Le colonel suédois Peter, nouveau commandant de la Task Force (TF) Takuba, revient sur ses premières semaines de commandement ainsi que sur sa préparation, tout en exposant les futurs défis de la TF au Sahel.
1. Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis le colonel Peter, issu des forces armées suédoises. J'ai 30 ans de service, dont plus de 20 ans dans les forces spéciales suédoises, incluant six missions internationales. Avant cela, j’ai été affecté durant 10 ans dans l'artillerie côtière suédoise au sein du corps amphibie en tant que chasseur côtier.
2. Comment s'est déroulée la transition avec votre prédécesseur ?
La passation a été très bien préparée. J'ai été nommé assez tôt par l’état-major suédois, ce qui m’a laissé suffisamment de temps pour être prêt. J'ai pu suivre à la fois la planification nationale suédoise et les rapports sur la Task Force (TF) Takuba depuis plus d'un an. Je me suis rendu assez tôt à Paris, pour suivre une partie du programme de préparation. J'ai pu rencontrer mon prédécesseur en VTC avant l'été, puis lors de la visite de prédéploiement, à Ménaka, et ai apprécié de pouvoir également faire connaissance avec mon adjoint, des forces spéciales françaises. Par la suite, pendant plus de dix jours sur le théâtre, j'ai voyagé avec mon prédécesseur pour rencontrer les acteurs clés à Gao et à Bamako, à la fois des Forces armées maliennes (FAMa) et de la Force Barkhane, mais aussi de l’état-major de Barkhane à N'Djamena. Ensuite, nous avons passé quelques jours ici à Ménaka, pour que je puisse rencontrer les militaires et le groupe de travail. Je me suis ainsi senti bien préparé lorsque j'ai pris le commandement.
3. Quel bilan pouvez-vous faire depuis votre arrivée, notamment au niveau opérationnel ?
J’ai envie d’utiliser une expression sportive : le « terrain de jeu » est en mouvement. Nous sommes face à un environnement opérationnel assez complexe. Dans le même temps, certaines nations européennes s’apprêtent à rejoindre Takuba, donc beaucoup de choses bougent et sont amenées à évoluer, comme la menace des groupes armés terroristes.
Concernant les opérations, nous sommes là pour les FAMa. Nous dépendons de nos unités partenaires, des Unités légères de reconnaissance et d’intervention (ULRI) et de niveau de formation. Les trois ULRI avec lesquelles nous travaillons en sont à des phases différentes de leur développement. Nous prenons cela en considération lors de notre planification opérationnelle, mais je vois des améliorations chaque semaine. Les ULRI deviennent de plus en plus aguerries, le niveau de formation augmente, alors même que les défis sont nombreux. Soutenir les ULRI avec les capacités organiques que nous avons ici au sein de Takuba me rend très confiant. Nous avons un bon dialogue avec la direction des FAMa, de la compagnie jusqu'à l’état-major, de la planification des entraînements jusqu’aux opérations sur le terrain.
4. Qu’est-ce que suscite en vous le fait d'être le premier commandant étranger de cette force opérationnelle, qui reste sous le commandement français de BARKHANE ?
Je suis profondément honoré d'occuper ce poste. Je suis humble face aux responsabilités qui en découlent, mais je suis réellement confiant, autant grâce aux professionnels qui m'entourent au sein de la TF, que grâce à l’appui de l’état-major de BARKHANE. J'essaie toutefois de ne pas trop penser à cet aspect, préférant me concentrer sur mon travail, sur les améliorations que je pourrais apporter et sur les défis que nous devrons relever.
5. Justement, quels sont les perspectives et les défis pour Takuba ?
La mission 3A (advice, assist, accompany - conseil, assistance, accompagnement) est notre objectif principal. Nous devons garder cela à l'esprit lorsque des unités européennes envisagent de faire partie de Takuba. Mais je pense qu’à long terme, nous devons équilibrer la croissance de Takuba avec la capacité des FAMa à être autonomes et parfaitement aguerries. Les échanges que nous avons avec l’état-major malien et Paris me rendent confiant quant à l’atteinte de cet équilibre à l’avenir.
Sources : État-major des armées
Droits : EMA