Il est 8h00 lorsque les blindés marqués de l’ancre du 21e RIMa (régiment d’infanterie de marine) de Fréjus, épaulés par un groupe génie du 1er REG (régiment étranger de génie) et appuyés par une autre section, arrivent près de l’école de Tatarkhel, dans les montagnes afghanes. Le bâtiment est le point de ralliement des 300 soldats afghans et marsouins pendant les trente-six heures que durera l’opération Hermès Square.
Le chef de corps donne rapidement le coup d’envoi de l’opération. La section d’aide à l’engagement direct (SAED), quitte alors l’école en direction d’un compound (bâtiment de terre, dans le jargon local) situé au nord du village. Sa mission consiste à assister la police nationale afghane dans les fouilles des maisons pour y découvrir des armes, des munitions ou du matériel servant à la fabrication d’engins explosifs. Ces fouilles sont menées en appui des policiers afghans dont le rôle est aussi de veiller au respect des procédures légales.
Au même moment, des coups de feu se font entendre alors que les soldats entrent dans le village.
Le premier objectif est une kala (maison afghane) qui semble identique à bien d’égards aux habitations voisines. L’adjudant Ludovic, le chef du groupe, appelle à lui l’interprète et frappe à la porte. Les quelques mots lancés à travers le mur semblent rassurants : sur les conseils de l’adjudant, le policier afghan explique calmement à ses occupants la raison de leur présence. Les femmes et les enfants du foyer sont regroupés dans une pièce où seule le lieutenant Isabelle pénètrera : en Afghanistan, mettre en contact des femmes avec des hommes extérieurs à la famille est une offense. Le reste de la maison est fouillé par le groupe du génie qui cherche des armes ou du matériel destiné à fabriquer des bombes artisanales.
Après cette première fouille rapide et soignée, les soldats afghans et français poursuivent leurs investigations dans les bâtiments voisins. Vers 15h00, alors que la section approche d’un hangar agricole, les tirs, nettement plus soutenus que dans la matinée, reprennent. Les soldats français pris à partie ripostent pour couvrir leur changement d’itinéraire. Le tireur, isolé, cherche à harceler le groupe. Les ruelles étroites ceintes de murs hauts gênent d’abord les marsouins dans leur recherche d’angles de visée sur le tireur. Une fois repéré, celui-ci est contraint de cesser le feu. Tandis que l’autre section d’infanterie, ‘Rouge 40’, poursuit l’appui et sécurise la ruelle, les hommes de la SAED investissent le hangar. Quelques minutes après, la voix de l’adjudant Gontran à la radio rompt le silence suivant l’accrochage : « on a un millier de munitions de Kalachnikov, des albums de photos où sont représentés des insurgés, des adresses de messagerie… On récupère tout ça et on rompt le contact! A ‘Rouge 40’ : ma section rompt le contact, on se repositionne sur l’école».
L’adjudant ne se laisse pas déborder par l’euphorie provoquée par cette découverte tant que tous ses hommes ne l’ont pas encore rejoint à l’école. Il sait que le désengagement est un moment difficile, où l’attention et la vigilance ne doivent pas se relâcher. Le dernier militaire arrive, le chef ôte son casque et savoure la réussite de la mission qui a été confiée à ses marsouins. Au total, durant l’opération Hermès Square, les soldats de la SAED et les forces de sécurité afghanes auront récupéré près d’un millier de munitions qu’auraient pu utiliser les insurgés.
Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense