Jean-Yves le Drian, ministre de la Défense, s’est exprimé sur la « nouvelle donne stratégique » élevée au rang de « priorité nationale » par le Livre blanc sur la sécurité et la défense nationale que constitue la cyberdéfense, en ouverture d’un colloque consacré à cette question et organisé à l’occasion du 40e anniversaire de l’école des transmissions de Rennes, lundi 3 juin 2013. A cette occasion, il a précisé l’ampleur de l’effort financier et humain prévu par Livre blanc dans ce domaine.
« Le cyberespace possède un potentiel riche en opportunités, mais est aussi lourd de risques et de menaces », a indiqué le ministre de la Défense lors de son intervention. Outre la question du cyber-espionnage, les atteintes aux systèmes d’informations peuvent poser une question de souveraineté majeure en cas de prise de contrôle ou de paralysie de secteurs vitaux pour l’État.
C’est pourquoi le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a pris toute la mesure de ce qui se présente comme une nouvelle donne stratégique et développe une doctrine alliant prévention, réaction et capacité offensive.
L’ambition de cette politique de sécurité est d’être en mesure d’identifier l’origine des attaques, d’évaluer les capacités offensives des adversaires potentiels et l’architecture de leurs systèmes, et de pouvoir ainsi les contrer.
Celle-ci se traduira par une organisation opérationnelle de défense visant à protéger les systèmes d’information de l’État, des opérateurs d’importance vitale et des industries stratégiques, coordonnée sous l’autorité du Premier ministre et du SGDSN. Elle sera accompagnée d’une capacité de réponse gouvernementale, face à des agressions de nature et d’ampleur variées, composée de moyens diplomatiques, juridiques ou policiers, voire militaires, si les intérêts stratégiques nationaux sont menacés.
Jean-Yves Le Drian a également annoncé l’adaptation du modèle d’armée à cet enjeu, à travers la mise en place d’une chaîne de commandement opérationnelle spécifique, unique, centralisée et intégrée au commandement interarmées des opérations. Le ministère de la Défense renforcera les capacités et des moyens humains consacrés à la cyberdéfense (plusieurs centaines de postes supplémentaires d’ici 2019), en particulier au profit du renseignement, de l’ingénierie et de la capacité opérationnelle. La création d’une capacité de réserve, à la fois opérationnelle et citoyenne, mobilisable pour traiter une crise informatique majeure est également décidée par le Livre blanc et sera inscrite dans la prochaine loi de programmation militaire.
Au niveau de la formation, le ministère de la Défense soutient en parallèle l’idée de création d’un pôle d’excellence autour des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, où la première chaire de cyberdéfense et cybersécurité a été inaugurée en novembre 2012, en partenariat avec Sogeti et Thalès.
Le ministre de la Défense a également précisé que serait renforcée la base industrielle de technologies de défense et de sécurité nationale par un soutien à la R&D et la mise en place d’une politique industrielle coordonnée (les crédits consacrés aux études amont dans le domaine de la cyberdéfense passeront notamment de 10 à 30 millions d’euros par an), ainsi que par un accompagnement à l’innovation technologique.
Dans cette perspective, la section maîtrise de l’information de la DGA devra constituer un vivier de plusieurs centaines d’experts de très haut niveau, avec un recrutement permettant d’accroître progressivement de 50 % environ les ressources actuelles. Il s’agira de couvrir tous les domaines d’expertise techniques de la cybersécurité : cryptologie, microélectronique, architecture d’équipements de sécurité et de systèmes, analyse de composants logiciels et matériels, etc.
Le ministre de la Défense a enfin salué les efforts de l’Union européenne de se doter d’une stratégie en la matière. Il a rappelé l’importance de cette démarche, en juste complémentarité avec les efforts de l’Otan dont le ministre aura l’occasion de s’entretenir cette semaine lors de la réunion des ministres de la Défense à Bruxelles, en valorisant notamment les centres d’excellences déjà existants, à l’image de celui de Tallin, en Estonie.
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