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Discours de Geneviève Darrieussecq_Avant-première du film « de Gaulle » le 3 février 2020

Mise à jour  : 04/02/2020

- Seul le prononcé fait foi -

 

Madame la directrice de la Dicod,

Chers membres de la famille De Gaulle,

Monsieur le président de la Fondation Charles de Gaulle, monsieur le ministre,

Mesdames, messieurs les parlementaires,

Madame la maire du VIIème arrondissement, madame la ministre,

Monsieur le délégué national de l’Ordre de la Libération, mon général,

Madame la secrétaire générale pour l’administration,

Monsieur le major général des armées, amiral,

Monsieur le gouverneur militaire de Paris, mon général,

Messieurs les directeurs de cabinet du ministère des Armées,

Officiers généraux, officiers, sous-officiers, militaires du rang et personnels civils des Armées,

Mesdames, messieurs, les membres de l’équipe de réalisation et acteurs,

Mesdames, messieurs,

 

 

 

 

 

10 mai 1940. « Ma chère petite femme chérie, Voilà donc la guerre ! La véritable guerre commencée. »

 

24 mai. « Ma chère petite femme chérie, Toujours la bagarre, je n’ai de lettre de personne sauf de toi.  Les choses de mon côté ne vont pas mal. Je suis général depuis hier. »

 

2 juin. « Je t’embrasse de tout mon cœur qui t’aime, ma chère petite femme. Rien ne compte plus que ceci : il faut sauver la France. »

 

Ces mots, issus de la plume de Charles DE GAULLE, le grand public les connait peu. Au plus fort des épreuves de mai-juin 1940, il écrit chaque jour à sa femme.

Happé par le conflit, le commandant de la 4ème Division Cuirassé s’exprime, dans ses lettres, aussi bien en chef militaire qu’en mari et père de famille soucieux de la sécurité des siens. Colonel, Général puis sous-secrétaire d’Etat à la Guerre et à la Défense nationale, saisi par la tragédie en cours, il n’en oublie pas le quotidien de ses proches, délivrant conseils et mots d’affection.

 

Ces mots disent beaucoup de l’homme et de la profondeur de ses sentiments. Ils disent les émotions dissimulées sous le marbre de la statue, les forces et les doutes dans la solitude du chef, les inquiétudes qui transpercent le mari, le père de famille, l’ami… Alors que déjà commence à poindre le Verbe du « premier des résistants ».

C’est ce choix, de l’humain et du sentiment, qu’a fait Gabriel LE BOMIN.

 

Charles DE GAULLE, c’est aussi une voix connue de tous. Qui, ici, n’a pas la voix du Général dans l’oreille. Quel Français, toutes générations confondues, n’a jamais entendu la voix de Charles de Gaulle ? Profonde et ferme, au timbre si reconnaissable, à la diction qui pèse chaque syllabe. Cette voix, par laquelle, le 18 juin 1940, un général de brigade, méconnu et dépourvu de troupes, répondait à l’élocution chevrotante d’un maréchal. Tant de fois, cette voix a parlé pour la France, a été la France, a fait la France.

 

DE GAULLE, c’est aussi une silhouette reconnaissable à nulle autre pareille. Haute et longiligne, qui subjugue et impressionne. A l’image de celle, pleine d’allant et d’ardeur, immortalisée au bas des Champs-Elysées. Celle du 26 août 1944. Le jour même où un pacte a été scellé entre la nation reconnaissante et le messager de l’honneur. Un pacte qui se poursuit aujourd’hui encore !

 

Durant 30 ans, ce géant du XXème siècle a été photographié des centaines de milliers de fois, filmé durant des dizaines d’heures, acclamé par tant de foules à travers le monde. Peu d’hommes ont inspiré autant de ferveurs et d’admiration, mais aussi d’inévitables critiques. Peu de « grands hommes » ont inspiré autant de symboles et d’imaginaire.

On croit souvent tout connaître de lui, ne rien ignorer de son parcours.

 

Pourtant, cet homme a conservé une part de son mystère.

 

C’est ce choix du mystère qu’a fait Gabriel LE BOMIN dans son long métrage. Ce film consacré à DE GAULLE est une première. Enfin, le grand écran s’empare d’un de nos plus fameux « monstres sacrés ». Enfin, un de nos réalisateurs ose se consacrer à un de nos plus grands monuments. Quel défi ! Il a fallu, j’imagine, une part de courage et de sourde détermination pour se lancer dans cet ambitieux projet.

 

Le ministère des Armées est heureux de vous avoir soutenu dans cette délicate entreprise via sa Mission Cinéma. Je salue toutes celles et tous ceux qui vous ont accompagné, tous les partenaires qui ont fait confiance à ce projet, qui ont cru aux acteurs et à vos équipes. La mémoire, le lien armée-nation, la culture de défense trouvent dans ces minutes un remarquable support pour la transmission. Je m’en réjouis.

 

Ce n’est pas un biopic que vous nous présentez ce soir, mais c’est bien un focus sur un moment clé de la vie de Charles DE GAULLE.  Celui de mai-juin 1940 où la France voisine avec le précipice, où « devant le vide effrayant du renoncement général » un chef militaire rompt les amarres et fait le saut – non pas vers l’inconnu – mais vers l’espérance.

De Moncornet à Londres, il y a cette même foi dans l’âme de la France. Cette même conviction que la bataille qui se joue n’est qu’un épisode douloureux d’un conflit mondial.

 

Un « grand homme » n’est jamais seul. Il n’est rien sans l’amour réciproque de ses proches, en l’occurrence il n’est rien sans une « grande femme ».

 

C’était là tout votre défi chère Isabelle CARRÉ et cher Lambert WILSON : incarner ce lien indissoluble entre Yvonne et Charles DE GAULLE.

Montrer la sensibilité et la tendresse, souvent touchante et parfois bouleversante, dont Charles DE GAULLE fait preuve pour la petite Anne.

 

Et que dire du courage, de l’énergie et de la ténacité d’Yvonne DE GAULLE !  Face à l’ennemi qui avance, Yvonne, Philippe, Elisabeth et Anne emboitent le pas aux cohortes de réfugiés sur les routes de l’exode. Et lorsque la France est livrée à l’ennemi – sans nouvelle de son mari – elle gagne Brest puis l’Angleterre. Elle s’embarque comme tant d’autres Français. Elle ne sait pas en prenant la mer que son mari vient d’entrer dans l’Histoire et qu’il n’en sortira plus. J’espère ne pas « spoiler » le film en disant cela !

 

Yvonne fut un soutien indéfectible de Charles. Cela transparait avec émotion dans la dédicace de ses Mémoires d’espoir : « Pour Yvonne, sans qui rien n’eut été ».

 

Autre moment éloquent. Lors d’une réception à l’Elysée, une ancienne de la France libre s’adresse au Général, alors Président de la République : « je suis gaulliste depuis le premier jour, depuis le 18 juin 1940 ». Le Général lui répond, désignant Yvonne, « Il y a mieux, madame, voilà la première femme gaulliste ! »

 

Votre film, monsieur LE BOMIN, a ce grand mérite de valoriser ce couple si complémentaire. Et cela 100 ans après la première rencontre entre Charles de GAULLE et Yvonne VENDROUX.

 

Car oui, 2020 est une année aux anniversaires multiples pour la mémoire du général DE GAULLE : 130ème de sa naissance, 80ème de l’appel du 18 Juin, 50ème de sa mort. Trois dates qui soufflent au vent de notre histoire. Trois dates qui sont autant de raisons de transmettre les valeurs qui ont animé les combats du Général. C’est pour cela que le Président de la République est particulièrement attaché à ce cycle mémoriel. Cette soirée en est le prélude.

 

Et je veux remercier la DiCod pour son organisation et pour cette belle réussite.

 

Le militaire, le chef de la France Libre, l’homme public, le fondateur et le premier président de la Vème République, l’homme de culture et de lettre, tout ce parcours d’engagement au service de la France, des Français et de la langue Française sera sous le feu des projecteurs en 2020.

La Fondation de Gaulle, cher Hervé GAYMARD, nous accompagnera tout au long de l’année.

 

Transmettre la mémoire et enseigner l’action de Charles de Gaulle, notamment aux plus jeunes générations, c’est rappeler que l’engagement pour son pays et l’unité nationale sont essentielles. Que la grandeur d’un pays n’est jamais acquise.  Qu’au milieu des épreuves, le refus de la fatalité est le plus sûr chemin de l’honneur. Que le volontarisme et le pragmatisme face aux réalités du monde contemporain doivent toujours guider nos pas.

 

Autant de leçons pour notre pays et pour notre siècle. Autant de valeurs pour lesquelles le ministère des Armées œuvre au quotidien.

 

Charles de Gaulle est un de ces chênes, massifs et noueux, qui ont fait notre nation et qui plongent leurs racines jusqu’à nous. Il est de ces monuments qui défient les ans et qui font notre identité.

 

On a dit qu’il se prenait pour Jeanne d’Arc. Nous le savons, en réalité il se prenait simplement pour le général DE GAULLE.

C’est le grand mérite de ce film de nous offrir une perspective nouvelle pour comprendre encore davantage la complexité de ce personnage.

 

Nous avons tous hâte de découvrir cette œuvre. J’invite donc le réalisateur, Gabriel LE BOMIN, à venir lancer le film à mes côtés.

 

Je vous remercie.