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[Soutien psychologique] Secours d’urgence

Mise à jour  : 12/11/2013

12 juillet 2013. 17H11. Gare de Brétigny sur Orge. Des voyageurs attendent leur train sur le quai. Soudain, dans un bruit fracassant, le train Inter cités n° 3657 avec à son bord 385 personnes, déraille à grande vitesse. Quatre voitures sont déchiquetées, une couchée, trois autres traversent les voies avec une rare violence. Un accident sans précédent depuis 25 ans. Le bilan est lourd : 7 morts et 61 blessés. 17h23 : le plan rouge est déclenché. Un numéro vert est mis en place. 500 secouristes et 300 agents de la SNCF sont envoyés sur les lieux. Parmi eux, la cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) du SAMU 91. Objectif : prendre en charge les rescapés et les témoins du drame. Le soir même, gare de Lyon et gare d’Austerlitz, la cellule d’urgence médico-psychologique du SAMU de Paris, appelée en renfort, est en place. Entretien avec le docteur Didier Cremniter, référent psychiatre de ce service.

« Il faut être présent le plus tôt possible auprès des victimes et des témoins de l’accident. En effet, un tel événement peut entraîner des réactions différentes selon les individus : effroi, angoisse, agitation, phobie, prostration, silence absolu. Les gens sont en état de choc. Il faut donner la priorité à la parole afin que les victimes puissent verbaliser leur vécu subjectif. Cette phase de débriefing correspond à une première étape d’une psychothérapie d’urgence. Chaque situation est analysée. C’est au cours de cette période que nous avons repéré les personnes les plus sévèrement atteintes par ce choc émotionnel. Il y avait des gens qui, se sentant mal, se repliaient totalement sur eux-mêmes. D’autres qui, après une période où « tout leur aurait semblé normal », risquaient de revivre sans arrêt les images enregistrées. Une semaine après la catastrophe ils pourraient sombrer dans des symptômes d’envahissement les faisant revivre en boucle les scènes de l’accident. C’est pourquoi notre action ne s’est pas limitée à la prise en charge immédiate, mais s’est poursuivie au cours d’un processus d’accompagnement thérapeutique à moyen terme, avec des consultations régulières et un traitement spécifique adapté à chaque cas de souffrance. Plus on réagit précocement plus on évite que le stress vécu ne se transforme en maladie, celle du syndrome post traumatique. »

« Cette médecine de catastrophe a été mise en place en 1995, après le premier attentat sur la ligne B du RER à Paris. Avec 8 morts et 117 blessés, c’était le premier d’une vague terroriste qui allait ensanglanter la France, de juillet à octobre 1995. En réaction à ces attentats et aux traumatismes qu’ils ont provoqués, le président de la République, Jacques Chirac a donné instruction à Xavier Emmanuelli, Secrétaire d’Etat chargé de l’action humanitaire d’urgence, de constituer un organisme approprié à la prise en charge des « blessés psychiques ». C’est ainsi qu’a été mise sur pied la première cellule d’urgence médico-psychologique pour les victimes d’attentats, de catastrophes et d’accidents collectifs. Une circulaire en fixait les missions. En 1997 le réseau national de prise en charge en cas de catastrophes a été mis en place. Au fil des années, ce dispositif a assuré aussi des missions à l’étranger. Par exemple au Liban, pour traiter les enfants traumatisés par les bombardements, au Sénégal, pour apporter un secours psychologique aux rescapés d’un accident d’avion et en Haïti, lors du dernier séisme. La liste des interventions est longue et le nombre de civils traités s’élève à plusieurs milliers par an. »

« La mémoire du traumatisme peut rester ancrée et, sans intervention thérapeutique, elle risque de se transformer en syndrome post traumatique. D’où la nécessité de traiter les victimes en urgence. D’autant plus que, contrairement aux soldats qui ont suivi un entraînement, la population civile se retrouve brutalement, sans préparation, confrontée à la blessure ou à la mort. »


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