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Séminaire ATF - Version française

Mise à jour  : 04/07/2017

Les 25 et 26 avril, le général CEMAT  réunissait à Paris ses homologues ou leurs représentants allemand, britannique et américain à l’occasion d’un séminaire inédit de réflexion dédié aux problématiques futures de nos armées. L’objectif ? Partager leur vision commune des mutations du monde, analyser les menaces à venir et leur apporter une réponse.

Comment dominer demain ?

Les travaux menés par l’armée de Terre, formalisés l’an dernier dans l’ouvrage de référence Action Terrestre Future (ATF),  ont été le point de départ de ce premier séminaire quadripartite portant sur les grandes problématiques du moment. Technologiques, démographiques, sociétales et bien sûr militaires, elles recoupent les principales préoccupations des armées de Terre des pays invités. D’un format réduit pour favoriser des échanges très directs, le colloque intitulé en anglais Tomorrow’s Victories Start Today déroge aux règles du genre. Comme annoncé par le général Bosser en préambule de la matinée de restitution des travaux, « ce séminaire est en dehors du cadre habituel lorsqu’il s’agit de rassembler des armées partenaires autour de la table ». Mais la rapidité d’adaptation de nos adversaires nous impose d’être innovants et réactifs, y compris dans notre manière de réfléchir ensemble à l’avenir.

Si Action terrestre future est un document clé dans la démarche prospective de l’armée de Terre française, il n’a pas de réel équivalent dans les pays des officiers invités. Aussi, les officiers français ont-ils dans un premier temps rappelé les points-clés d’ATF, avant d’organiser des tables rondes autour de réflexions thématiques telles que le contexte futur des opérations, le renouvellement des capacités des armées dans les années à venir ou encore leur faculté à générer et maintenir une masse suffisante de force pour produire des effets dans la durée.

Les travaux interalliés se sont également penchés sur le visage de la manœuvre l’horizon 2035. Ce point a d’ailleurs occupé une place importante dans les discussions. Alors que les chocs seront plus durs, il faut réfléchir dès aujourd’hui à la manière d’être à la fois plus agiles pour esquiver les coups et plus puissants dans ceux que nous infligerons à l’ennemi, dans les champs matériel et immatériel. L’armée de Terre française et ses alliés convergent pour dire que la doctrine et les technologies prendront une part égale dans cette nouvelle manière de combattre. En France, ceux qui préparent l’avenir, à l’EMAT et au CDEC, y réfléchissent déjà.

Faire converger les points de vue

Au terme de ces travaux de groupe, les officiers des armées de Terre des trois pays alliés invités ont confronté leurs approches. « Pour les prochaines années, le défi de nos armées sera d’aller au-delà de la réflexion commune, en franchissant le cap de l’expérimentation commune », explique au pupitre un officier américain au sujet du combat aéroterrestre.

Ce colloque international s’est conclu par les interventions des chefs d’état-major ou de leurs représentants, unanimes quant à la pertinence de cette initiative inédite. Les avis se rejoignent sur la nécessité d’identifier, de nommer et d’analyser sans tabou la menace, sur le besoin de penser la prochaine génération de matériels qui devra combiner la robustesse des systèmes et l’agilité des nouvelles technologies, ou encore sur les traits saillants de la manœuvre future. La réduction des signatures, qu’elles soient visuelles, électromagnétiques, cyber ou bien encore logistiques, sera un impératif face à un adversaire qui disposera des moyens de frapper nos vulnérabilités.

L’armée de Terre française expérimente déjà en bande sahélo-saharienne des unités de petite taille appelées « pions insubmersibles », disposant de toutes les capacités (y compris santé) pour pouvoir mener des actions autonomes dans la profondeur et être en mesure de se regrouper très rapidement sur ordre. Faut-il y voir la préfiguration du champ de bataille futur où compréhension, furtivité et rapidité seront la clé du succès tactique ? La question reste ouverte et appelle à la poursuite des travaux, ensemble. Nos partenaires y sont disposés et, à les écouter, il semble bien qu’une dynamique vertueuse soit née de cette rencontre d’un genre nouveau ! « Ce séminaire aura montré qu’il nous faut analyser dans quelle mesure nous pouvons fédérer nos forces communes plutôt que d’essayer de pallier nos faiblesses, explique le général Sir Nicholas Carter, chef d’état-major de l’armée de Terre britannique (British Army). Et bien sûr, notre force, en tant que grandes armées occidentales, c’est la valeur de nos hommes. Elle nous permet d’être réactifs, en mesure de nous adapter et d’imaginer pour l’avenir de nouvelles approches, par exemple de déconcentration de nos moyens et de concentration de nos efforts. »

 Ils l’ont dit

« J’espère que nous aurons la possibilité d’organiser dans notre état-major un prochain séminaire de ce type », général de corps d’armée Frank Leidenberge, adjoint du chef d’état-major de l’armée de Terre allemande (Bunsdeswehr).

« Même si leurs formats diffèrent, rien n’empêche nos armées de travailler dans le futur pour expérimenter de nouveaux concepts ensemble. Les mutations de notre ennemi nous forcent à nous unir pour être plus forts », général d’armée David Perkins, commandant le Army Training and Doctrine Command  (équivalent du CDEC français de l'US Army)

« Notre défi va être de continuer à faire émerger des idées et à les expérimenter ensemble pour développer un projet commun d’ici 2035, pour aller au-delà de ces discussions », général Sir Nicholas Carter, chef d’état-major de l’armée de Terre britannique (British Army).

« Nous avons de vraies convergences en matière de perceptions de menaces et je suis convaincu qu’il faudra encore déployer beaucoup d’énergie pour connaître de plus en plus et de mieux en mieux notre ennemi », général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’armée de Terre.


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