Dans la peau d’une boulangère et tireur sur mitrailleuse à bord du Guépratte

Le quartier-maître Cristini est entrée dans la Marine nationale en 2005, il s’agit de sa troisième projection dans le cadre de l’opération Atalante. Comme nombre de marins déployés sur des bâtiments en mer, Julie cumule sa spécialité de boulangerie avec une fonction militaire à bord : tireur sur mitrailleuse de 12,7 mm. Ainsi, lorsque l’alerte « pirates » retentit à l’approche d’embarcations suspectes, elle quitte sa boulangerie pour rejoindre son poste de tireur à la mitrailleuse de 12,7 mm, à l’avant de la frégate, au pied du canon de 100 mm.

Témoignage:

« Je voulais avant tout exercer le métier de boulanger, ma première passion, mais je voulais l’associer à un métier d’action et pouvoir vivre l’expérience de la vie embarquée ».

Pour le quartier-maitre Cristini, la journée débute à 00h45, heure où les coursives du Guépratte sont désertes et où ne circulent que les personnes de quart. S’ouvre alors une longue nuit de travail, consacrée à la fabrication du pain frais consommé par les 166 membres de l’équipage au cours des trois repas de la journée.

« Les consommations à bord sont en moyenne de l’ordre d’une baguette de pain par jour et par personne. Chaque fournée représente l’équivalent de 40 baguettes. La qualité du pain est très importante, elle contribue au maintien d’un bon moral à bord et l’équipage y est très sensible. La préparation des 4 fournées de pain se termine en général vers 11h00. Cette  pause d’environ deux heures, avant la préparation des pâtisseries, me permet de me reposer ou d’aller faire du sport ». 

Ce jour-là, à 10h30, une demi-heure avant la pause du quartier-maître, l’alerte « pirates » retentit sur tout le bord. Deux boutres et plusieurs skiffs ont été détectés en passerelle. Le Guépratte fait route sur eux. Le quartier-maitre Cristini quitte précipitamment sa boulangerie pour rejoindre l’avant du bâtiment. Elle endosse son gilet pare-balles et son casque lourd avant de rejoindre sa mitrailleuse de 12,7mm. Elle a pour mission d’assurer la protection de l’équipe de visite envoyée en investigation sur les navires suspects.

Fausse alerte. Les deux boutres visités ne sont pas occupées par des pirates mais par des pêcheurs de retour de leur campagne de pêche. Une fois le doute levé, les protections balistiques sont retirées. La chaleur est en effet écrasante. Cependant, la vigilance ne faiblit pas à bord : une partie de l’équipage, dont Julie, continue à assurer la surveillance attentive des deux boutres aux jumelles. Cette veille ne s’achève que deux heures plus tard, lorsque l’équipe de visite s’est définitivement éloignée de la dernière embarcation contrôlée.

13h00 : A la fin de l’alerte « pirate », Julie regagne sa boulangerie pour préparer les viennoiseries et les pâtisseries destinées aux repas du lendemain.

« On ne doit jamais manquer de pain à bord, l’activité en boulangerie ne peut donc pas s’interrompre. C’est pourquoi je forme d’autres marins à bord afin que la continuité du service soit toujours assurée, en cas d’alerte pirate notamment ».

16h00 : La journée de travail s’achève pour le quartier-maître Cristini, sur un rythme décalé par rapport au reste de l’équipage. Dans quelques heures seulement, une nouvelle journée intense et ponctuée d’imprévus débutera pour elle.