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Les femmes dans l’armée de Terre : une réalité forte

Mise à jour  : 08/03/2017

Chaque année, le 8 mars célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Officialisée par les Nations unies en 1977, elle permet de faire un bilan sur la situation des femmes dans le monde. Si l’armée de Terre compte de plus en plus de femmes dans ses rangs, de nombreuses idées reçues subsistent. 

La féminisation dans l’armée de Terre n’est pas un but à atteindre mais le reflet d’une réalité forte, avec, en 2016, un taux moyen de 10%. L’égalité est l’une des valeurs fondatrices des armées et, parce qu’elle est l’une des figures de la nation, la défense se doit d’être exemplaire, qu’il s’agisse de la solde, de la carrière ou de l’accès aux responsabilités. 

Outre l’exigence de discipline, la disponibilité et l’abnégation qui font la spécificité du métier des armes, chaque soldat est potentiellement amené à combattre ; il est donc impératif de maintenir un niveau physique minimum, quel que soit le sexe. Ainsi, seule l'évaluation sportive impose des épreuves et barèmes adaptés au personnel féminin afin de ne pas les pénaliser sur la phase initiale de sélection et faciliter, comme pour les hommes, l’orientation vers l’emploi le plus adapté à leur potentiel.

L’exigence physique attendue n’étant pas la même pour tous les postes, il est logique de trouver davantage de femmes dans les unités de soutien ou d’appui plutôt que dans les unités de combat. Sur les 1200 personnes que compte le 2e régiment d’infanterie de Marine (2e RIMa) du Mans, on ne compte par exemple « que » 19 femmes mais, parmi elles, la présidente des militaires du rang élue l’an dernier avec 76% des voix. A contrario, les régiments de guerre électronique de l’armée de Terre (44e et 54e régiment de transmissions) sont parmi les plus féminisés de France. Environ 30% des « casseurs de codes », linguistes et analystes sont des femmes, essentiellement des cadres, techniciens et experts de très haut niveau. 

Enfin, comme tout militaire, les femmes exercent leur métier sur le terrain et, avec la professionnalisation des armées, elles sont de plus en plus nombreuses à être engagées en missions. Ainsi, en octobre 2016, parmi les 6 388 militaires de l’armée de Terre déployées en opérations extérieures, 294 étaient des femmes, soit 4,6% de la population projetée.

3 questions au caporal-chef Nathalie, président des engagés volontaires de l’armée de Terre – 2e RIMa

Le président des engagés volontaires du 2e régiment d’infanterie de marine est la première femme élue à cette fonction. A ce titre, elle représente les 856 militaires du rang de son régiment de Troupes de Marine.

Élue avec une majorité qui ferait rêver n’importe quel candidat à la Présidentielle, le caporal-chef Nathalie garde la tête sur les épaules. Sept mois après son élection, elle prend ses marques comme président des engagés volontaires de l’armée de Terre (PEVAT) du 2e régiment d’infanterie de marine (2e RIMa).

Pourquoi avoir choisi de vous présenter en tant que PEVAT ?

Pour tout vous dire, je n’y avais jamais songé avant mon élection. Non pas parce que le fait d’être une femme était un élément bloquant, mais je suis quelqu’un de réservé, qui n’aime pas s’exposer. Après, j’ai toujours été convaincue de l’importance des représentants de catégorie. Ils jouent un rôle essentiel, notamment avec les jeunes. Ils sont ″la passerelle″ entre la chaîne de commandement et les Marsouins du régiment pour tout ce qui concerne l’orientation, le déroulement de carrière, les problèmes matériels et personnels qu’ils pourraient rencontrer. Le rôle de PEVAT est exigeant : il peut être un confident, il doit être exemplaire, mature, attentif et tenace mais, en aucun cas, c’est une assistante sociale et encore moins un supérieur. Au moment de l’élection, on peut dire que j’ai été un peu poussée par les autres à me présenter. Après plus de dix ans au régiment, les gens me connaissent, savent ce que je vaux. C’est cette confiance de mes pairs et de mes chefs qui m’a convaincue de sauter le pas. L’envie de voir l’envers du décor, de casser la routine a fait le reste.

Un régiment d’infanterie de marine, c’est un choix assez atypique pour une femme ?

À 20 ans, je n’avais pas de considération pour une arme particulière, déjà car Internet n’existait pas et que l’armée restait discrète vis-à-vis de la population. Je rêvais d’aventures, d’être indépendante. Le goût du terrain, de l’effort, du voyage, ne sont pas des rêves réservés aux hommes. Ces aspirations, j’ai pu les réaliser au sein des troupes de Marine et en particulier au 2e RIMa. Dans l’infanterie de marine, la condition physique compte beaucoup. Sur ce point, les hommes auront toujours des capacités supérieures à celles des femmes. Mais mentalement, je trouve les filles plus fortes. Dans ce monde martial, elles savent qu’elles sont attendues au tournant, qu’on ne leur pardonnera rien. J’ai tiré de ces épreuves une force morale que je m’évertue à transmettre. Ce n’est pas un hasard si j’ai encadré des jeunes dès mon arrivée au régiment en 2003.

D’après vous, la place de la femme dans l’armée de Terre a-t-elle évolué ?

Je ne vous cache pas que, lors de la première réunion des présidents de catégorie, certains ont été surpris de voir le nouveau PEVAT du 2, surtout dans les Troupes de Marine ! Je le conçois parfaitement mais j’ai été très vite acceptée. Quand je suis arrivée au 2e RIMa, il y avait très peu de femmes. Aujourd’hui, elles représentent 1,7% des effectifs. La mentalité sur la place des femmes dans l’armée de Terre a beaucoup évolué. Mon parcours le prouve. Si je peux inspirer d’autres femmes, tant mieux, mais l’important au bout du compte c’est que nous sommes tous des soldats. Nous appartenons tous à la même famille.


Droits : Armée de Terre 2022

L’info en + :

L’apparition des premières femmes servant sous l’uniforme date de la Première guerre mondiale mais c’est à partir du deuxième conflit mondial qu’elles ont pu s’engager sous statut militaire. La féminisation évolue alors de façon lente et progressive notamment dans les années 70 et 80, pour s'accentuer à la fin des années 90.