La direction générale de l’armement (DGA) a livré les premiers équipements Félin aux forces. Démarrée le 4 octobre 2010 à Sarrebourg en Moselle, cette première campagne de dotation s'est achevée le 10 novembre dernier. Une opération de distribution qui demande de gros moyens tant logistiques qu'humains et se déroule selon une procédure particulière sous l'égide du 1er régiment d'infanterie avec l'appui de l'équipe de programme intégrée (EDPI), du service de la qualité (SQ) de la DGA et de l'industriel.
18 semi-remorques, 520 palettes, 30 tonnes de matériels. La première dotation du Félin dans les forces est une véritable petite entreprise à elle toute seule. « Tout le stock d'équipements est entreposé dans un immense hangar dédié, explique Laurent Barraco, directeur du programme Félin à la DGA. La zone de distribution est séparée en trois parties. Dans la première, les fantassins du 1er régiment d'infanterie de Sarrebourg, ou des autres unités à équiper, perçoivent leurs articles 'à tailles' tels que les textiles, le casque ou les chaussures de nouvelle génération. Dans la deuxième, leurs armements. Enfin, la troisième partie est réservée à la mise en condition du système Félin complet et la vérification de bon fonctionnement. Alimentés par batteries, ceux-ci sont le cœur névralgique du système. »
Une vague tous les trimestres jusqu'en 2015
Chaque équipement Félin est composé d'environ 90 articles. Avec 1 009 soldats à équiper pour un régiment, la dotation du 1er RI de Sarrebourg représente un peu plus de 90 000 articles à délivrer en trois mois. « Notre calendrier prévoit une vague de dotation par régiment tous les trimestres, précise Laurent Barraco. Fin 2015 nous aurons livré les 22 588 Félin commandés pour les forces. Après un mois d'expérience sur les premières distributions nous avons constaté que ce rythme était totalement objectif. » Les taux de rebuts lors de cette phase sont en outre restés tout à fait acceptables : moins de 0,7% des livrables ont été retournés à l'industriel Sagem. Un constat effectué à l'issue d'une procédure d'acceptation et de livraison quelque peu atypique. A équipement exceptionnel, procédure personnalisée.
Le Félin, c'est 24 sous-systèmes modulaires. Les plus significatifs : les lunettes d'armes pour Famas, la radio, le système d'information terminal du combattant débarqué, le gilet de protection balistique, le gilet électronique ou encore les jumelles de vision nocturne. Ceux-ci sont classés en cinq catégories de fonctions opérationnelles : agression, observation, protection, mobilité et soutien. Tout est pensé pour s'adapter au panel de missions du régiment. « Sagem, équipe pluridisciplinaire de programme (EPDP) et service de la qualité (SQ), nous sommes tous les trois présents lors des opérations de perception, indique Laurent Barraco. Nous accompagnons ainsi les forces dans leur première prise en main du Félin. De plus, comme n'importe quelle fourniture de Défense les articles ont été recettés individuellement par le SQ chez l'industriel, cependant certaines ultimes vérifications doivent être effectuées lors de la dotation. Notamment en ce qui concerne le gilet électronique. » Ce n'est en effet qu'au moment de la perception effective par le fantassin que le système complet est testé.
Dans la foulée, le gilet électronique est monté in situ avec mise à jour de son logiciel. « C'est lui qui porte et alimente les éléments vitaux du système, commente le directeur de programme. Outre les deux batteries, il est équipé du calculateur, de la radio, le GPS, de l'interface homme-machine (IHM), etc. Le processus se termine par une phase de vérification de bon fonctionnement qui dure 15 minutes par système. » Grâce à lui chaque fantassin peut sortir du hangar avec un équipement entièrement validé avec son concours.
« On était des poilus, on entre dans l'ère moderne ! » Cette remarque entendue au fil de la perception des premiers Félin par les fantassins du 1er régiment d'infanterie de Sarrebourg résume assez bien l'état d'esprit qui anime les forces au moment de prendre en main le nouvel équipement. « Globalement l'appréhension est largement positive, indique Laurent Barraco. Ils trouvaient le système bien pensé en terme d'ergonomie et estimaient qu'il avait été bien testé pour arriver à ce résultat. » Des tests dont ils ont une parfaite connaissance puisqu'ils ont été effectués l'an dernier avec eux lors d'une longue évaluation technico-opérationnelle (EVTO). Celle-ci avait alors impliqué quatre unités différentes de l'armée de terre. Elle avait notamment conduit à la redéfinition du gilet électronique ou du sac de combat.
Désormais équipé, le 1er RI va s'approprier le système innovant de haute technologie. De son côté, le 13e bataillon de chasseurs alpin de Chambéry, deuxième régiment à percevoir Félin, dès janvier 2011, va entamer une expérimentation tactique sur terrains d'entraînement afin de valider les concepts d'emploi du Félin. « Il sera alors prêt pour une première projection, se réjouit Laurent Barraco. Celle-ci pourra donc intervenir fin 2011. Selon la philosophie engagée : quand on félinise un théâtre opérationnel, il reste ensuite félinisé. Avec la section numérisée, on boucle la chaîne de la NEB*. » Doté de plus grandes capacités, mieux protégé et plus efficace, le fantassin effectue dès aujourd'hui ses premiers pas dans une nouvelle ère.
*NEB : numérisation de l'espace de bataille