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Adieux aux armes du Général Maurin

Mise à jour  : 26/07/2018

Après 39 années passées au sein de l’institution militaire, dont 17 années au sein de la Légion étrangère, le Général de division Maurin, COM LE, a quitté le 26 juillet 2018, le service actif. Camerone, montée en puissance, spécificité de la Légion étrangère et souvenirs des morts, il revient pour nous sur ces moments forts.

« Je ne les oublierai jamais »

Nous ne remercierons jamais assez le capitaine Danjou et ses hommes de la 3e compagnie du 1er Etranger d’avoir donné Camerone à la Légion étrangère. Ils ont eu le courage de donner leur vie pour la réussite de la mission. Mais leur plus grande victoire a été le respect qu’ils ont inspiré à l’ennemi : « on ne refuse rien à des hommes comme vous ! » La transmission de ce legs est un devoir pour la Légion étrangère. La solennité du rituel de la prise d’armes du 30 avril à Aubagne est pour nous immuable : au souvenir du sacrifice des hommes du capitaine Danjou, nous allions la mémoire des étrangers qui ont versé leur sang pour notre pays. Dans notre for intérieur, chaque 30 avril, chacun renouvelle la promesse de servir la France avec honneur et fidélité, more majorum, à la manière des anciens ! La personnalité qui préside la prise d’armes a un rôle majeur,  celui de la reconnaissance de la France pour sa Légion étrangère. C’est ce qu’ont exprimé en particulier le Premier-ministre en 2018 et le Ministre de la défense en 2017. Mais ce sont d’abord le porteur de la main du capitaine Danjou et ses accompagnateurs qui donnent le supplément d’âme à ce rituel. Ils portent une part de la gloire de la Légion, et surtout la mémoire de leurs camarades tués au combat. Je ne les oublierai jamais.

Le transfert et la montée en puissance de la 13e DBLE (EAU et Larzac)

« D’autres s’installent, vous m’avez dit de marcher » écrivait le capitaine Bourgin, commandant de compagnie au 2e REP tué au combat en 1959 en Algérie. Hier comme aujourd’hui, ces paroles illustrent parfaitement la vie du légionnaire, dont la tâche quotidienne est faite d’entrainements, de gardes, d’opérations, d’attentes, de formations, de changements, au rythme des activités de son régiment. Elles illustrent également la montée en puissance des effectifs de la Légion étrangère, qui a fait gagner à la Légion en 3 ans environ 2000 hommes. Dès mars 2015, en anticipant sur la décision officielle d’augmenter les effectifs de la force opérationnelle terrestre (FOT), prise en juillet 2015, la Légion a accru son recrutement, sans perdre sur la qualité de la sélection. Ce qui permit de créer, avant la fin 2015, une unité élémentaire supplémentaire dans chacun des régiments Légion de la FOT. Puis dès janvier 2016, la 13 montait en puissance au Larzac. Aujourd’hui, 30 mois après l’arrivée du harpon, la 13 est un régiment d’infanterie à 1200 hommes, bien implanté, entrainé, participant depuis l’été 2016 à l’opération Sentinelle, et ayant été engagé récemment au feu à Barkhane ou en opération intérieure à Mayotte. La mission d’installation de la 13 au Larzac fut un vrai défi avec la résolution de l’équation de la construction de l’infrastructure moderne d’un régiment d’infanterie à 1200 hommes (chantier sur 6 années), soumise à la contrainte de la montée en puissance rapide des effectifs sur trois ans (2016-2018), et à celle du budget. A ce stade, la réussite est totale et à l’ensemble des acteurs civils et militaires, je veux leur exprimer ma pleine reconnaissance pour le chemin parcouru, au prix d’un investissement personnel et collectif très fort.

Pour la Légion, ce sont le culte sacré de la mission, la richesse du recrutement, la discipline des cadres et légionnaires et l’unicité du commandement découlant du statut du personnel servant à titre étranger qui ont permis ce succès.

Les Conseils de la Légion étrangère

Instance consultative, le Conseil de la Légion étrangère (CLE) est chargé de fournir au CEMAT et au COMLE des éléments d’appréciation sur la situation générale de la Légion étrangère, en donnant un avis au CEMAT ainsi qu’au COMLE pour les décisions d’ordre . Ainsi, chaque année, autour d’une même table présidée par le CEMAT, des chefs de corps, des présidents des sous-officiers et des présidents des militaires du rang, un officier servant à titre étranger, sont choisis pour représenter leur régiment et leur catégorie.

C’est un instant unique, qui permet à la Légion étrangère d’échanger directement avec son CEMAT.

Je remercie tout particulièrement le CEMAT pour la confiance accordée, et tous les régiments qui, lors de ces CLE, ont partagé leur foi en la Légion étrangère.

Les honneurs aux morts

A la Légion étrangère, le culte des morts revêt une importance particulière. C’est l’essence même du culte du souvenir, l’une de ses quatre traditions majeures. Ce culte trouve sans doute l’explication de sa ferveur dans le fait que la Légion est la famille et est la patrie du légionnaire. Par ce double attachement qu’elle crée, elle doit donc marquer plus que quiconque sa fidélité à ses morts.  Le général Gaultier écrivait : « chaque fois, c’est la même idée qui revient : vivant, ma peau appartient à la Légion ; mort, elle vous appartient à vous, mes camarades !». Ainsi, l’attachement collectif à ceux qui nous ont quittés prime sur la peine individuelle éprouvée que nous procure leur départ : « La Légion ne pleure pas ses morts, elle les honore ! »

Le culte des morts s’exprime à la Légion par des applications morales, par des rites et par la vénération des tombes des légionnaires disséminées à travers le monde. Les obligations morales sont simples, et dictées par le code d’honneur : « tu n’abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes ». Elles sont aussi données par la cohorte des 40 000 légionnaires morts au combat qui veillent sur leurs jeunes.

Héritier de ce glorieux passé légué par leurs Anciens, cet aspect de la mémoire est essentiel pour ancrer les jeunes légionnaires dans l’histoire collective prestigieuse de la Légion en général et de leur régiment en particulier. Il s’agit d’un réel besoin d’identification au passé glorieux de la Légion.

J’ai une pensée toute particulière pour nos morts en opération, en service, en mission ou par accident. Nous leur avons rendu les honneurs. Gardons-les dans nos mémoires. Il s’agit d’un devoir, d’une mission aussi noble que celle de s’entrainer au combat, aux valeurs éducatives que l’on ne soupçonne pas.

Victor Hugo, dans un de ses poèmes décrivait : « La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau ! »

Ce peuple entier, c’est la Légion d’aujourd’hui, qui clame pour les hommes sans nom ce qu’écrivait en 1885 le capitaine de Borelli : « Mes morts, je vous salue, et je vous dis : Merci ! »


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