3 questions au général Guibert

En quoi consiste le rôle de votre état-major dans le cadre d’un déploiement en opération ?

L’état-major déployé dans le cadre de l’opération Barkhane a la même mission qu’en France : il doit travailler en planification et en conduite des opérations afin de me permettre de prendre les bonnes décisions. Une fois cette étape réalisée, il doit transcrire en ordres clairs mes intentions et l’effet final recherché aux unités subordonnées, afin que les objectifs fixés à la Force Barkhane soient atteints.

En cela, la création du niveau divisionnaire au sein de l’armée de Terre à l’été 2016 a permis de stabiliser les relations de commandement ; désormais, l’état-major de la 3e division commande en permanence trois brigades dont les régiments seront engagés sous mes ordres tout au long de cette année 2018 où la 3e division sera en charge des éléments terrestres projetés en opérations.

Comment vous êtes-vous préparé à votre projection à Barkhane ?

Au-delà de ma préparation personnelle effectuée au niveau politico-militaire au ministère et à l’état-major des armées, l’état-major de la division s’est préparé sur le long terme. Sa montée en puissance a débuté par des briefings hebdomadaires sur la situation dans la bande sahélo-saharienne (BSS) et des points de situation bimensuels sur les opérations afin de s’acculturer en profondeur. Bien en amont également, une semaine a été consacrée au pack Vital, pour la préparation individuelle, « fond de sac » indispensable avant toute projection.

A l’approche de l’objectif, les chefs de J de l’état-major (chefs de bureaux) ont bénéficié de briefings en petit comité auprès des grands commandements interarmées, en particulier au CPCO. Ils ont également effectué une reconnaissance d’une semaine sur le théâtre avec leurs homologues du mandat précédent avant de participer à un séminaire interne de présentation et de réflexion, en lien avec les chefs de corps des unités qui seront déployées avec lui.

Enfin, juste avant la projection, tout le Poste de commandement interarmées de Théâtre (PCIAT) et les passerelles des groupements tactiques se sont retrouvés au centre d’entraînement et de contrôle des postes de commandement (CECPC) pour deux semaines. Cette phase importante était consacrée aux derniers points de situation dans tous les domaines et a permis des échanges par visioconférences avec le théâtre. Elle comprend un exercice de synthèse d’un grand réalisme. En effet, cet exercice permet de mettre le personnel des PC dans l’environnement d’information et de décision du théâtre. Les thèmes et les incidents sur lesquels les participants travaillent, sont tirés d’opérations réelles.

Estimez-vous que la préparation a été adaptée aux conditions que vous rencontrez à Barkhane ?

Oui, la préparation a été bien menée car parfaitement adaptée au contexte retrouvé sur le terrain, à la mission et aux travaux attendus sur le théâtre. Elle a aussi été facilitée par le fait que le personnel a été employé, pour beaucoup, dans les mêmes fonctions déjà occupées en France. Enfin, la division a bénéficié de la présence d’un noyau de l’état-major qui avait déjà été déployé sur le théâtre fin 2016 et qui a, en quelque sorte, pu « mentorer » le personnel qui découvrait cette opération particulièrement exigeante.

Tout le monde en a retiré une grande sérénité.

D’ailleurs les signes ne trompent pas. En arrivant deux mois avant mon état-major, j’ai pu mesurer la grande rapidité avec laquelle il a pris sa pleine capacité derrière l’équipe descendante de Barkhane 7.