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Parier sur l’avenir

Mise à jour  : 09/08/2019

Les robots, mythe ou réalité ? Les avancées technologiques ont permis ces dernières années de développer des systèmes automatisés de plus en plus adaptés aux besoins opérationnels des Armées. Sous l’impulsion du programme Scorpion, une première livraison de drones et de robots est en cours.

Préfigurant l’avenir, des prototypes sont déjà à l’essai sur le terrain et seront dès l’année prochaine déployés au sein des unités de combat. Si de nombreuses questions sont encore en suspens, tous les acteurs sont en ordre de marche pour bâtir les nouveaux standards des systèmes automatisés aéroterrestres.

Les Balkans ou encore l’Afghanistan ont été les théâtres du développement d’une nouvelle gamme de robots et drones (Minirogen, Drogen etc…) pour lutter contre les mines ou les engins explosifs improvisés (IED). Parallèlement, l’emploi systématique des drones préexistants (DRAC, SDTI) a considérablement facilité l’observation et le renseignement en temps réel.

Les robots sont-ils seulement une interface entre le danger et les forces ?

« Jusqu’à maintenant oui, affirme le colonel Marc, chef de section environnement Scorpion à l’état-major de l’armée de Terre (EMAT). Mais la prochaine évolution des systèmes automatisés les placera au cœur du groupe de combat. Les systèmes automatisés aéroterrestres deviendront des équipiers du militaire, totalement intégrés à la manœuvre et la chaîne de commandement. Une seule ligne rouge : la France n’aura pas de robots armés autonomes sur le champ de bataille. L’homme restera le seul apte à prendre la décision d’ouverture de feu. »

Augmenter le rendement de la force

Permis par les dernières avancées technologiques des calculateurs et de l’intelligence artificielle (IA), les applications potentielles ont très vite intéressé les militaires. Aujourd’hui les Armées s’appuient sur les industriels pour proposer des matériels innovants répondants aux besoins spécifiques opérationnels. « La formidable transition capacitaire portée par Scorpion est l’opportunité idéale pour l’armée de Terre de développer une capacité robotique propre à sa vision de l’action terrestre future, explique le général Beaudouin, sous-chef du bureau plan programme de l’EMAT. Cette capacité permettra notamment de générer des effets de masse et d’accélérer le rythme opérationnel pour augmenter le rendement de la force dans des domaines aussi variés que les systèmes de surveillance, de protection, de détection des menaces ou des flux logistiques. » Les Armées ont développé une nouvelle façon de préparer les futurs programmes d’équipements.
« Terminator ne défilera pas sur les Champs- Élysées. » Dans son discours de Saclay le 5 avril dernier, la ministre des Armées Florence Parly était très claire sur l’emploi des robots autonomes armés. Mais sans sombrer dans les fantasmes alimentés par le développement de l’IA et des systèmes automatisés, les théâtres d’opérations devraient d’ici à quelques années devenir un espace de manœuvre pour ces nouveaux matériels. La notion de robot n’est pas nouvelle au sein des Armées. Déjà en 1917 les soldats l’utilisaient dans les tranchées pour traverser les barbelés ennemis.

Aujourd’hui c’est un travail quotidien autour de trois grandes entités (EMAT, DGA, industriels) toutes tournées vers un objectif : répondre aux besoins opérationnels du combattant. « Nous avons mis en place une démarche plus vertueuse et efficace, explique le colonel Marc. Les industriels nous proposent des programmes parfois même à l’état de prototypes. Les militaires en amont ou lors de la présentation du matériel, expriment le besoin et la Direction générale de l’armement met en perspective les aspects matériels et financiers. Au final nous gagnons du temps tout en apportant une réponse plus adaptée à la réalité du terrain. »

Démultiplier les effets du combattant

Si le postulat de départ paraît simple, les obstacles sont encore nombreux « Nous devons répondre au défi du milieu terrestre, vaincre la complexité du sol, insiste l’officier supérieur. Comment va réagir le robot face à un obstacle ? Quelle interaction entre l’homme et la machine, son degré d’autonomie ? Il faut résoudre ces problématiques techniques, tactiques, mais aussi humaines avant de l’intégrer au groupe débarqué. Les systèmes automatisés doivent démultiplier les effets du combattant sans le ralentir dans sa mission et lui permettre de se concentrer sur des tâches à haute valeur ajoutée. Les systèmes d’observation, par exemple, permettront demain d’assurer les missions de surveillance sur les arrières et laisser ainsi au combattant la possibilité de se concentrer sur sa mission principale. Dans le même ordre d’idée, la mule est au cœur de nos programmes. Elle pourrait, à terme, décharger nos soldats d’une partie du poids embarqué et leur donner une plus grande agilité au combat. » Si de nombreux matériels de type drone ou robots du génie sont déjà déployés en opérations et sur le territoire national, les prochaines années verront l’apparition de nouveaux systèmes intégrés au plus près du combattant et disposant de certaines fonctions d’autonomie. Dès 2020, quelques ”gros” robots seront testés en Opex en étant directement intégrés aux unités élémentaires. En 2025, ils devraient être pleinement opérationnels. « Ses systèmes seront plus autonomes et adaptés aux besoins opérationnels du GTIA, affirme le général Beaudouin. Mais les fondamentaux du combat resteront les mêmes. Le groupe débarqué bénéficiera d’aides supplémentaires destinés à faciliter sa mission, mais ce sera toujours lui qui montera à l’assaut et délivrera les feux. Nous ne remplacerons jamais l’homme au cœur de nos opérations. »

>>> Retrouver le dossier complet "les systèmes automatisés"


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