Dans l’armée de Terre, le terme "escalier social" est une réalité. Par le mérite, la volonté, la manière de servir ou de commander, chaque militaire a la possibilité d’accéder à des fonctions de niveau supérieur. Près de la moitié des officiers et deux tiers des sous-officiers sont issus du corps subalterne.
« L’opportunité de progresser socialement dans notre armée est une vérité historique, affirme le général Marc Conruyt, sous-directeur des études et de la politique de la direction de ressources humaines de l’armée de Terre (DRHAT). Notre histoire militaire récente nous offre de nombreux exemples de chefs issus du rang ou du corps des sous-officiers. » Volonté affirmée de la politique de gestion, le recrutement interne pour accéder au corps supérieur est une des priorités de l’armée de Terre. « C’est une singularité de l’armée de Terre, insiste le général. En 2018, 50 % de nos officiers sont d’anciens sous-officiers, et plus de 60 % de ces derniers sont issus du rang. Peu d’organismes peuvent s’enorgueillir de favoriser à ce point la promotion interne. »
Si les chiffres du recrutement interne au sein de l’Institution se maintiennent depuis plusieurs années, la seule volonté individuelle ne suffit pas. Les moyens pour se préparer, la détection des meilleurs potentiels, ou encore l’accompagnement par les différents échelons de commandement sont indissociables de l’investissement personnel.
« L’implication des cadres est un acte essentiel de la promotion sociale, mais il implique un sacrifice, souligne le lieutenant-colonel Pascal de la DRHAT. Il est naturel de vouloir garder ses meilleurs éléments au sein de sa section. Pourtant, l’armée de Terre encourage à les faire évoluer. C’est un abandon personnel au profit du collectif. Les chefs ayant eux-mêmes bénéficié de cet escalier social, auront à cœur de donner leur chance à d’autres après eux. C’est un cercle vertueux. »
À l’École militaire interarmes de Saint-Cyr-Coëtquidan, le sous-lieutenant Guillaume en a bénéficié. Engagé volontaire au 3e régiment d’infanterie de marine en 2009, il a lui-même obtenu la confiance de ses cadres pour accéder à de plus hautes fonctions. « L’armée m’a donné la chance d’exercer mon métier avec toujours plus de responsabilités. Dans deux ans, une fois arrivé en régiment, j’aurai à cœur de conseiller les plus jeunes et de les accompagner dans leur progression. C’est aussi le moyen de rendre à l’Institution tout ce qu’elle m’a donné. »
En constante évolution, les parcours proposés aux militaires sont concrets. « Principalement basé sur l’idée de méritocratie, notre système s’appuie sur les valeurs profondes de l’armée de Terre, affirme le général Conruyt : la promotion au mérite fondée sur la seule qualité du soldat, la valorisation des talents de chacun au profit d’un collectif efficace et le crédit porté à l’expérience. Une fois leur formation terminée, le retour en régiments des jeunes sous-officiers semi directs favorise la cohésion et fortifie l’esprit de corps. Tout cela dans le même but : consolider la capacité opérationnelle de l’armée de Terre. »
L’armée de Terre « Au Contact », en remontant le volume de ses effectifs, a souhaité amplifier le recrutement interne de ses cadres. Cette dynamique, loin d’être un effet de mode, s’inscrit dans la durée et permet de maintenir un volume constant de cadres directement recrutés dans ses rangs. « Pendant mon temps de chef de corps, mon commandant en second était un ancien sous-officier, ayant passé le concours interne et ensuite devenu officier supérieur, raconte le général Conruyt. Pour son départ, il a défilé juste derrière le drapeau du régiment. C’était pour lui un des moments les plus forts de sa carrière. Cette image est l’exemple même de l’escalier social dont nous parlons si souvent. Gravir les marches une par une au service de la France, fidèle à ses valeurs. »
En 2018, 20 militaires du rang ont intégré la promotion de l’école militaire interarmes pour intégrer le corps des officiers (30 militaires du rang ont intégré la promotion en 2017).
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