« Etre bosco c’est être marin et humain avant tout »…telle est la devise du premier-maître (PM) Jérôme Cruchet, maître de manœuvre de la frégate de type Lafayette Guépratte, ou plus communément appelé - comme sur tous les bâtiments de la marine nationale - « bosco ».
La vocation d’un marin c’est avant tout d’être « embarqué ». Ainsi, le PM Cruchet totalise-t-il à ce jour vingt-deux années embarquées. Le Guépratte est le quatorzième bâtiment sur lequel il est affecté.
Responsable d’une équipe de 8 personnes, le PM Cruchet est chargé de la mise en œuvre et de l’entretien de la drome (embarcations rapides), des apparaux utiles pour la manœuvre (ancres, aussières, gréement et matériel de ravitaillement à la mer), ainsi que du matériel de survie (radeaux gonflables, brassières, bouées, marqueurs,…) du bâtiment. Il a également la responsabilité de la voilerie, dénomination directement héritée de la marine à voile, c’est à dire du couchage des marins (matelas, draps, couvertures…).
Depuis le 10 mai 2013, il est sur le Guépratte au sein de l’opération européenne de lutte contre la piraterie Atalante dans le golfe d’Aden et l’océan indien. Il veille notamment à la sécurité et au bon déroulement des différentes manœuvres dans les ports au mouillage (lien vers brève « Atalante : la FLF Guépratte en escale à Mayotte » du 16/07/2013), des mouvements d’embarcations et des ravitaillements à la mer (RAM).
Pendant les manœuvres de ravitaillement, il est en contact visuel constant avec l’officier en charge du RAM, à la passerelle ou sur l’aileron de la frégate. Il se définit lui-même comme le « chef d’orchestre », utilisant son expérience et adoptant un langage des signes bien précis, de façon à coordonner l’action, pour éviter tout accident matériel ou humain et garantir ainsi la réussite de cette manœuvre délicate.
« Je dois avant tout prendre du recul sur la manœuvre, afin d’anticiper tout changement de programme, dans une zone bruyante, restreinte et dangereuse. Je dois également rester vigilant en toutes circonstances et expliquer calmement chacune des étapes aux équipes de RAM afin que les directives soient comprises de tous et appliquées dans les meilleures conditions. Je motive ces dernières afin qu’elles restent toujours éveillés par l’action ».
Pendant le RAM, ses adjoints s’assurent de la connexion des manches, du bon débit délivré par le bâtiment ravitailleur et du remplissage correct des soutes, pendant que les pompiers se tiennent prêts à intervenir en cas de début d’incendie.
Les ravitaillements permettent de durer en mer et d’être opérationnel à tout moment, notamment pour pouvoir répondre à toute sollicitation opérationnelle, loin d’une base de soutien. La vaste zone d’opération Atalante et le faible nombre de ports de ravitaillement sur le théâtre font des pétroliers ravitailleurs des moyens particulièrement précieux pour mener à bien notre mission. A ce titre, et dans le cadre d’accords militaires entre les pays de l’OTAN, et sans pour autant être engagés dans la même opération, les bâtiments français ont la possibilité de se ravitailler en mer auprès des bâtiments de l’Alliance. La maîtrise des procédures de l’OTAN par les différents équipages de la zone atteste une nouvelle fois de l’interopérabilité des bâtiments entre Alliés.
Le PM Cruchet n’est pas seulement maître de manœuvre du Guépratte, il possède d’autres qualifications utiles à bord d’un bâtiment de combat. Il endosse notamment la fonction de plongeur de bord et réalise régulièrement des inspections de coque. Il peut également exercer les fonctions de directeur du pont d’envol pour les mouvements d’hélicoptères à bord du bâtiment. Grâce à sa qualification de résineur, il peut être amené à effectuer des réparations sur des embarcations en matières plastiques, lesquelles requièrent une grande technicité d’emploi.
Parmi ses plus beaux souvenirs de carrière, le PM Cruchet évoque avec émotion le jour où le général Kelche, chef d’état-major des armées, lui a remis en mains propres une lettre de félicitations pour avoir participé à la protection renforcée de l’ambassadeur de France en Guinée-Bissao.
Il conserve également des souvenirs inoubliables de son année passée aux îles Kerguelen et de ses six séjours outre-mer.
Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense