Le lieutenant Pauline, 28 ans, a rejoint l’armée de l’air il y a sept ans et a été engagée à cinq reprises en opérations extérieures (OPEX). Elle est officier renseignement au sein du détachement chasse sur la base aérienne projetée (BAP) au Proche-Orient.
« Je me suis engagée dans l’armée de l’air en 2010 pour une carrière dans le domaine du renseignement. Je ne mesurais pas encore combien cette mission serait captivante : l’intensité du rythme opérationnel, la proximité avec les pilotes de chasse et spécialistes Rafale, l’exercice du commandement avec mon équipe de sous-officiers spécialistes ne sont que des exemples de la richesse offerte par ce travail.»
Projetée une nouvelle fois sur le théâtre Chammal, au cœur de l’engagement français dans la lutte contre l’organisation terroriste Daech, elle partage avec nous ses impressions. « Je prends la mesure de mon engagement. L’activité de la BAP est entièrement tournée vers les opérations. Sept jours sur sept, les avions décollent pour répondre aux ordres du CAOC et soutenir l’action de la Coalition. Lors du début de mon mandat, l’armée de l’air avait déployé huit Rafale et quasiment l’effectif d’un escadron de chasse entier afin de compenser, avec d’autres armées de l’air alliées, les départs des porte-avions français et américain ».
Jeune femme certes, mais militaire expérimenté avant tout :
« Nous sommes huit « rens », aux profils et aux expériences variés. Il faut savoir composer avec le caractère de chacun et réussir à asseoir sa crédibilité professionnelle pour emmener son équipe avec soi. Les sous-officiers sont issus de différentes spécialités. Ils sont experts en imagerie, en guerre électronique ou exploitants renseignement. Je supervise leur travail et m’appuie sur leurs compétences afin d’accompagner les pilotes dans la préparation et le débriefing de leurs missions. Les « rens » sont complètement intégrés aux « OPS ».
La zone de travail est conjointe avec la salle d’opérations. Les pilotes y défilent quotidiennement pour récupérer la documentation opérationnelle nécessaire à leur mission ainsi que le matériel pour partir en vol. « Les patrouilles s’enchaînent à toutes heures du jour ou de la nuit. La cellule renseignement doit être disponible et réactive en continu. »
Ici, les missions sont réelles : « j’analyse tous les jours les nombreux comptes rendus de renseignement qui me parviennent pour en faire une synthèse aux pilotes avant le départ en mission. Les équipages écoutent avec une attention particulière les parties sur la menace, les objectifs et les rappels en cas d’éjection en milieu hostile ».
L’objectif est bien de transmettre les données clés aux équipages avant le vol et de rendre compte après vol du bon déroulement de la mission. « Le temps d’un bref répit, nous allons en bord de piste entendre rugir les réacteurs des chasseurs qui décollent. Ce bruit, qui devient familier, nous rappelle les raisons et la force de notre engagement. Ma contribution est bien modeste face à l’étendue des énergies humaines qu’il faut déployer pour faire voler nos avions, mais la satisfaction de participer discrètement à chaque mission est toujours présente ».
Lancée depuis le 19 septembre 2014, « Chammal » est le nom donné à l’opération française au sein de l’opération Inherent Resolve. Elle mobilise aujourd’hui près de 1 200 militaires. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, l’opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier « formation» au profit d’unités de sécurité nationales irakiennes et un pilier « appui » consistant à soutenir l’action des forces locales engagées au sol contre Daech et à frapper en profondeur les capacités militaires du groupe terroriste.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère de la Défense