédien Peter Ustinov, lui fait alors passer des essais et… sont bluffés par sa ressemblance physique avec Montgomery. Cependant, sa voix et sa gestuelle sont très éloignées de celle de Montgomery. Autre problème majeur : James est alcoolique et fume à outrance. Monty ne tolérait pas que ses subordonnés fument et boivent en sa présence. James est donc mis au régime sec !

Des cours intensifs pour une ressemblance sans équivoque

La date fatidique du débarquement en Normandie arrive à grands pas et l’acteur australien n’est toujours pas prêt à endosser le rôle. Admis à l’état-major de Monty afin de pouvoir l’étudier au mieux, il suit des cours intensifs afin de modifier sa voix et imiter parfaitement les moindres gestes habituels de son modèle. Une prothèse lui est même fabriquée pour remplacer son doigt perdu mais qui intact chez le général. Pendant ce temps, les agents britanniques en Méditerranée propagent des rumeurs sur l’arrivée prochaine du général. Il viendrait effectuer une visite d’inspection dans le cadre d’un débarquement massif dans le Sud de la France.

Le 25 mai 1944, l’opération est lancée à 6 heures. James quitte Whitehall en grand uniforme. Face aux journalistes convoqués pour la circonstance, sa voiture le conduit à la base de la Royal Air Force (RAF) de Northolt, où l’attend un avion pour Gibraltar. Au passage du faux Monty des rumeurs circulent et prétendent que le général part pour l’Afrique du Nord. Les médias britanniques relayent ainsi massivement l’information.

Arrivé à Gibraltar, lors d’une réception dans la maison du gouverneur, il fait plusieurs fois allusion au « Plan 303 », qui prévoit d’envahir le sud de la France. Les services secrets allemands captent cette information et la relaient à Berlin. Le piège fonctionne. James s’envole ensuite pour Alger rencontrer le commandant en chef du secteur de la Méditerranée : le général Maitland Wilson. Notre faux Montgomery apparaît sur un balcon, agitant des cartes en direction de la mer. Il est ensuite envoyé au Caire où il demeure enfermé dans une chambre d’hôtel jusqu’au D-Day.

Mission réussie

Aujourd’hui une question se pose : l’interprétation de James abusa-t-elle réellement les Allemands ? Toujours est-il que la veille du Débarquement en Normandie, les Allemands avaient baissé leur garde : Rommel, responsable de la défense des côtes de la Manche, était à Berlin pour fêter l’anniversaire de sa femme avant une entrevue avec Hitler et l’état-major de la VIIe armée allemande, chargée de la défense la Normandie, était en permission à Rennes, soit à 185 km par route de Caen.

Après-guerre, Clifton James retomba vite dans l’oubli. En 1954, il publia ses exploits dans un livre intitulé « I was Monty’s Double », qui fut porté à l’écran quatre ans plus tard.

 

[Source] Les plus incroyables histoires des anonymes de la guerre: Essai historique, par De Donald Graeme.


Sources : Ministère des Armées