Le mercredi 5 août 2020, un détachement de la Force Commander Réserve (FCR) s'est rendu à Beyrouth, sur le lieu de l'explosion qui a touché la capitale et dont le bilan humain, encore provisoire, est de 137 morts et plus de 5000 blessés.
La veille, quelques instants après l’explosion et sur ordre de la FINUL, la FCR avait déclenché la QRF SAN (Quick Reaction Force Sanitaire) avec une escorte afin de pouvoir intervenir au plus vite sur les lieux et de prodiguer les premiers soins aux nombreux blessés. Ils avaient pris en charge et évacué cinq blessés sur l’hôpital Hammoud de Saida. Deux équipes médicales constituées de personnels du SSA, appelées AMET (Air Medical Evacuation Team), embarquées dans des hélicoptères italiens basés à Naqoura ont également participé à l'évacuation de six casques bleus de la Martime Task Force blessés dans l’explosion.
Un détachement composé d'une équipe EOD (Explosive Ordnance Disposal), d'un médecin, d’un infirmier et d'un officier du génie s'est déplacé au lendemain de l’explosion du port de Beyrouth afin de procéder à la reconnaissance du site.
Grâce à leur capacité d'analyse et qualifications, ils ont pu effectuer un point de situation pour évaluer les risques de munitions explosives, effectuer des prélèvements, et poser un premier bilan.
Le Maître Julien, EOD, explique les raisons de sa présence : « Les EOD ont la particularité de pouvoir intervenir même en environnement nucléaire, radiologique, biologique, chimique (NRBC) et notamment pour des munitions chimiques. Ma mission est de vérifier la présence d'agents chimiques, grâce à l’AP4C*, afin de sécuriser la zone. Cet appareil portatif sert à détecter les composants toxiques de guerre mais également toxiques industriels.
Si une colonne se déclenche, cela signifie qu’un agent chimique se trouve dans l’air, soit diffusé par l’incendie, soit par l’explosion. Dans ce cas, le port du masque ANP-VP est de rigueur »
Quelques instants plus tard, non loin d’une zone déblayée par plusieurs tractopelles, l’AP4C révèle la présence de souffre.
Les militaires français échangent avec les pompiers et leurs homologues libanais, déjà à l’œuvre pour déblayer les gravas causés par cette explosion.
Les 2750 tonnes de nitrates d’ammonium qui ont explosé ont créé un cratère de plus de 140 mètres de diamètre.
Le premier maître Fabien procède à des mesures sur ce cratère à l’aide d’un GPS afin de calculer le poids de charge, permettant ainsi de recouper les informations transmises par ses homologues Libanais.
« Les premiers calculs et prélèvements que nous avons effectué montrent effectivement que l’incendie a provoqué la détonation, car le nitrate d’ammonium détonne à partir de 260 degrés. »
Le capitaine Stéphane, officier du génie au sein du centre des opérations de la FCR procède, lui aussi, méticuleusement à ses analyses : « Nous sommes sur place afin de mener une reconnaissance pour évaluer l'ampleur des dégâts causés par l'explosion. Cette action nous permettra de proposer ensuite aux autorités Libanaises un ensemble d'actions au niveau sanitaire, matériel mais aussi un appui en vue de réhabiliter au plus vite le port de Beyrouth. Ce travail est complètement intégré au sein de la FINUL et nos spécificités françaises viendront en complément de ceux des autres contingents étrangers ».
En fin de mission et une fois rentrés au camp de Deyr Kifa au sud-Liban, les casques bleus du bataillon français procéderont à un point de situation des infrastructures fragilisées, de la dangerosité de la zone et des capacités de déblayement des gravats.
Dans le cadre de l'opération Daman, près de 700 militaires français et une compagnie d'infanterie finlandaise contribuent à la force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) en armant une partie de son état-major et la Force Commander Reserve de l'opération. Cette unité d'intervention de la FINUL réalise ses missions sur l'ensemble de la zone du Sud-Liban en étroite coopération avec les forces armées libanaises.
Sources : État-major des armées
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