Madame Florence Parly,
ministre des Armées
Allocution à l’occasion de la 500e patrouille d’un SNLE
Ile Longue, le 11 octobre 2018
– seul le prononcé fait foi –
Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le chef d’état-major des Armées,
Monsieur le chef d’état-major de la marine,
Mesdames et messieurs les officiers généraux,
Officiers, officiers mariniers et quartier-maitres et matelots,
Mesdames et messieurs,
Aujourd’hui, c’est la souveraineté de la France que nous célébrons. C’est notre indépendance, c’est notre autonomie. C’est notre capacité à parler, à être écouté et à agir.
Depuis 1972, ce sont 500 patrouilles de SNLE. 500 patrouilles qui ont porté sous les mers le gage de notre souveraineté.
500 patrouilles, comme autant de rappel que la voix de la France compte dans le concert des Nations et que nos intérêts vitaux sont bien gardés.
500 patrouilles comme autant de défis techniques, scientifiques, militaires et humains relevés.
Le succès de la composante océanique de la dissuasion, c’est d’abord l’histoire d’une volonté et d’une réussite technologique et scientifique exceptionnelle. Maîtriser la dissuasion sous les mers, l’appréhender, construire des bâtiments capables de la porter sans risque n’avait rien d’évident. Il a fallu compter, dès la première minute sur le travail acharné de nos chercheurs, de nos ingénieurs, de nos ouvriers aussi.
Dans cet écrin de technologie et de puissance qu’est le SNLE, rien n’est laissé au hasard. Pas une plaque qui pourrait être mal fixée, pas un boulon qui pourrait menacer l’équilibre entier de notre dissuasion.
Ce défi scientifique n’a jamais cessé. De la première minute du programme de la composante océanique de notre dissuasion à l’instant même où je vous parle, il faut s’assurer de la stabilité de chaque composant, veiller au parfait état de chaque missile, à une maintenance irréprochable du bâtiment.
Hier les Redoutable, aujourd’hui les Triomphant, demain, grâce à la loi de programmation militaire, la troisième génération de SNLE. Il nous faut nous dépasser, toujours, innover pour que le SNLE soit et demeure invulnérable, indétectable, inébranlable.
Chacun de vos gestes compte. Votre vigilance et votre professionnalisme sont essentiels à la crédibilité de cette mission. Vous le savez parfaitement, et à bord du bateau comme sur cette base, je sais que je peux compter sur votre travail acharné, sur votre dévouement, votre qualité. Sur votre conscience aigüe, aussi, que c’est pour le coeur même stratégique de la France que vous oeuvrez dans chacun de vos gestes, chacune de vos décisions.
Car oui, chaque patrouille est un défi opérationnel renouvelé. En surface, dans les airs, sous les mers, de nombreux moyens l’accompagnent. Notre Marine agit de concert, les équipages rencontrent les équipages et pour la souveraineté de la France, n’en forme qu’un, unique, déterminé.
Mais une fois au large, en patrouille, à la fois quelque part et partout, le SNLE est seul. Suspendu au temps, au bruit. Suspendu à la confiance que place en lui la France et à la nécessité d’exécuter l’ordre présidentiel, s’il advenait. Seul dans l’immensité des mers, il veille, écoute, se dissimule et se positionne. Il se tient prêt, à chaque instant.
Et sous les mers, face à cette inaltérable vigilance, conscients des enjeux qu’ils ont entre leurs mains, les équipages de chaque patrouille relèvent enfin un défi humain rare, précieux, extraordinaire au sens premier de ce terme. Une patrouille, c’est une absence longue, une vie confinée, une famille qui doit vivre sans son conjoint. Ce sont des gestes précis, un travail rigoureux. C’est le souvenir de tous les sous-mariniers qui ont façonné notre dissuasion océanique et qui pour certains, en ont payé le prix de la vie.
Face à ce défi humain, le SNLE, à l’image de la Marine, offre la plus belle des réponses : l’esprit d’équipage. Chacun connait sa mission, sa tâche, ses devoirs. Mais chacun agit pour les autres et ne forme plus qu’un équipage, soudé, uni, cohérent. C’est cet esprit aussi, qui fait la force de notre marine. Qui fait l’infaillibilité de notre dissuasion.
Seul dans l’océan, le SNLE ne l’est en réalité jamais vraiment. Ici, à la FOST, le travail continue. Des équipages s’entrainent pour préparer la relève. Des industriels réparent, entretiennent et modernisent les moyens des futures patrouilles. Les forces aériennes stratégiques et la force aéronavale nucléaire oeuvrent, aussi, à vos côtés. Nos deux composantes océanique et aéroportée, comptent l’une sur l’autre. Elles forment cet ensemble cohérent, complémentaire. Elles assurent que nous pourrons agir partout, vite et en permanence. Elles sont les deux piliers solides et nécessaires à la crédibilité et l’efficacité de notre dissuasion. Elles garantissent que les décisions du Président de la République seront parfaitement exécutées, quelles que soient les circonstances.
Il y a quelques jours, Le Terrible est revenu ici, à l’Ile Longue, ce temple de la dissuasion. Il retrouve ceux qui lui permettent de naviguer, d’assurer sa mission, de se tenir aux ordres du Président de la République. Il retrouve tous ceux qui, dès demain, l’entoureront pour sa maintenance, pour son entretien, pour ses innovations. Il retrouve la chaleur des siens et l’enthousiasme des retrouvailles.
Lors de cette 500e patrouille, Le Terrible avait avec lui la confiance et la fierté de la France. Un autre SNLE, aujourd’hui, a pris le relais, quelque part sous les mers. La 501e patrouille, comme toutes celles qui suivront, porte au large la certitude de la souveraineté de la France, la garantie de son autonomie, la voix de son indépendance.
Vive Le Terrible ! Vive la FOST !
Vive la République ! Vive la France !