La 24ème édition du salon EURONAVAL s’est tenue sur le site du parc des expositions du Bourget du 27 au 31 octobre 2014. Près de 350 industriels étaient présents à cette occasion ainsi que 90 délégations en provenance de 78 pays. Parmi les industriels représentés, on peut noter la présence d’un pavillon indien (chantiers MDL et GRSE, ainsi que l’équipementier Bharat), la présence toujours significative des industriels italiens (Fincantieri, Finmecanicca, GEM, etc.) et allemands (TKMS, Lürsen, Atlas, etc.) ainsi que le retour du néerlandais DAMEN (absent en 2012). Les industriels français ont également marqué les esprits avec la présentation de nombreux systèmes ou concepts, dont les projets de sous-marin SMX Ocean de DCNS ou de corvette C Sword 90 de CMN.
Parmi les matériels présentés, l’équipe du SITTA s’est attardée sur les équipements suivants
Le bureau d’études Nevskoye présentait - pour la première fois sur un salon d’armement - la version export du bâtiment de débarquement Ivan Gren (projet 11711E). Déplaçant 6 600 tonnes pour 120 mètres de long, ce bâtiment de type LST (Landing Ship Tank) est en mesure de transporter jusqu’à 13 chars et 300 hommes sur une distance maximale de 3 500 nautiques. Comparativement aux unités de type Ropucha I/II en service au sein de la marine russe, le projet 11711(E) dispose d’une plateforme et d’un hangar pour deux hélicoptères de type Kamov. Dans sa version export, le bâtiment est proposé avec les systèmes d’artillerie de 30 millimètres (CIWS) AK-630Met AK-630M-2 DUET et le radar de veille air 3D Pozitiv-ME1. En construction depuis 2004 au sein du chantier Yantar de Kaliningrad, l’Ivan Gren devrait être livré l’année prochaine à la marine russe après ses essais à la mer.
OSK
Sur son stand, Raytheon présentait l’ensemble de son savoir-faire dans le domaine de l’armement naval : missiles antiaériens ESSM, nouvel obus à guidage GPS Excalibur, torpille Mk-48 et missile Griffin-C. Développé afin d’équiper les unités de type LCS de l’US Navy (classes Independence et Freedom) dans le cadre du Mission Package antisurface, le missile Griffin-C doit être en mesure de répondre à la menace constituée par les attaques en essaims de petites embarcations rapides (swarming attacks). Tenant compte des demandes de la Navy, Raytheon a apporté plusieurs améliorations à cette dernière version du Griffin : portée maximale de 16,5 kilomètres (contre 5 pour la version initiale), autodirecteur à guidage laser/infrarouge, capacité waypoints et liaison de données permettant l’assignation d’une nouvelle cible au missile pendant sa phase de vol. Récemment testée dans le désert de l’Arizona, cette nouvelle version du missile Griffin aurait prouvé son efficacité.
Raytheon
Sur un superbe stand situé dans le hall 2A, Rafael présentait sa principale nouveauté : l’adaptation sur plateformes navales du système antimissiles Iron-Dome, dont l’efficacité a récemment été démontrée à la frontière avec la bande de Gaza. Baptisée « C-Dome », cette version navale reprend le même missile que la version terrestre. Les missiles sont intégrés dans un système de lancement vertical (VLU) déjà développé pour les missiles antiaériens Barak. Principal avantage pour un bâtiment de surface, l’intégration du système C-Dome ne requiert pas de radar de désignation d’objectifs spécifique, les missiles utilisant le radar de veille existant. Utilisé en « hard kill », en complément éventuel des missiles Barak, le système C-Dome est en mesure d’intercepter des missiles antinavires ou anti-terre supersoniques.
Rafael
A l’occasion de cette édition d’Euronaval, la société israélienne Israël Aerospace Industries-IAI présentait deux nouvelles versions dérivées du radar de surveillance maritime ELM-2022, en service depuis près de 25 ans dans de nombreux pays : l’ELM-2022ML et 2022-ES. Utilisé pour la détection des cibles de surface, des aéronefs ou des véhicules terrestres, l’ELM-2022ES dispose d’une fonction imagerie qui lui permet d’identifier et de classifier les unités détectées. En comparaison avec la version existante de l’ELM-2022, la version ES dispose d’une meilleure capacité de détection sur les petites unités et d’une meilleure résolution SAR.
Pesant 50 kilogrammes, la version ML est quant à elle destinée aux aéronefs plus légers : hélicoptères légers ou UAV par exemple, alors que la version ES (120 kilogrammes) est avant tout destinée aux avions de patrouilles ou surveillance maritime (PATMAR/SURMAR). Actuellement en phase d’essais en vol, les deux nouvelles versions de l’ELM-2022 devraient être disponibles prochainement. A l’occasion de cet article, l’équipe du SITTA remercie vivement le personnel d’IAI pour son chaleureux accueil.
IAI
Le chantier naval Aresd’Antalya - seule société turque présente à Euronaval 2014 - présentait son intercepteur rapide ARES 40, issu des dernières technologies. Avec sa coque « stepped hull » de 12,6 mètres de long, ce patrouilleur est un véritable go-fast capable d’atteindre une vitesse maximale de 80 nœuds et de conserver malgré tout une bonne tenue en mer. Il peut être utilisé pour des missions diverses comme l’interception (lutte contre les trafics illégaux par exemple) ou des missions de sauvetage en mer. L’ARES 40 est proposé avec différents types de motorisation : inboard ou outboard, en fonction des choix du client.
Encore à l’état embryonnaire, le projet très futuriste de catamaran X45 a également retenu l’attention du SITTA. Avec son design atypique, un déplacement de 480 tonnes et une vitesse maximum de 32 nœuds, il peut embarquer des drones (2 UAV+ 2 USV) et un intercepteur rapide comme l’ARES 40. Son autonomie peut être quasi illimitée grâce à une propulsion électrique utilisant des batteries rechargeables par énergie solaire. Le X45 peut être utilisé à des fins civiles ou militaires. L’équipe du SITTA remercie vivement Ares Shipyard pour son accueil chaleureux sur son stand.
La société singapourienne St Marine était très fière de présenter ses différents projets de plateformes navales parmi lesquels la série des bâtiments amphibies « Endurance », les patrouilleurs de la gamme « Fearless » et sa nouvelle frégate multi-missions de 3 000 tonnes. La compagnie, qui a actuellement le vent en poupe, réalise d’ailleurs un contrat avec le sultanat d’Oman portant sur la construction de quatre OPV de type Fearless 75 (75 mètres, 1 100 tonnes, plateforme hélicoptère). Une cérémonie de baptême de la première unité, la corvette Al Seeb, s’est tenue le 14 octobre à Singapour. Cette première unité devrait être livrée au sultanat d’Oman courant 2015.
La série Fearless compte également un nouveau projet dans sa gamme, avec un nouvel OPV basé sur le concept Fearless 75. Déplaçant 2 200 tonnes pour une longueur de 95 mètres, cet OPV dispose également d’une plateforme hélicoptère mais d’une autonomie plus importante (portée 4 000 nautiques contre 3 000) et d’une meilleure manœuvrabilité. Cette unité reste très modulable selon les missions qui lui sont assignées et les besoins des clients.
La société française RTSYS était très fière de présenter la cible Autonomous Portable Vehicle – Recoverable Target (APV-RT), système qui a été retenu par la marine nationale. Ces engins serviront à entraîner, à moindre frais, les équipages des bâtiments de surface à la détection sous-marine. Grâce à ses antennes, la cible peut simuler différentes signatures acoustiques : bruit bande large, bruit bande étroite et émission d’un autodirecteur de torpille. Une antenne spécifique peut équiper la cible pour simuler une signature magnétique d’entrainement à la détection au MAD (Magnetic Anomaly Detection) des équipages de l’aéronautique navale. Un scénario de navigation est programmable avant le lancement de la cible (vitesse, immersion, latitude/longitude ou cap/durée).
Caractéristiques techniques :
RTSYS
Selon l’industriel français, les principaux avantages de cette cible sont sa vitesse maximale élevée (environ 20 nœuds), sa grande fiabilité et la facilité de remise en condition opérationnelle.
L’industriel suédois SAAB présentait un nouveau matériel : le MUMNS (Multi shot Mine Neutralization System). Cet équipement se fixe sous le drone sous-marinSeaeagle (également produit par SAAB) et sert à transporter et mettre en œuvre trois munitions de neutralisation de mines. Un ingénieux mécanisme constitué d’une chaîne et de cochets éjecte hors des tubes les munitions pour les fixer sur les objets à détruire. Cette charge explosive, développée en partenariat avec un autre industriel, est équipée d’une antenne UHF qui remonte en surface avec un flotteur. Ce système innovant présente l’avantage de pouvoir traiter simultanément plusieurs mines navales (ou objets suspects) en déclenchant par radio l’explosion de toutes les charges explosives. Le personnel et le drone peuvent se placer dans une zone sûre, en dehors du champ de mines.
SAAB
La société belge FN Herstal est principalement connue pour ses armes de petits calibres. Après avoir diversifié son marché il y a quelques années en proposant des pods pour aéronefs, elle entreprend aujourd'hui d'investir le secteur naval en adaptant spécifiquement sa tourelle deFNderaux besoins des marines et gardes-côtes de tout pays.
Le Sea deFNderrepose sur un concept entièrement modulaire qui s'adapte donc de manière très souple aux besoins du client. Sur le salon EURONAVAL, FN Herstal présentait cette tourelle avec la mitrailleuse FN M3R en calibre .50, dotée d'une cadence de tir de 1 100 coups par minutes. Cependant, il est également possible d'adapter une FN MAG ou un FN MINIMI en calibre 5.56 ou 7.62. Le Sea deFNderpeut engager des cibles sur 360° et possède un débattement maximal compris entre -40° à +70° (en fonction du type d'arme utilisé). La tourelle dispose d'une stabilisation gyroscopique sur deux axes et sa structure peut être dotée d'une protection balistique de niveau 1 ou 2 (conformément au STANAG 4569). Le module de visée associé dépend également des besoins du client. La station de contrôle associée est facile d'accès et simple d'utilisation grâce à un joystick ou à une manette. Le Sea deFNder est donc une arme particulièrement adapté aux clients qui chercheraient des solutions efficaces pour moderniser l'armement de leurs bâtiments. La marine belge utilise d'ores et déjà cette tourelle.
La firme allemande, située dans le hall principal à proximité des grands industriels français et italiens (Thales, Finmecanicca, DCNS), exposait de nombreux matériels parmi lesquels :
Rheinmetall
Le système AIRONE est en mesure de lancer à environ 60 mètres des grenades pour neutraliser des nageurs de combat. Il est équipé de quatre tubes de 78 millimètres de diamètre, écartés d’une vingtaine de degrés, pour couvrir une zone importante. Le nombre de lanceurs dépendra de la configuration du bâtiment de surface ou de la zone à protéger. Les grenades DC103, mises en œuvre par le système, sont propulsées par une charge à poudre et sont également produites par Rheinmetall.
Le Brésil était particulièrement bien représenté lors de cette édition grâce à un pavillon national où était regroupé près d'une dizaine d'entreprises, dont les chantiers navals Emgepron. Cette société présentait pour la première fois la maquette d'un nouvel OPV baptisé NaPaOc-BR (Navio Patrulha Oceânico-BRasil).Cet OPV est le premier développé entièrement au Brésil par le bureau d'études de la marine du pays. Sa mission principale est la surveillance des eaux de la zone économique exclusive brésilienne. Déplaçant 2000 tonnes pour une longueur de 103 mètres, cet OPV, prévu pour 125 membres d'équipage, peut atteindre la vitesse maximale de 25 nœuds et dispose d'une autonomie de 4 000 nautiques (à une vitesse de 12 nœuds). La propulsion de ce bâtiment est de type CODAD1. Sur le pont arrière, la maquette présentait une plateforme pour un hélicoptère. Les systèmes de communication et de détection ne sont, pour l'instant, pas encore précisés. Il semble cependant acquis que l'OPV sera au moins armé de deux mitrailleuses de 20 mm et d'un canon de moyen calibre. Emgepron espère décrocher, dans les années à venir, son premier contrat de construction pour la marine brésilienne.
Sources : État-major des armées
Droits : Ministère des Armées