Le diplôme de master 2 professionnel de droit public a été remis, le 2 février dernier, à la promotion 2010 dans les salons de la Sorbonne. Impressions et ambitions au sortir d'une année de formation intense, créée il y a trois ans par la direction générale de l'armement (DGA) et l'université Paris I Panthéon Sorbonne.
Prométhée enchaîné, symbole du passé, à droite, Prométhée délivré, symbole de l'avenir à gauche, les peintures de Benjamin Constant s'imposent, magistrales, dans le Grand salon de la Sorbonne. Cette métaphore de l'apport de la connaissance aux hommes, incarne l'instant de rupture qui règne en ces lieux. Car rien ne sera jamais comme avant pour ces 33 lauréats de la troisième session du master 2 professionnel de droit public.
Aujourd'hui sereins, les ingénieurs civils et militaires de la direction générale de l'armement, officiers supérieurs des armées et services, industriels de défense, ayant entre 10 et 20 ans d'expérience professionnelle, connaissent l'enjeu de cette récompense. Ils sont préparés à occuper des postes à haut niveau de qualification et de responsabilités dans le domaine de l'armement et de la défense. « Il y a trois ans, nous sommes partis d'un besoin de la DGA très pragmatique de suppléer l'enseignement militaire du second degré. Au départ l'ambition était modeste et nous avons gagné le pari de le transformer en master d'excellence » confie Jean-Claude Colliard, président de cette université. Pour le directeur des ressources humaines de la DGA, Alain Guillou, « si la genèse de ce master est l'histoire de rencontres entre personnes issues de la Défense et de l'université, c'est également une formation symbolique, de par son contenu, sa composition, son ambition de formation et d'égalité des chances ». Cette formation de l'enseignement militaire supérieur du second degré (EMS 2 Armement) « préfigure le besoin en cadres de demain avec une vision très interministérielle et s'ouvre au reste de l'administration. Cette dernière se réforme et nécessite des cadres plus innovants, forces de proposition, qui fassent bouger les lignes et preuves d'initiatives » explique-t-il.
Pierre le Mire, professeur et directeur de cet enseignement, précise ainsi les axes de réflexion de cette année d'études : « centrées sur trois domaines : l'administration publique et la gestion des marchés, les communautés d'action en particulier dans le domaine de la défense et la géostratégie ». La première approche « administration et gestion publique» est dispensée par Paris I Panthéon-Sorbonne, les enseignements complémentaires sont organisés par DGA Formation. En complément des cours, les auditeurs ont eu la possibilité de suivre un cycle de conférences et de visites pour approfondir leur connaissance tant du ministère de la Défense que des institutions internationales traitant de défense et d'armement. L'association du master 2 et de ce complément constitue le « cycle de l'enseignement supérieur de l'armement » (CESAr). Si les candidats à cette formation sont issus des corps de l'armement, des armes, des gens d'industrie et d'autres personnes du monde syndical et social, ils vivent une année intense qui leur permet de regarder le monde d'un œil différent et leur fait prendre un nouveau départ. Et Alain Guillou d'ajouter : « Nous avons voulu faire de ce master une chance nouvelle pour des gens qui n'avaient pas les diplômes de master 1, comme certains lauréats ouvriers. Cette formation est un moment de mise en concurrence qui nécessite un effort de reprise d'études. Elle est aussi une compétition pour que nos engagements respectifs progressent vers plus d'efficacité.»
Confortant cette alliance réussie des valeurs communes entre la DGA et la Sorbonne, le recteur Jean-Claude Colliard accole à ce master une nouvelle ambition : « le projet de création d'un centre de recherches de la Défense qui sera installé dans un endroit nouveau de l'université de Paris I, l'ancienne caserne Lourcine, héritière de l'histoire des troupes de marine.»
Comme un dernier clin d'œil aux symboles, trône face à la loge d'honneur du péristyle de la Sorbonne, la statue de la République, entourée d'une ruche, d'une corne d'abondance, d'une pile de livres, l'épée inclinée vers le sol dans la main droite, une petite effigie de Minerve dans la gauche. Elle assiste, médusée, aux derniers échanges prometteurs de ces lauréats et des nouveaux étudiants 2011, issus des corps et industries de défense. La relève est assurée.
Combien d’heures de cours représentaient votre formation ?
Entre janvier et octobre, la formation est d’une à deux journées de 8 heures de cours magistraux par semaine, avec un important travail personnel. Pour l'obtention du diplôme, la notation porte sur 12 examens de 3 à 4 heures regroupés en deux sessions en juin et octobre. La dernière partie, comptant pour 1/5e dans le résultat, est le mémoire, effectué selon des règles académiques nécessitant une extrême rigueur. J’ai choisi le mien sur « Les outils du droit pour la résolution des conflits liés à la prédation du diamant en République démocratique du Congo ».
Aspirez-vous à une évolution de vos fonctions grâce à ce diplôme ?
Bien entendu, cette nouvelle compétence a pour objectif d'être valorisée au sein de la DGA. Rappelons que j'ai eu la chance d'avoir l'opportunité de réaliser cette formation, ouverte à un petit pourcentage de cadres civils, mais essentiellement intégrée au cursus des cadres militaires. Pour l'heure, mon ancien poste de responsable métier du pôle Essai, aujourd'hui intégré dans les pôles techniques de la DT, arrivait à échéance à l'issue de l'année 2010, conjointement avec la fin de la formation au master 2. J'occupe donc dorénavant un poste de manager au sein de la DO (UMTER) ce qui est un retour au domaine terrestre pour lequel j'ai travaillé dans le passé à l'ETAS d'Angers. Pour la suite de ce poste, la discussion sera à voir avec la RH dans quelques temps...
Vous êtes six femmes sur 28 lauréats, est-ce que cette formation est difficile à conjuguer avec la vie professionnelle et personnelle ?
Tout est une question d'organisation. Personnellement, le plus difficile était de gérer plusieurs responsabilités professionnelles à la fois ; en tant que manager pour la direction internationale d'un côté et de l'autre en tant que soutien à la direction technique et la direction de la stratégie pour les actions de coopération internationale. D'autant que le défi pour le choix de nos mémoires préconise de s'éloigner de son domaine de prédilection. J'ai donc opté pour le sujet proposé sur « la diplomatie parlementaire ».
Avez-vous bénéficié d'une aide spécifique de la part de la DGA ?
Non, pas du tout et c'est vraiment le challenge de cette formation. On part seul, tant du point de vue du suivi des cours que de celui du travail de recherche. Je me suis donc formée sur le tas.
Quelle a été la plus-value pour vous ?
J'ai été au contact des parlementaires et j'ai eu accès à un autre monde, une ouverture nouvelle à d'autres horizons... J'ai rencontré une sénatrice qui s'est montrée intéressée par les conclusions de mon mémoire.