Depuis le début du jour, les hommes du « battle group »HERMES ont mené des patrouilles de présence dans les villages de Tatarkhel et les proches environs à distance visible de l’axe Hurricane, nom donné à la route, qui entre dans la vallée d’Alasay par le sud.
Fouille d’une maison d’un trafiquant d’armes, discussion avec le père qui nous déclare que son fils est en déplacement sur Kaboul. Discussion avec le Malek de Tatarkhel. Croisement inopiné d’un mariage où quatre jeunes portent des baskets, signe distinctif des insurgés. Dans le labyrinthe du village les soldats enjambent les petits karez à ciel ouvert qui courent le long des ruelles, longent les hauts murs des kalas (maisons locales) construites en carré sans autre ouverture que la porte souvent simplement sculptée, passent le long des murets géographiés de ronds de bouse séchée sous le soleil déjà brûlant qui transperce le feuillage des grenadiers. Lourdement chargés, les soldats progressent, attentifs et prêts dans le même temps à échanger une parole ou un sourire avec la population peu nombreuse croisée au détour d’une ruelle.
23H45 Après quelques instants de sommeil, dans le silence de la nuit, les deux compagnies du « battle group » se mettent en colonne pour pénétrer dans le village et le dépasser vers le nord. Dans ce dédale, la progression, compliquée de jour, devient éreintante la nuit. Les hommes s’entraident pour franchir murs, murets et karez. Surtout ne pas se tordre une cheville. Pendant ce temps, les points d’appui se mettent en place, de nuit aussi, sur les hauteurs des montagnes qui surgissent brutalement des vallées et offrent leurs pentes arides et abruptes au pas des hommes en progression discrète.
La première compagnie est en place au bout de deux bonnes heures, la seconde la dépasse pour franchir le ouadi central. L’attente est presque fraîche après l’approche en sueur. Plus de trois cents soldats sont sur le terrain, infiltrés en silence malgré les chiens afghans qui clabaudent au loin.
06h05 : depuis deux heures les éléments spécialisés sont entrés dans les compounds objets de cette opération. Le jour s’est levé, les hommes restent vigilants prêts à faire face à toute éventualité. Puis le déchaînement : sur toute la longueur du dispositif les insurgés lancent une attaque de l’ouest, du nord et de l’est. Les soldats ripostent, scrutent cette zone verte si compartimentée où le regard est toujours arrêté par un mur, un bois ou un verger, pour déterminer la provenance des tirs. Pendant plus de six heures, les attaques insurgées se multiplient, comme le ressac. Ils cherchent la faille, mais se heurtent à chaque fois au dispositif cohérent des sections ; le « battle group » HERMES continue à remplir sa mission, il garde la situation en main. La pression est forte et le chef de corps fait tirer les mortiers à moins de cent mètres des positions amies. Signe d’une étroite coordination avec les forces de la coalition, Les KIOWA, hélicoptère américains, prennent le relais entre les compounds, ils règlent leurs tirs précis. Marsouins, bigors et légionnaires postés au coude à coude ripostent sans faiblesse, fidèles à la belle devise « croche et tient ». Dans la matinée deux soldats sont blessés, l’un assez sérieusement doit être brancardé. Sur plus d’un kilomètre d’un vrai parcours du combattant, refaisant le chemin dans l’autre sens, transportant leur camarade blessé qui fait bonne figure dans son brancard souple, les soldats grimacent dans l’effort en sautant fossés et murets, se relayent, se postent quand des rafales claquent puis repartent au milieu des vergers ne cessant jamais leur effort. Dans l’extrême chaleur de midi, les fronts ruissellent, les chemises ne sont plus que sueur sous les gilets pare-balle qui semblent un peu moins lourds depuis qu’ils ont sauvé la vie de deux camarades. Enfin, le blessé est amené au VAB qui attend sur l’axe Hurricane. Un bond de deux kilomètres et un hélicoptère français, appuyé par deux Tigres, emporte les deux blessés vers l’hôpital militaire international français de KAIA toujours en alerte.
Ereintées après cette séquence, les sections l’une après l’autre rompent le contact et rejoignent l’école de Tatarkhel. Cette opération HERMES SQUARE II, la vingt et unième depuis le 1er juillet, restera elle aussi gravée dans les mémoires. De la Hire, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, aimait à répondre quand on admirait sa vaillance : « j’ai fait ce que les soldats ont l’habitude faire, et pour le reste j’ai fait ce que j’ai pu ». Nos soldats sont vaillants à leur tour, faisant preuve de ce même courage, cet héroïsme et cette détermination méritent respect et reconnaissance.
Le Battle group HERMES est constitué du 21e régiment d’infanterie de marine de FREJUS, de trois pelotons du 1er régiment étranger de cavalerie d’ORANGE, de deux sections de génie combat du 1er régiment étranger du génie de LAUDUN, de deux sections d’appui mortier/CAESAR et trois équipes d’observation et de coordination de la 1ère batterie du 3ème régiment d’artillerie de marine de CANJUERS. Une section du 35e régiment d’infanterie de BELFORT compose également le GTIA KAPISA.
Sources : EMA
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