Bientôt finie la multitude d’antennes sur la plateforme d’un navire ? Adieu les perturbations électromagnétiques lorsque tous les systèmes de défense et surveillance sont en action ? C’est en tout cas les enjeux de l’étude amont Topside Intégré présentée à Euronaval 2014 sur les stands de la DGA et des deux industriels partenaires, DCNS et Thales Air Systems.
Radars de surveillance, systèmes de conduite de tirs et de navigation, optroniques, télécommunications, équipements IFF… les bâtiments de guerre fortement armés sont dotés de pas moins d’une dizaine de senseurs. Ils sont les yeux et les oreilles du navire ! Et pour lutter contre les menaces modernes, ils doivent être constamment en marche et capacité maximale. Oui, mais voilà, « aujourd’hui, lorsque les forces à bord veulent utiliser un maximum de ces équipements simultanément, cela occasionne des perturbations électromagnétiques. Résultat : il est parfois nécessaire de mettre en place des systèmes de désensibilisation synchronisée ou même de les faire fonctionner en alternance », explique Alain Bambouvert, manager études amont à la DGA. Sans compter qu’à chacun de ces dispositifs est associée une antenne dédiée. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes d’encombrement sur la plate-forme !
Des antennes planes intégrées aux superstructures
Voilà pourquoi la DGA a attribué fin 2012 aux deux industriels français DCNS et Thales Air Systems, dans le cadre d’un programme d’études amont (PEA), l’étude Topside Intégré, présentée au salon Euronaval 2014. « L’objectif ? Imaginer un concept qui permettrait d’optimiser l’utilisation simultanée d’un maximum d’équipements sur les bâtiments de guerre de 1er rang sans interférences électromagnétiques. Une piste prometteuse est d’ intégrer directement dans les superstructures du navire de nouvelles antennes », poursuit Alain Bambouvert. Comment les équipementiers peuvent concevoir ce Topside dès la construction du navire ? Comment passer d’éléments tournants et encombrants à des antennes planes qui épousent la forme des navires ? Comment plusieurs senseurs peuvent se partager une même antenne et fonctionner de façon coopérative ? Quels matériaux composites utilisés pour le Topside afin de permettre un découplage électromagnétique des différentes antennes ? Comment décupler par la même occasion la performance des radars ?... autant d’aspects abordés dans cette étude.
Équipement de futurs bâtiments à l’horizon 2030
Où en est-elle actuellement ? « Une première esquisse d’intégration des senseurs a été réalisée sur un bâtiment de fort tonnage (6 000 t) et fortement armé, indique Alain Bambouvert. D’ici à 2017, nous disposerons d’un certain nombre de résultats supplémentaires. À cette échéance, nous verrons s’il est nécessaire d’approfondir certains points et de fabriquer un démonstrateur pour « dérisquer » cette approche, ou si les industriels sont prêts à passer directement à l’industrialisation. » Et à l’horizon 2030, ce concept pourrait équiper de futurs bâtiments de 1er rang de la marine nationale.
Cette étude amont illustre la volonté de la DGA de soutenir la recherche et les technologies pour préparer nos futurs systèmes de défense. Elle finance chaque année un large spectre de projets, des études de concept jusqu’aux essais de prototypes, qui répondent tous à une même finalité : « anticiper les besoins opérationnels de nos forces et préserver leur avancée technologique », conclut Alain Bambouvert.